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Formation : Au-delà de la formalité

Par Nabil Adel M. Adel est chef d'entreprise, consultant et professeur d’Économie, de stratégie et de finance. Il est également directeur général de l'Institut de Recherche en Géopolitique et Géo-économie à l'[email protected]

Formation : Au-delà de la formalité
Les plans de formation intègrent très peu de nouveaux thèmes, faute d’ingénierie adéquate et par manque de budgets.

La formation en entreprise est souvent réduite à la participation à des séminaires ou à de la formation en ligne, auxquelles des budgets plus ou moins importants sont consacrés. En dépit de ces efforts, le retour sur investissement est rarement mesuré et quand il l’est, rares sont les dirigeants qui en sont satisfaits. Et pour cause, les contenus sont souvent trop génériques, les profils de formateurs insuffisamment pointus et les rythmes de formation mobilisent inutilement les collaborateurs.

Des blocages persistent !

Les dirigeants sont confrontés à une double contrainte : celle de faire évoluer constamment les compétences de leurs collaborateurs (au risque de les voir partir ailleurs) et celle de maintenir un niveau de service minimal pendant leurs absences (sachant que tous ne peuvent pas s’offrir le luxe de dédoubler les postes de travail). Ils sont donc rarement satisfaits du retour sur investissement par rapport au sacrifice consenti. Si jusqu’à très récemment la formation était perçue, par certains patrons, comme un danger pour l’entreprise, car elle la viderait de ses collaborateurs qui iront chercher ailleurs, une fois bien formés, aujourd’hui il y a une conscience quasi générale de son importance, en tant que levier de performance de l’entreprise et, paradoxalement, de fidélisation et d’épanouissement de ses talents. Toutefois, l’exercice est devenu, au fil du temps, routinier et se limite, dans la plupart des cas, à la participation à des séminaires en présentiel ou en e-learning. Les besoins exprimés et les réponses apportées ne sortent pas du cadre classique des plans annuels de formation qui se suivent et se ressemblent. Ainsi, au lieu d’être un levier de performance de l’entreprise, la formation est devenue une tâche souvent désagréable, à laquelle sont astreints collaborateurs et directions des ressources humaines.

Des rythmes de formation inadaptés

Un constat premier s’impose sur les dispositifs actuels de formation, à savoir l’inadaptation des durées aux contraintes de l’entreprise. Ainsi, il n’est pas rare de constater pendant les séminaires que les participants continuent à répondre aux sollicitations de l’entreprise, réduisant ainsi considérablement le bienfait de la formation pour eux. Quand celle-ci a lieu dans les locaux de l’entreprise, c’est encore pire ! C’est là où réside l’un des principaux défis pour les responsables de formation, à savoir concilier des formations demandant de la concentration et les besoins de service qui exigent, dans la plupart des cas, la présence physique du participant. Il est donc temps de considérer des formations plus courtes, plus ciblées et à l’attention d’un public très restreint et homogène. Passer deux jours de formation sur un module, où on n’est concerné réellement que par un chapitre ou deux, est une phase de l’histoire de l’apprentissage dans l’entreprise qui est en train de faire son temps.

Des contenus stéréotypés

Les thèmes de formation proposés ne sont pas en reste. Ils sont souvent les mêmes et se répètent d’année en année. Les plans de formation intègrent très peu de nouveaux thèmes, faute d’ingénierie adéquate et par manque de budgets. Il suffit, pour s’en convaincre, de constater que les catalogues des cabinets spécialisés proposent, dans leur grande majorité, les mêmes thèmes (ceux qui se vendent le plus). Or bien souvent, après quelques années d’exécution des plans de formation, l’entreprise a fait le tour des thèmes usuels et ses collaborateurs expriment désormais le besoin de consacrer le peu de temps qu’ils peuvent dédier à la formation (compte tenu de leurs charges de travail) à des sujets plus sophistiqués. Dès que l’entreprise dépasse cette phase primaire de formation et s’oriente vers des thématiques plus pointues, elle est souvent confrontée à la rareté des profils de formateurs pouvant satisfaire convenablement ses exigences, et quand elle les trouve, elle doit faire face à la cherté de leurs honoraires. Les délais et la lourdeur administrative de remboursement des frais de formation par les autorités ne règleront certainement pas ce problème de sitôt. Les responsables de formation doivent donc explorer les possibilités offertes par les nouvelles technologies de l’information. Celles-ci offrent des solutions assez innovantes aux problèmes classiques de formation, en mutualisant les coûts et en diversifiant les contenus pour des publics se comptant en plusieurs millions de bénéficiaires. Des sites spécialisés offrent des séminaires d’excellente qualité, animés par de grands spécialistes à partir de 10 dollars par séminaire et par collaborateur. Elles offrent, en outre, une grande flexibilité dans les rythmes d’apprentissage et dans la diversification des outils pédagogiques.

L’entreprise est le meilleur site de formation

Les réflexes classiques de formation sont centrés sur l’acquisition à l’extérieur de l’entreprise des savoirs nécessaires à l’amélioration de la compétence des collaborateurs. Or on oublie souvent que le meilleur enseignement dont puisse profiter un collaborateur est celui prodigué par ses collègues ou par ses superviseurs. Les dirigeants doivent donc veiller à ce que le lieu de travail se transforme en un gigantesque atelier permanent d’apprentissage et d’acquisition des connaissances. Ils doivent, de ce fait, privilégier dans les recrutements non seulement les salariés compétents, mais ceux qui ont la capacité et la patience de transmettre cette compétence. De même, l’entreprise doit investir dans la formalisation (culture de l’écrit) et la diffusion (culture du partage) des compétences individuelles acquises par les formations dont elle fait bénéficier ses salariés, créant ainsi un effet multiplicateur à l’échelle de toute l’organisation. Pour ce faire, elle doit passer d’une logique de séminaires de groupes à de la formation-accompagnement individualisés, visant l’acquisition de compétences spécifiques, qui seront ensuite consignées et déployées à toute l’entreprise. Il est grand temps de considérer la formation pour ce qu’elle est : le moyen d’acquisition collective du savoir et non la participation à des séminaires par des individus.

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