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Le cri d'alarme des minotiers

Vingt milliards de dirhams. C’est le chiffre d’affaires du secteur meunier au Maroc. Un secteur lucratif et stratégique pour le pays, grand consommateur de pain. Ces dernières années, l’activité serait compromise à cause du système de subvention qui crée des situations de rente, selon Chakib Alj, président de la Fédération nationale de la minoterie (FNM). Ce dernier appelle à une accélération des réformes pour limiter les dégâts et regagner la confiance des banquiers qui tournent le dos aux professionnels du secteur.

Le cri d'alarme des minotiers

Sombre tableau. Manque de visibilité, banqueroutes et licenciements. La Fédération nationale de la minoterie est sceptique sur les perspectives d'évolution du secteur meunier au Maroc. «En l'absence d’une implémentation urgente du processus de libéralisation, les perspectives pour l'année 2018 s'annoncent moroses. Des unités industrielles devraient fermer, des emplois disparaître et les banquiers prendre davantage de distance de la filière», prévient Chakib Alj, président de la FNM. Le secteur, qui emploie environ 10.000 personnes et pèse un chiffre d’affaires annuel de 20 milliards de dirhams, serait donc dans la tourmente. Et pour cause ! Un système de subvention défaillant. «Le secteur meunier connait depuis quelques années de graves difficultés du fait de la subsistance d’un système de subvention ne répondant plus à ses objectifs initiaux. Ce système de subvention, qui se traduit par d’importants contingents de farines subventionnées, ne cible aucunement les populations dans le besoin et crée aujourd’hui de fortes distorsions et des situations de rente», dénonce Chakib Alj. Selon lui, tous les opérateurs subissent cette situation, du «producteur national de blé qui ne valorise pas dignement ses efforts, à l’organisme de collecte qui n’arrive plus à composer avec les nombreuses modifications du système d’encadrement et de subvention de son activité et, enfin, à l’industriel de la transformation qui fait les frais d’une situation de surcapacité conduisant à des marges négatives», détaille le président de la FNM. Cette situation inquiète ainsi «fortement» les professionnels et leurs partenaires, notamment les banques qui se désengagent de la filière, affirme Chakib Alj.

La profession s'en remet donc aux autorités et appelle à une accélération du processus de libéralisation, qui a accusé un retard. Un retard dont les conséquences sont jugées dramatiques pour le secteur, à en croire les opérateurs. Les marges de transformation devenant souvent négatives et les financements manquants en raison de la frilosité du système bancaire, plusieurs unités ont dû mettre la clé sous le paillasson. Une soixantaine ces dernière années, sans compter celles en redressement judiciaire. «Plusieurs autres opérateurs sont menacés si l’État n’accélère pas la libéralisation», insiste le président de la FNM.

Le processus de décompensation progressif du secteur, qui se traduit notamment par la réduction du contingent des farines subventionnées, avance lentement. En 30 ans, le contingent est passé de 10 à 6,5 millions de quintaux. À l’image d’autres produits tout aussi stratégiques et sensibles, la décompensation de la farine de blé doit s’accélérer et la subvention être redéployée des circuits de la collecte et de la transformation vers l’agriculteur et le consommateur, développe la FNM.

La libéralisation que clament haut et fort les professionnels n'induira-t-elle pas une hausse du prix du pain, un produit hautement social ? «Il n’y a aucune inquiétude à avoir sur le prix du pain. La libéralisation devra renforcer une concurrence bénéfique qui passe notamment par d'importants efforts d’amélioration de la qualité et de renforcement des marques, des chantiers sur lesquels le secteur a déjà réalisé d’importantes avancées ces dix dernières années», déclare Chakib Alj. De même, rappelle-t-il, le pain dont le prix est réglementé à 1,20 dirham est aujourd’hui fabriqué à partir de la farine libre et non subventionnée. D'ailleurs, en parallèle à ce processus de libéralisation, des leviers pour protéger le consommateur sont prévus. L’objectif est de lui garantir une large offre de farines à des prix compétitifs.
Ceci devra également protéger l’agriculteur en lui permettant de mieux vendre sa récolte. «Ce processus garantit également d’importantes économies pour le Budget de l’État», avance Alj.

Quid des petits minotiers ? Pas de crainte non plus, assure la FNM. Le nombre d’emplois serait, en effet, lié globalement aux écrasements qui sont dictés par une demande nationale relativement stable. «La libéralisation assainira le secteur, favorisera une plus grande concentration, mais ne se fera pas au détriment de l’emploi ni des intérêts du consommateur ou de l’agriculteur, bien au contraire», promet le président de la Fédération. Cette dernière compte multiplier les rencontres avec la tutelle pour une accélération des réformes. 

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