La procureure générale du Venezuela, Luisa Ortega, a indiqué qu'elle avait ouvert une enquête sur les suspicions de fraude entourant l'élection l'Assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution. La séance inaugurale sera «organisée dans la paix, dans la tranquillité et avec tout le protocole nécessaire ce vendredi», a déclaré le Président vénézuélien, Nicolas Maduro. L'opposition entend continuer à siéger au Parlement. Elle se préparait, par ailleurs, à manifester jeudi contre l'installation de ce «super pouvoir» qui pilotera le Venezuela pour une durée indéterminée. Les leaders antichavistes (du nom de Hugo Chavez, Président de 1999 à son décès en 2013) dénoncent le caractère «illégitime» à leurs yeux de cette Assemblée.
Sa légitimité a par ailleurs été mise en cause par l'entreprise chargée des opérations de vote qui dénonce une «manipulation». Ce scrutin, qui s'est déroulé dimanche dans un contexte de grande violence, faisant dix morts, ne cesse de susciter un tollé au niveau international. Plus de 120 personnes au total ont été tuées en quatre mois de manifestations contre le président socialiste. «Nous savons, sans le moindre doute, que (les chiffres de) la participation à l'élection d'une Assemblée constituante nationale ont été manipulés», a déclaré Antonio Mugicala, le PDG de l'entreprise britannique SmartMatic, en charge des opérations de vote au Venezuela «depuis 2004». «C'est un séisme», a réagi Julio Borges, le président du Parlement élu fin 2015, où l'opposition est majoritaire. M. Maduro a, pour sa part, affirmé qu'il s'agissait d'une «réaction de l'ennemi international» et que le scrutin avait été «transparent». Selon les autorités, plus de huit millions d'électeurs, soit 41,5% du corps électoral, ont participé à l'élection des membres de la Constituante. Soit un chiffre supérieur aux 7,6 millions de voix réunies par l'opposition le 16 juillet, lors d'un référendum contre le projet de Constituante. Chaque camp conteste les chiffres de l'autre. L'Union européenne a annoncé qu'elle refusait de reconnaître l'Assemblée constituante. «L'élection de l'Assemblée constituante a durablement aggravé la crise au Venezuela», a déclaré Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne. Dimanche, opposants et forces de l'ordre s'étaient affrontés à Caracas et dans d'autres villes lors de batailles rangées. Selon l'ONG Foro Penal, le Venezuela compte quelque 490 «prisonniers politiques».