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Nos villes, acteurs clés du développement durable

Par Dr Joan Clos

Nos villes, acteurs clés du développement durable
Dr Joan Clos, Secrétaire général adjoint de l’ONU, directeur exécutif à ONU-Habitat.

Nous avons pu voir ces dernières années une redéfinition importante du rôle des villes et de l'urbanisation dans les sociétés contemporaines du monde entier. La croissance démographique rapide qu’ont connue l’Asie ainsi que l’Afrique, directement associée à une urbanisation galopante, a surpris par son ampleur, mais aussi par ses impacts en termes économiques, sociaux et environnementaux. L’émergence parallèle des dynamiques, aussi inédites que prometteuses, de la mondialisation donne à ces enjeux un écho particulier. Grâce à la valeur ajoutée qu’apporte l'agrégation humaine, la ville se retrouve responsable de générer 80% du PIB mondial. En effet, la majorité des emplois, dont beaucoup proviennent de l'économie florissante de la connaissance, se concentrent dans ces espaces urbains. Parallèlement, ces villes sont responsables de 70% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et c’est pourquoi l'urbanisation est devenue un défi environnemental majeur dans de nombreuses régions du monde.
Au cours des dix dernières années, nous avons également été les témoins de deux crises stratégiques majeures liées à l'urbanisation. L'une a été la crise financière de 2008 qui, en raison de pratiques injustifiables sur le marché immobilier, a abouti entre autres en une crise financière mondiale. La seconde à avoir marqué les esprits et l’histoire récente s’est produite en 2011. Fruit de la rébellion de la jeunesse urbaine au chômage dans les villes d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, elle a donné naissance au Printemps arabe. Un autre impact stratégique des mauvaises pratiques d'urbanisation est intimement lié aux problèmes d'inégalité et de ségrégation, donnant lieu à l'émergence de noyaux terroristes dans les quartiers dégradés.
Plus que jamais, la ville repose sur une structure complexe exprimant le modèle social et politique de la société à laquelle elle appartient, contrairement à la perception erronée selon laquelle la ville ne serait qu’une simple somme de bâtiments. Sachant que nos villes accueillent 55% de la population mondiale, et que d’ici 2050 ce chiffre devrait atteindre les 70%, le rôle de nos villes est d'une importance stratégique cruciale non seulement pour la création d'emplois et de prospérité, mais également pour la paix sociale et le développement.
La région arabe en particulier est l'une des régions les plus urbanisées du monde avec 56% de ses habitants vivant dans les villes, pour une population totale estimée à 357 millions de personnes. Au Maroc, la population urbaine représente actuellement près de 60% de la population totale, et devrait atteindre 74% de la population du pays à l’horizon 2050. Le pays a démontré une très bonne capacité de s’adapter aux nouveaux défis urbains en priorisant les politiques de l’Habitat dans sa stratégie de développement, tout en y intégrant la lutte contre l’habitat insalubre et l’extrême pauvreté urbaine grâce à sa taxe sur le ciment par exemple.
Ces questions critiques seront débattues cette semaine à Rabat, sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI du Royaume du Maroc, en coopération avec l’ONU-Habitat. Ce deuxième Forum ministériel arabe du logement et du développement urbain représente un événement crucial pour l’avenir de l’urbanisation au Maroc et dans les pays du monde arabe, en alignement avec l'adoption du Nouvel Agenda urbain de Quito et l’Agenda 2030.
Loin d'être un problème, l'urbanisation peut et doit au contraire faire partie intégrante des solutions de résilience territoriales et sociales. Ce phénomène représente en réalité une véritable opportunité pour la durabilité, et possède un potentiel incommensurable pour le développement et la prospérité de nos territoires et de nos citoyens. Une bonne urbanisation n'est pas un coût, mais un investissement. Par Dr Joan Clos

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