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Grève chez Centrale Danone : enfin une issue ?

Alors que les foyers de tensions se sont réduits, Centrale Danone et les syndicats se montrent optimistes sur l'issue que doit connaître le mouvement social qui a agité plusieurs sites du groupe agroalimentaire. Après des réunions marathoniennes mercredi et jeudi, les deux parties semblaient s'acheminer vers une solution dans le conflit, né suite à l'adoption début 2017 du plan de réorganisation de la force de vente.

Grève chez Centrale Danone : enfin une issue ?
Le mouvement de grève aurait touché 7 sites dans 3 villes (Rabat, Casablanca et Tanger), selon Centrale Danone, alors que l’UMT avance des grèves également à Meknès, Agadir, Oujda, Salé et El Jadida.

Apaisement dans le conflit opposant Centrale Danone à ses employés ? Les représentants syndicaux et la direction du groupe devaient signer, hier, un accord en présence des autorités locales à Casablanca. À l’heure où nous mettions sous presse, aucun arrangement n’avait encore été paraphé, déclare au Matin-Eco Samia Kabbaj. La secrétaire générale de Centrale Danone nous a toutefois assuré que les discussions étaient sur la bonne voie pour un retour à la normale «sous peu».

La veille, mercredi 19 juillet, une réunion marathonienne avait eu lieu à Casablanca jusqu’à 2 heures du matin, à en croire Ahmed El Adham, responsable du secteur agroalimentaire au sein de l’Union marocaine du travail (UMT). Les parties auraient ainsi négocié pendant près de 6 heures pour mettre fin à une grève qui dure depuis plusieurs jours dans différents sites et villes : 7 sites dans 3 villes (Rabat, Casablanca et Tanger), selon Kabbaj. À en croire El Adham, d'autres villes (Meknès, Agadir, Oujda, Salé et El Jadida) ont connu également des débrayages. Une information démentie par la Secrétaire générale de Centrale Danone qui affirme que «seulement 3 villes sont concernées par des protestations relatives au projet de transformation de la force de vente. Dans quelques villes, nous avons connu d’autres problèmes qui ont été résolus», souligne Kabbaj. La pomme de discorde entre l’entreprise spécialisée dans les produits laitiers et certains de ses salariés tient en un seul mot : le projet «Tarek». Ce projet initié début 2017 vise la transformation de la force de vente et de logistique au niveau national. Il a pour objectif «un meilleur système de distribution, avec une professionnalisation des équipes, un renforcement des compétences commerciales et une meilleure efficacité opérationnelle», selon Centrale Danone.

«Panne de croissance»

Selon le management, ce plan s'imposait du fait de la panne de croissance que connait l'entreprise ces dernières années, le modèle de distribution ayant montré des limites. C'est ainsi que «Tarek» a été adopté par le comité d’entreprise et la commission intersyndicale le 12 janvier 2017 et concrétisé par la signature d’un protocole d’accord, le 17 avril, par les trois syndicats représentés en l’occurrence, la Confédération démocratique du travail (CDT), l’UMT et l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), explique le groupe. Or, quelques mois après l’implémentation de ce chantier, un mouvement social éclate. Une partie des employés revendique alors le retour à l’ancien système, soutient l'UMT. Motif : «Tarek» aurait induit une baisse des rémunérations, une réduction de l’effectif pour la distribution et une augmentation de la charge de travail. Autant d’éléments avancés par El Adham pour justifier les multiples sit-in. «Centrale Danone vit une crise ces 4 dernières années. Pour réduire ses charges, elle a voulu tailler dans les salaires, déjà très faibles, des revendeurs. Plusieurs ne sont pas titularisés, beaucoup sont intérimaires et dépendent des commissions qui atteindraient en moyenne 9.000 dirhams par mois.

Ces commissions ont été soit supprimées ou réduites de 2.000 à 3.000 DH, impactant gravement les revenus des revendeurs», nous détaille El Adham. «Faux» ! répond Kabbaj. «Déjà, il ne s’agit pas d’une économie ou optimisation de la force de vente. Ce projet se veut un accélérateur de croissance. Nous avons atteint une croissance horizontale avec une couverture sur tout le territoire marocain, fournissant près de 78.000 épiciers. Aujourd’hui, nous ciblons une croissance par point de vente. La force de vente a été réorganisée à coup de formation et d’accompagnement. Le système de commission sera dorénavant basé sur les objectifs de ventes. C’est un système méritocratique et équitable», rétorque Kabbaj. Selon elle, le nombre de personnes accompagnant les revendeurs n’a pas été réduit comme avancé par El Adham. Quoi qu’il en soit, ce projet de transformation ne sera pas abandonné. Les protestataires exigeant sa suppression sont avertis.

«Des expériences pilotes dans les villes de Tanger, Marrakech et Larache donnent des résultats encourageants de 6 points de croissance après plusieurs mois de recul des ventes», avance Centrale Danone pour prouver le bien-fondé de sa nouvelle réorganisation. Al Adham ne l'entend pas de cette oreille. Il avance qu'un nouveau protocole d’accord sera signé entre les syndicats et la direction générale afin d'apporter quelques modifications notamment en termes d’objectifs commerciaux et de conditions de travail. De même, les intérimaires auraient des contrats à durée déterminée (CDD) et plusieurs employés seraient titularisés, nous confie-t-il. Des propos qui n’ont été ni infirmés ni confirmés par Centrale Danone qui réitère le maintien de son plan de réorganisation. Quel coût pour cette grève ? Kabbaj indique qu'il est encore tôt pour l'évaluer. Tout en reconnaissant un impact sur le chiffre d’affaires, elle assure que le groupe «se rattrapera».

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