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La transparence, dommage collatéral du vote électronique ?

Fondées ou non, les accusations de piratage informatique lors des élections kényanes du 8 août ont ravivé le débat sur la pertinence du recours à des solutions électroniques pour accompagner un scrutin à l'enjeu national.

La transparence, dommage collatéral du vote électronique ?
La Cour suprême a invalidé la réélection de Kenyata évoquant des «irrégularités» dans la transmission des résultats.

Le débat n'a rien de théorique sur un continent africain où un nombre croissant de pays se tournent, ou envisagent de le faire, vers le vote électronique, ou à tout le moins une composante électronique de leurs scrutins, telles la reconnaissance biométrique des électeurs ou la transmission des résultats. À titre d'exemples, les scrutins en Namibie (2014) ou au Ghana en 2012 et 2016 avaient une forte composante électronique. Mais les élections kényanes de 2013 et 2017 pourraient inciter ces derniers à y réfléchir à deux fois. En 2013, le système informatique mis en place au Kenya pour centraliser les résultats avait failli, contraignant la commission électorale à basculer sur un système manuel. L'opposition avait dénoncé une action délibérée de sabotage. Quatre ans plus tard, les tablettes utilisées à la fois pour la reconnaissance biométrique et la transmission des résultats ont dans l'ensemble bien fonctionné. Mais l'opposition affirme que le système de transmission a été piraté et qu'un algorithme y a été introduit pour gonfler artificiellement les scores du président sortant Uhuru Kenyatta. La Cour suprême a invalidé le 1er septembre la réélection de ce dernier face à son rival Raila Odinga, évoquant notamment des «irrégularités» dans la transmission des résultats.

Comme le rappelle Steve Kremer, directeur de recherche à l'Institut national français de recherche en informatique et en automatique, l'un des piliers de tout scrutin réside dans la transparence du processus, la possibilité pour les électeurs «de comprendre le système sous-jacent». De fait, que ce soit devant la Cour suprême ou dans les journaux, juges, avocats et simples lecteurs se sont retrouvés confrontés à un vocabulaire complexe : «serveurs», «logs», «algorithmes». La tâche en devient encore plus difficile pour les missions d'observateurs chargées de surveiller le processus électoral. «Il y a des sociétés privées impliquées et cela met en jeu des intérêts distincts. Par exemple, les sociétés privées sont peut-être plus soucieuses de leur réputation que de servir l'intérêt public», a expliqué à l'AFP Marietje Schaake, la chef de la mission d'observation de l'Union européenne. Le volet reconnaissance biométrique des électeurs a, de l'avis de nombreux observateurs, bien fonctionné. Mais la transmission électronique des résultats, plus abstraite, a suscité de nombreux soupçons. L'opposition est allée jusqu'à accuser le prestataire français OT Morpho d'avoir «participé au truquage» des élections, ce que ce dernier rejette catégoriquement. Pour Véronique Cortier, directrice de recherche pour le Centre national de la recherche scientifique, le vote électronique n'est pas mort, tant s'en faut, car des solutions offrant plus de transparence sont en train d'être développées. 

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