Menu
Search
Vendredi 19 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 19 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Mondial de l'Automobile 2006

Les possibles développements de la crise

Envers et contre tous, Pyongyang déroule sans dévier ses programmes militaires, comme en témoigne son dernier tir en date, un missile de portée intermédiaire qui a survolé le Japon. Mais si la confrontation entre le régime de Pyongyang et les États-Unis ne date pas d'hier, la volatilité de la situation s'est aggravée avec l'arrivée d'un Président peu orthodoxe à la Maison-Blanche.

Les possibles développements de la crise

Ces deux derniers mois, Pyongyang a réussi ses deux premiers tirs de missile balistique intercontinental (ICBM), qui ont mis apparemment une bonne partie du continent américain à sa portée. Il a également menacé de tirer une salve de missiles près du territoire américain de Guam, île du Pacifique qui abrite des bases militaires stratégiques, perçue comme la tête de pont d'une invasion. Dans une tirade apocalyptique, Donald Trump a menacé de déchaîner le «feu et la colère» sur le Nord. Le tir de mardi dernier, qui a survolé le Japon, est vu comme une escalade à cause de sa trajectoire. Le Nord assure qu'il doit se protéger d'une invasion américaine. Les ICBM renforcent ses capacités de dissuasion en lui permettant de menacer des villes américaines en plus de la Corée du Sud et du Japon, deux alliés de Washington. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a annoncé d'autres tirs de missiles dans le Pacifique et il n'y a aucune raison de ne pas le prendre au mot. Pyongyang repousse les limites lentement mais sûrement. En 2016, il a tiré un missile dans la zone économique exclusive du Japon, des eaux allant jusqu'à 200 milles marins de ses côtes. Les condamnations avaient plu, mais Pyongyang a réédité la manœuvre plusieurs fois. D'après les analystes, des tirs simultanés au-dessus du Japon pourraient constituer la prochaine étape.

Pyongyang pourrait aussi allonger la distance parcourue (2.700 kilomètres mardi), sachant que Guam est à environ 3.400 km du Nord. Les experts soulignent cependant que Guam n'était en aucun cas concerné par le dernier engin. L'agence KCNA a même dit : «l'exercice n'a eu aucun impact sur la sécurité des pays voisins». C'est pour l'heure peu vraisemblable, répondent les spécialistes. Le Pentagone déploie 28.500 soldats en Corée du Sud et dispose de plans détaillés pour un conflit potentiel. Cela fait plusieurs décennies qu'il répète ces scénarios avec Séoul, comme lors des manœuvres annuelles «Ulchi Freedom Guardian». Les options vont des frappes chirurgicales limitées à une «frappe préventive» pour «décapiter» le régime. Le Nord est passé maître cependant dans l'art du tunnel. Après la guerre de Corée (1950-53), il avait creusé des passages sous la zone démilitarisée (DMZ) frontalière. Ses arsenaux nucléaires comme conventionnel sont enterrés et donc à l'abri, selon les experts. Il est hautement improbable qu'une première frappe détruise toutes ses armes nucléaires. De plus, le Nord a amassé une imposante artillerie à portée de Séoul, où vivent 10 millions de personnes. «Il n'y a pas de solution militaire, laissons tomber», avait dit l'ancien conseiller stratégique de M. Trump, Steve Bannon. Début août, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté un septième train de sanctions contre le Nord pour le priver d'un tiers de ses recettes d'exportation. La résolution a été adoptée à l'unanimité, c'est-à-dire aussi par Moscou et Pékin, principal allié de Pyongyang. L'efficacité des sanctions dépend largement du comportement de la Chine, destinataire de 90% des exportations nord-coréennes et qui n'a pas toujours respecté les résolutions de l'ONU.


Washington fait pression sur Pékin pour qu'il durcisse sa position, mais la Chine craint l'effondrement du régime nord-coréen. Washington et Tokyo sont convenus cette semaine d'augmenter la pression sur le Nord, ce qui pourrait se traduire par de nouvelles mesures unilatérales. Pékin et Moscou prônent un compromis : l'arrêt des tests balistiques nord-coréens contre l'arrêt des exercices militaires entre Séoul et Washington. Mais pour Washington, cette solution permettrait à Pyongyang de conserver des capacités inacceptables et reviendrait à récompenser les mauvais élèves. Washington émet des signaux quelque peu contradictoires. M. Trump vient de dire que discuter «n'est pas la solution», son secrétaire d'État Rex Tillerson répète qu'il veut convaincre Pyongyang de revenir à la table de négociations. Pyongyang martèle que ses armements ne sont pas négociables. D'après les analystes, il veut avoir de meilleures cartes en main lors de discussions éventuelles avec Washington. Dans les années 2000, des discussions à six (Corées, Chine, Russie, Japon, États-Unis) avaient semblé convaincre le Nord, alors dirigé par Kim Jong-Il, père du numéro un actuel, d'accepter de ralentir ses programmes militaires. Mais le processus avait tourné court en 2009. Le Nord a mené cinq essais nucléaires et affirme avoir maîtrisé les techniques de miniaturisation des têtes nucléaires et de retour dans l'atmosphère des ogives. Les questions sur ces assertions demeurent. Mais pour le professeur Koh Yu-Hwan de l'université Dongguk de Séoul, le tir de mardi est un «message clair» que le Nord n'arrêtera pas tant qu'il n'aura pas de missiles nucléaires capables de frapper les États-Unis. Le Nord est persuadé qu'il pourrait ainsi «tenir la dragée haute aux États-Unis dans toute négociation». 

Lisez nos e-Papers