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La vision d'Emmanuel Macron à la table des dirigeants européens

L'ambitieux discours du Président français Emmanuel Macron sur l'avenir de l'Europe a constitué le mets principal d'un dîner entre dirigeants européens jeudi soir à Tallinn, à la veille d'un sommet consacré au numérique.

La vision d'Emmanuel Macron à la table  des dirigeants européens
«Tous les ingrédients sont là pour une vraie discussion», a déclaré Margaritis Schinas, le porte-parole de la Commission européenne, qui a salué «les propositions visionnaires et détaillées» du Chef de l'État français.

«Regardez notre époque, regardez-la en face et vous verrez que vous n'avez pas le choix», a lancé le Français mardi à ses pairs, à l'issue d'un plaidoyer de plus d'une heure et demie en faveur d'une Europe «à plusieurs vitesses», autour d'un couple franco-allemand consolidé. M. Macron a été le premier à prendre la parole au cours de ce dîner de trois heures, organisé au château de Kadriorg en Estonie, une ancienne résidence d'été des tsars russes devenue un musée. «Son discours constitue ensuite le point de référence pour les contributions des autres», précise un diplomate européen. «Il a volé la vedette aux autres», ajoute-t-il.

Le Président français s'était auparavant entretenu en tête à tête avec la chancelière allemande Angela Merkel, en début de soirée, pour discuter des propositions françaises de refonte de l'Union européenne, une rencontre bilatérale qui n'était initialement pas prévue.
Aux côtés de M. Macron lors du dîner, l'ensemble des Chefs d'État et de gouvernement de l'UE, à l'exception de l'Espagnol Mariano Rajoy qui a jugé «préférable» de rester à Madrid à trois jours d'un référendum interdit sur l'indépendance de la Catalogne. «Afin d'assurer un échange ouvert, franc et informel (...) nos discussions ne donneront pas lieu à des conclusions écrites», a prévenu Donald Tusk, le président du Conseil européen, qui représente les 28 États membres. «Tous les ingrédients sont là pour une vraie discussion», a promis mercredi Margaritis Schinas, le porte-parole de la Commission européenne, qui a salué «les propositions visionnaires et détaillées» du Chef de l'État français.

Parmi ses nombreuses suggestions : la création d'un gouvernement économique de la zone euro, avec un ministre et un budget propres, contrôlés par un Parlement, ou encore une force commune d'intervention européenne pour 2020. La chancelière Merkel, à qui Emmanuel Macron a proposé «un partenariat nouveau», est particulièrement attendue sur ces questions. Plutôt ouverte à «la passion européenne» du Français, sa victoire étriquée aux législatives dimanche la contraint à conclure un accord de gouvernement avec les Libéraux du FDP, opposés eux aux idées de Paris sur la zone euro.
La vision française d'une Europe «à plusieurs vitesses» semble par ailleurs en décalage avec celle du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, plutôt favorable à une Europe soudée, telle qu'il l'a défendue dans son discours-programme sur l'état de l'Union, mi-septembre. «C'est vrai que je ne pense pas exactement comme M. Macron. Ma préférence, ce sont 27 États membres qui agissent ensemble et qui avancent ensemble», plaidait M. Juncker la semaine passée.

La Première ministre britannique Theresa May a participé elle aussi au dîner, alors que le Royaume-Uni n'avait pas été convié aux précédentes rencontres informelles sur l'avenir de l'UE en Slovaquie, à Malte et en Italie. Elle a rencontré ses homologues européens quelques heures à peine après la conclusion d'un nouveau cycle de négociations sur le Brexit à Bruxelles. «Des pas en avant décisifs» ont été faits, mais il reste encore du travail, ont résumé les négociateurs de l'UE et du Royaume-Uni lors d'une conférence de presse à la mi-journée. Le négociateur de la Commission européenne, Michel Barnier, a notamment pris acte de la «nouvelle dynamique» instillée par le discours de Theresa May vendredi dernier en Italie en faveur d'un Brexit «soft».

Au milieu de cette actualité dense, l'Estonie, qui assure la présidence tournante de l'UE pour six mois, pourrait peiner à faire exister la dimension «numérique» de son sommet vendredi, son thème de prédilection. «D'une certaine manière, le fait qu'un tel sommet se tienne est déjà un succès», relativise une source au Conseil.
Parmi les sujets en discussion : la cybersécurité ou la libre circulation des données, que ce petit pays balte à l'avant-garde sur le numérique considère comme une priorité pour l'UE. La discussion portera aussi sur une proposition française – défendue mardi par Emmanuel Macron – visant à taxer les géants du numérique, comme Apple ou Google, sur le chiffre d'affaires généré dans chaque pays européen plutôt que sur les bénéfices, afin de lutter contre l'optimisation fiscale. 

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