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La vente illicite des médicaments sévit toujours

Afin d’ouvrir le débat sur la problématique de la vente illicite de médicaments et sensibiliser le grand public à ce sujet, l’École supérieure d’ingénierie de la santé et de management de projets a organisé samedi 4 mars, à Casablanca, une rencontre autour de cette thématique.

La vente illicite des médicaments sévit toujours
Même si la vente du médicament doit obligatoirement être assurée par le pharmacien, de nombreuses personnes continuent à l'acheter de façon informelle.

Le phénomène de vente illicite de médicaments persiste toujours au Maroc. En effet, même si la remise du médicament doit obligatoirement être assurée par le pharmacien, de nombreuses personnes continuent à acheter des médicaments de façon informelle, ignorant que ces médicaments peuvent être dangereux par leur composition qui n’est soumise à aucune autorisation de mise sur le marché (AMM), aucun contrôle de qualité, aucune date de péremption, ni à des contrôles des conditions de transport et de stockage. Afin d’ouvrir le débat sur cette problématique, les étudiants de l’École supérieure d’ingénierie de la santé et de management de projets (ESISMP) ont organisé, samedi dernier, une rencontre autour de cette thématique en vue de sensibiliser à ce phénomène de société.

«La vente illicite des médicaments englobe plusieurs aspects, à savoir la vente de vrais médicaments par des acteurs non autorisés, la vente de médicaments contrefaits, la vente sur le marché de médicaments dont la conservation et le transport ne sont pas conformes à la réglementation, des médicaments interdits ou sans AMM. À partir de ces éléments, émergent aussi d’autres questions comme les médicaments périmés et réétiquetés, les médicaments de contrebande, les médicaments achetés sans ordonnance en dehors des pharmacies…», affirme Wafaa Farhat Agoumi, directrice générale de l’ESISMP. Et d’ajouter : «La vente illicite de médicaments est un sujet majeur de santé publique, aussi bien au Maroc que dans les autres pays africains d’où sont issus nos étudiants. L’objectif de cette rencontre est de sensibiliser nos étudiants à cette problématique, mais aussi de leur permettre d’en saisir les contours, d’échanger et de débattre avec des professionnels intervenant d’un bout à l’autre de la chaîne du médicament».

Cet événement, qui a vu la participation de plusieurs intervenants, notamment de pharmaciens officinaux, des enseignants du droit de la santé, des représentants du Syndicat des pharmaciens de Casablanca, a été marqué par la présentation des résultats de l’enquête réalisée par les étudiants sur les réseaux sociaux et auprès des pharmaciens à propos de la vente illicite des médicaments au Maroc. «Même si le nombre de répondants à cette enquête n’est pas suffisamment significatif pour une extrapolation à l’ensemble du public marocain, ces résultats permettent de dégager une petite tendance et peuvent motiver d’autres acteurs à financer et conduire un grand sondage autour de cette question», indique la directrice de l’ESISMP.

D’après les résultats de cette enquête, réalisée auprès de 178 personnes âgées de 15 à 50 ans, 23% des répondants ont déjà acheté des médicaments de façon informelle. Près de la moitié des patients qui choisissent l’informel (47%) le font parce que le prix est généralement moins cher, ensuite on évoque la non-obligation de l’ordonnance (37%). S’agissant des lieux de vente, on trouve le marché et les particuliers en tête avec 40% chacun. 


Questions à Wafaa Farhat Agoumi directrice générale de l’École supérieure d’ingénierie de la santé et de management de projets

«Toutes les parties prenantes sont appelées à fournir plus d’efforts en matière de contrôle des médicaments
afin d’éradiquer ce phénomène»

Quel danger court un citoyen qui prend ce genre de médicaments ?
Pour le citoyen, acheter ou consommer des médicaments vendus de façon illicite, c’est courir un risque de santé immédiat (intoxication, résistance aux antibiotiques ou même le décès). Il faut savoir qu’un médicament vendu en officine, sous la responsabilité d’un pharmacien, respecte des conditions drastiques en termes de conception, de transport, de conservation et bien sûr de dispense, ce que l’on ne retrouve pas quand les médicaments sont vendus en dehors du circuit officinal. Souvent, des patients utilisent des médicaments n’ayant pas reçu d’AMM (autorisation de mise sur le marché). Les pouvoirs publics (DGSN, Douanes…), le ministère de la Santé et les instances telles que l’Ordre des pharmaciens doivent être responsables du contrôle. Toutes les parties prenantes sont appelées à fournir plus d’efforts en matière de contrôle des médicaments afin d’éradiquer ce phénomène.

Savez-vous d'où proviennent ces médicaments vendus de façon illégale ?
Là encore, ce sont des acteurs tels que la Douane, la DGSN, l’Ordre des pharmaciens qui sont les plus à même de répondre avec précision à cette question. Je peux néanmoins vous dire qu’au niveau international, et cela s’applique aussi en partie au Maroc, on considère que la vente illicite des médicaments se fait sur Internet (d’après l’Organisation mondiale de la santé, 50% des médicaments vendus sur Internet sont contrefaits, même si ce phénomène reste marginal au Maroc), dans de petits laboratoires clandestins, parfois dans des associations de malades, ou alors ils proviennent de l’étranger. Au Maroc, les régions Sud et de l’Oriental sont régulièrement citées lorsqu’on parle du circuit des médicaments vendus de façon illicite. Ces régions ont besoin de toute l’aide possible pour que le Maroc ne succombe pas à ce fléau qui touche de nombreux pays africains.

Selon vous, quel est l'impact de la vente illicite des médicaments sur les pharmaciens ?
C’est une question qui intéresse en particulier nos partenaires pharmaciens. La grève du 7 mars a beaucoup à voir avec la vente illicite des médicaments. Le chiffre d’affaires des pharmaciens est impacté, tout comme leur réputation, puisqu’ils sont systématiquement associés à la question du médicament.

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