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Nécessité de trouver le bon deal pour le continent africain

Bouchra Rahmouni BenhidaProfesseur à l’Université Hassan Ier, elle est aussi visiting professor aux USA, en France et au Liban. Ses travaux de recherche lui ont permis d’intervenir dans des forums mondiaux et des special topics dans des institutions prestigieuses à Hong Kong, en France, au Liban, aux Emirats arabes unis et en Suisse. Elle compte à son actif plusieurs ouvrages : «L’Afrique des nouvelles convoitises», Editions Ellipses, Paris, octobre 2011, «Femme et entrepreneur, c’est possible», Editions Pearson, Paris, novembre 2012, «Géopolitique de la Méditerranée », Editions PUF, avril 2013, «Le basculement du monde : poids et diversité des nouveaux émergents», éditions l’Harmattan, novembre 2013 et de «Géopolitique de la condition féminine», Editions PUF, février 2014. Elle a dirigé, l’ouvrage «Maroc stratégique : Ruptures et permanence d’un Royaume», éditions Descartes, Paris, 2013.

Nécessité de trouver le bon deal  pour le continent africain

La vision royale d’un Maroc tournée sur son continent est au cœur de toutes les stratégies. Parmi les axes clés de ces stratégies, il y a le développement de l’entrepreneuriat ainsi que tout l’écosystème entrepreneurial nécessaire. L’exemple du Royaume sur ce volet mérite d’être mis en avant, compte tenu des programmes et des politiques mises en œuvre, qui ont porté leurs fruits et continuent à être développés. Sur le plan continental, la situation reste variable et le bon deal reste à trouver.

«L’entrepreneuriat est faible en Afrique», «les jeunes Africains n’osent pas entreprendre», «il n’y a pas une réelle culture entrepreneuriale en Afrique», tels sont les discours que nous rencontrons au gré de nos lectures sur le Net d'interviews d’hommes et de femmes politiques, faisant ainsi un plaidoyer pour inviter les Africains à s’engager dans l’entrepreneuriat et créer des entreprises susceptibles de générer des emplois. Pour autant, ces constats sont-ils valides ? Ces propos sont-ils légitimes ? Quel crédit accorder à ces discours ?
De manière globale, une économie est structurée autour de deux pôles : l’échange et la production. Ainsi, le développement d’une économie dépend essentiellement de la capacité d’un pays à mener de front le développement des échanges commerciaux et du système productif. Si on devait faire un petit bilan rapide de l’Afrique de ces 20 dernières années, on constaterait que la part de l’Afrique dans les échanges reste très faible. Ce qui est encore plus préoccupant, c’est la faible part de l’Afrique dans la production mondiale des richesses qui ne dépasse pas les 3%. La croissance du PIB ne suffit pas, elle est certes rapide, mais le développement du système productif est indispensable. Un développement qui reste avant tout l’affaire des Africains et dépend directement de l’entrepreneuriat.

L’Afrique aujourd’hui représente 6% de la population du globe, mais en 2050, l’Afrique comptera 2 milliards 400 millions de personnes et le tiers de la population mondiale sera africain. Cette population sera en majorité urbaine et formulera une demande de plus en plus importante pour les services de base (alimentation, santé, logement, éducation, hygiène). Le déséquilibre entre l’offre et la demande de ce type de service existe d’ores et déjà sur le continent. Il y a un capitalisme à promouvoir en Afrique, celui du service commun. Nous avons besoin d’une génération d’entrepreneurs africains qui opèrent dans des secteurs précis pour répondre à des besoins de base de la population africaine. Ce sont des modèles d’entrepreneuriat qui nécessitent dans certains cas un partenariat public-privé très solide. Les activités doivent avoir un impact sur le social, sur la santé et sur l’humain, ce qui nécessite d’accorder une attention particulière à l’innovation sociale.
En termes d’innovation sociale en Afrique, de Cotonou à Dakar, en passant par Abidjan, Lomé, Yaoundé, Lagos, Accra, ou encore Casablanca, le continent regorge d’idées et de start-up qui sont porteuses d’espoir et veulent changer l’image du continent. Ce dernier est considéré comme la nouvelle frontière de la croissance. Qui l’aurait cru il y a 20 ans !

Actuellement, l’Afrique est qualifiée de «laboratoire de l’innovation technologique et numérique», des innovations qui peuvent contribuer à faire face aux défis de la croissance, du développement, de la sécurité et de la conquête de nouveaux marchés. Dans le cadre des objectifs du nouveau millénaire et dans une économie libérale et éthique, accroître ses parts de marché à l’international reviendra à trouver l’équivalence parfaite entre le commerce international et l’entrepreneuriat social. Il est inconcevable de faire du commerce international en ce 21e siècle sans l’engagement des entrepreneurs, seuls ces derniers sont prêts à sortir de leur zone de risque et de confort pour aller vers de nouveaux marchés, tels les marchés BOP (Base of pyramids), et explorer de nouvelles frontières dans différents secteurs.


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