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Mères célibataires, un combat pour la justice et la dignité

La société n’est pas très tendre avec les femmes célibataires. La loi non plus. Conscientes de cette réalité, beaucoup d’associations militent pour prêter assistance à ces femmes et à leurs enfants. «Solidarité féminine» en est une. Elle combat pour la réhabilitation sociale et juridique des victimes.

Mères célibataires, un combat  pour la justice et la dignité
L’enfant non reconnu par son père n’est toujours pas accepté par la société et souffre, avec sa mère, tout au long de sa vie.

L’information a fait couler beaucoup d’encre : un juge du tribunal de la famille de Tanger a reconnu la paternité d’une enfant née hors mariage. Une première dans l’histoire du Maroc. Selon les médias, une femme avait porté plainte fin 2016 pour la reconnaissance de paternité de son bébé née hors mariage et réclamait une pension au père biologique. Ce dernier avait déjà été condamné en mars 2016 à un mois de prison ferme pour «débauche». Les relations sexuelles hors mariage étant considérées comme un délit par le Code pénal marocain.

Si les médias marocains et étrangers se sont réjouis de cet effort jurisprudentiel, l’association Solidarité féminine, elle, est plus modérée dans ses conclusions. «La nouveauté dans ce verdict est que le juge ne s’est pas intéressé aux caractéristiques de la relation entre les deux parties. Car dans ce genre d’affaires, le juge exige en général une preuve concrète de la relation qui unit le couple, notamment fiançailles et témoins. Le tribunal ne prend pas en compte la promesse de mariage», souligne Houria Boutaybi, assistante sociale à Solidarité féminine.

Et d’ajouter : «Cette décision judiciaire est bien sûr un pas positif, mais il faut tempérer, car le jugement n’est pas encore définitif». L’assistante sociale confirme que les mères célibataires ont le droit d’engager en justice une procédure de reconnaissance de paternité, sauf que celle-ci n’aboutit pas automatiquement à un résultat positif pour la mère et son enfant. «La procédure de reconnaissance est compliquée et peut durer des années. Ce qui complique la vie de ces femmes et de leurs enfants. Certes, aujourd’hui la mère célibataire a le droit d’inscrire son enfant au registre civil, mais ce n’est pas cela l’essentiel pour elle. Toutes les mères célibataires veulent une seule chose : que les pères biologiques reconnaissent leurs enfants, quitte à les abandonner ensuite. Parce qu’un enfant abandonné est mieux loti qu’un enfant non reconnu dans cette société», s’indigne l’assistante.

Cette dernière précise que l’enfant non reconnu par son père n’est toujours pas accepté par la société et souffre, avec sa mère, tout au long de sa vie. Il est rejeté par tout le monde : la famille de sa mère, l’école… «Même si la mère suit les formations que nous proposons et bénéficie du soutien moral et psychologique offert par l’association, elle finit toujours par retomber dans la dépression et l’angoisse. La société est impitoyable et l’enfant portera les stigmates de ce rejet tout au long de sa vie», regrette Houria Boutaybi.

Pour conclure, l’assistante sociale affirme que la société ne peut changer de regard envers ces femmes que si le terme de «mère célibataire» est aboli et si la loi devient contraignante pour les pères biologiques.
«On ne pourra dire que la société a changé que le jour où on n’utilisera plus l’expression “mère célibataire” pour désigner ces femmes. Et cela ne peut arriver que si l’État intervient en promulguant des lois contraignantes qui imposent aux pères biologiques la reconnaissance de leurs enfants nés hors mariage», conclut Houria Boutaybi. 

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