L'ancien vice-Président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, dont l'éviction a provoqué le coup de force de l'armée, est rentré au pays, où les discussions se poursuivent sur l'avenir d'un Président Robert Mugabe déterminé à s'accrocher au pouvoir. M. Mnangagwa, pressenti un temps comme possible successeur du plus vieux Chef de l'État en exercice de la planète, avait fui le Zimbabwe dans la foulée de son renvoi du gouvernement, le 6 novembre, pour «manque de loyauté» envers le Président.
En exil, il s'en était violemment pris au couple Mugabe, qui se considère comme des «demi-dieux», et avait promis de «revenir» au pays pour diriger la Zanu-PF, le parti au pouvoir. Le nom de M. Mnangagwa circule avec insistance pour diriger la transition qui pourrait s'ouvrir en cas de départ de M. Mugabe. «La meilleure façon (pour l'armée) de présenter un vernis de légalité serait que Mugabe renomme Mnangagwa vice-président et qu'ensuite il se retire», estime l'analyste Derek Matyszak, de l'Institut des études pour la sécurité (ISS) de Pretoria. Selon la Constitution zimbabwéenne, le vice-président succède au président en cas de démission, de décès ou d'empêchement, jusqu'à l'organisation de nouvelles élections.
Jeudi, le Chef de l'État a toutefois catégoriquement refusé de démissionner lors d'un premier entretien avec le chef d'état-major de l'armée, le général, Constantino Chiwenga, en présence notamment de deux envoyés spéciaux sud-africains.
Nouveau signe de son refus de céder aux exigences de l'armée, M. Mugabe est apparu vendredi matin en public pour la première fois depuis l'intervention de l'armée.
Revêtu d'une toge universitaire bleue et d'une coiffe assortie, le président, qui avait lui-même confirmé être retenu dans sa résidence, a participé dans la matinée à une cérémonie de remise de diplômes à l'Université d'Harare.
Jeudi déjà, il avait posé très décontracté devant une cheminée de la présidence à côté du général Chiwenga, tout sourire, en treillis et béret, à l'occasion de leur entretien.
Dans un communiqué publié vendredi matin par les médias d'État, l'armée a précisé poursuivre les discussions avec le Président Mugabe «sur la prochaine étape».
Dans la nuit de mardi à mercredi, l'armée a pris le contrôle – sans faire de victimes – de la capitale Harare, en soutien à M. Mnangagwa, devenu l'ennemi juré de la Première dame.
L'armée a annoncé vendredi avoir arrêté plusieurs proches du Président, dans le cadre de son opération de purge au sein de la Zanu-PF, visant la faction pro-Grace Mugabe. Elle n'a pas avancé de noms. L'armée a appelé vendredi «la nation à rester patiente et pacifique le temps» de mener à bien son «opération».