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Grosse déception dans les milieux économiques

Le programme gouvernemental présenté mercredi par le Chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, devant les deux Chambres du Parlement, fait dans la continuité, selon des économistes. La maîtrise du déficit budgétaire est à la portée, vu le retard dans l’investissement public, la croissance dépend toujours du climat, en l’absence d’une vraie industrialisation et la maitrise des équilibres primera la croissance.Décryptage.

Grosse déception dans les milieux économiques
La croissance dépend toujours du climat, en l’absence d’une vraie industrialisation, selon les économistes.

La montagne aurait-elle accouché d'une souris ? Le programme gouvernemental présenté mercredi par le Chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, devant les deux Chambres du Parlement réunies en séance commune, n’apporte rien de nouveau, selon des économistes que nous avons interrogés. Il fait dans la continuité du programme du gouvernement précédent et ne présente aucun relief, estiment-ils. Des économistes contactés par nos soins pour commenter à chaud ce programme n'ont montré aucune motivation à se prêter à l'exercice.
«Pas de vision, pas de stratégie globale, seulement le rappel des stratégies sectorielles qui sont déjà là, rien sur le modèle économique…». Il s’agit là d’un échantillon de remarques formulées par l’économiste Mohamed Chiguer.
Un programme où tout est présenté comme prioritaire et où certaines réformes ont été évoquées d’une manière sommaire, sans précisions, telles celles relatives à la compensation et la retraite, martèle cet économiste qui assimile cette déclaration à un simple exercice de rédaction.

Quant aux objectifs chiffrés, Mohamed Chiguer estime que l’Exécutif ne trouvera aucune difficulté à maîtriser le déficit budgétaire (3%), vu que le net retard dans la constitution du gouvernement a freiné les investissements publics ! Pour ce qui est des projections de la croissance économique (4,5 à 5,5% à l'horizon 2021), Mohamed Chiguer les juge «absurdes», puisqu’elles dépendent de plusieurs facteurs qui échappent à la maîtrise : climat, conjoncture mondiale et évolution des prix des matières premières, dont le pétrole. D'autant que, déplore-t-il, l'industrialisation du pays se fait toujours attendre, condamnant le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) non agricole à tourner autour de 3%.

Du reste, l’économiste estime que ce programme gouvernemental est plutôt en faveur du capital, au détriment du travail, ce qui risque de créer des tensions, notamment si le dialogue social n’est pas réactivé. Mais ce qui est le plus important à relever, aux yeux de Mohamed Chiguer, est que ce gouvernement reste sous la menace d’un manque de cohésion, ce qui réduit le Chef du gouvernement au rôle d'équilibriste.

Même son de cloche globalement auprès de l’économiste Nabil Adel, notamment en ce qui concerne le manque d’empreinte du nouveau gouvernement et la dépendance du climat. «C’est Benkirane III», lance-t-il. Nabil Adel relève, par ailleurs, une contradiction entre l’objectif de croissance et de maîtrise du déficit budgétaire. «Quand on veut faire de la croissance, il faut laisser filer un peu le déficit budgétaire et l’inflation», martèle-t-il, en faisant remarquer que même les pays développés ne peuvent pas réaliser ces deux objectifs à la fois. Il estime que c’est la maîtrise des équilibres qui va encore primer, le gouvernement devant continuer à se conformer aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI) au détriment de la croissance. De ce fait, juge notre économiste, l’Exécutif ne pourra pas réaliser son objectif en termes d’emplois, consistant à ramener le taux de chômage à hauteur de 8,5%.
D'ailleurs, le FMI pronostique un niveau supérieur à 9% au moins pour 2017 et 2018 (lire aussi page 22). 

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