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L’énergie et le climat sont deux questions stratégiques interdépendantes dont le Maroc est bien conscient

À la veille de l'organisation, à Bonn, de la COP 23, l'Institut royal des études stratégiques rend public un document sur l’importance du couple «énergie-climat». Un sujet qui préoccupe autant la communauté internationale qu'à l'échelle de l'Afrique. Le document attire l’attention sur le fait que le Maroc a bien pris conscience de l'importance de la question énergétique et climatique, à travers le programme de développement des énergies renouvelables et la stratégie nationale de développement durable.

L’énergie et le climat sont deux questions stratégiques interdépendantes dont le Maroc est bien conscient

Quelques jours avant le lancement des travaux la conférence de l’ONU Climat à Bonn (COP 23, 6-17 novembre), l’Institut royal des études stratégiques (IRES) vient de rendre publique un important document sur le climat dans sa relation avec l’énergie renouvelable. Dans ce document de 17 pages, intitulé «Énergie-climat: deux questions stratégiques interdépendantes, le Maroc en a bien conscience», l’IRES reprend les dangers qui menacent l’humanité et les solutions qui doivent être développées, sur le plan international, en ce qui concerne l’Afrique et tout particulièrement dans le cas du Maroc.
Évoquant la situation internationale, le document souligne que «la dimension anthropique du changement climatique actuel n'est plus en débat. Les gaz à effet de serre d'origine humaine contribuent fortement au réchauffement climatique, notamment le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4) dont les durées de séjour dans l'atmosphère sont respectivement de 1 siècle et de 12 ans ; les molécules de méthane piègent, toutefois, environ 30 fois plus de chaleur que celles du gaz carbonique». Sur un ton alarmiste, l’IRES rappelle que pour avoir une chance de limiter le réchauffement à 2°C d'ici les années 2081-2100, il faudrait que les émissions totales de CO2 à cette date ne dépassent pas 2.900 gigatonnes.

Or, entre 1870 et 2011, les deux tiers de ce total ont déjà été émis et, au rythme actuel d'émission, cette limite sera atteinte en 2040, selon le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). «D'où la nécessité de maîtriser rapidement les sources de ces émissions», prévient l’IRES en s’inquiétant de la possibilité de l'aggravation de la situation du climat mondial à l’avenir.

Le document aboutit à la nécessité d'une démarche combinée de lutte contre les effets du changement climatique et ceux de l'empreinte écologique (indicateur et mode d'évaluation environnementale qui comptabilise la pression exercée par les hommes sur les ressources naturelles). Dans ce contexte, l’IRES zoome sur le rôle à jouer par la transition énergétique en tant qu'un des vecteurs de la nécessaire transition écologique, voire de la transition économique qui favoriserait «le passage d’une société fondée sur la consommation d’énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz, mais aussi uranium), dont les premières sont fortement émettrices de gaz à effet de serre, vers une société énergétiquement plus sobre, intégrant une part croissante d’énergies renouvelables dans son bouquet énergétique».
Or le document de l’IRES souligne que l'Afrique est le continent le plus menacé par le changement climatique sans y avoir contribué. Son problème se pose plus en termes d'adaptation au changement climatique qu'en termes d'atténuation, précise-t-il.

En ce qui concerne la situation au Maroc, le document parle d’un climat caractérisé par la montée de l'aridité. Il soutient que le changement climatique a de multiples répercussions sur le pays. Il cite l’augmentation des températures moyennes annuelles de 0,16°C par décennie depuis les années 1960. Il fait cas aussi de la diminution des pluies de printemps de plus de 40% et de l’accroissement de la durée maximale des périodes sèches de 15 jours, de l’intensification des phénomènes extrêmes, tels que les orages, les averses, les vagues de chaleur et de froid et des sécheresses sévères et fréquentes ces dernières décennies. Le document fait aussi référence aux perspectives attendues d’ici 2050, marquées par l’augmentation de la température (élévation, à l’horizon 2100, de la température, selon les régions, de +1 à +6°C par rapport à la période de référence 1960-1990), les précipitations en baisse d'environ 20 à 50%, en moyenne, d’ici la fin du siècle. Il est attendu également une élévation du niveau des mers marocaines pouvant entraîner, d’ici 2050, la submersion des côtes basses, une érosion côtière qui pourrait, à l'horizon 2050, emporter près de la moitié de la superficie des plages (72% à l’horizon 2100), la salinisation des estuaires ainsi que des transformations biogéochimiques. En ce qui concerne la hausse des températures dans les zones oasiennes, elles seront de l'ordre de 1 à 2,2°C, avec une augmentation du nombre de jours de vagues de chaleur estivales (de 15 à 25 jours par an).

Un prix à payer alors que le Maroc est un pays faiblement émetteur de gaz à effet de serre (0,17% des émissions mondiales), souligne l’IRES. De même, les énergies renouvelables, qui représentent actuellement près de 5% du mix énergétique national, verront leur part être portée à 14,2% à l'horizon 2025 : 7,2% pour l'énergie éolienne, 5,7% pour l'énergie solaire et 1,3% pour l'hydraulique. D’ailleurs, le Royaume s'est fixé comme objectif de porter à 42% la part des énergies renouvelables dans la puissance électrique totale installée en 2020 et à 52% à l'horizon 2030. C’est pourquoi le document est intitulé : «Énergie-climat : deux questions stratégiques interdépendantes, le Maroc en a bien conscience». Une position à défendre à Bonn dans le cadre de la COP 23. 

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