Menu
Search
Jeudi 25 Avril 2024
S'abonner
close
Jeudi 25 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Sports

«Notre objectif est que l’équipe première soit constituée de 60 à 70% de joueurs de l’école du club dans 4 ans»

Après un premier passage au Hassania en tant qu’entraîneur en 2007, le technicien argentin Miguel Angel Gamondi est revenu à Agadir 7 ans plus tard mais comme directeur technique cette fois-ci. Ayant passé trois saisons à mettre au point une politique de formation propre au club, le natif de Buenos Aires retrouvera le banc de touche en tant que coach de l’équipe première en septembre dernier suite au départ de Abdelhadi Sektioui. Un choix qui s’avèrera plus que payant, puisque la Gazelle du Souss réalise sa meilleure phase aller en Botola D1 depuis son deuxième sacre en 2002-2003. Adulé par les supporters, encensé par ses joueurs, très respecté par les dirigeants du HUSA, ce coach qui compte 12 ans d’expérience en Afrique est en passe de couronner un travail de longue haleine avec le Hassania.

«Notre objectif est que l’équipe première soit constituée  de 60 à 70% de joueurs de l’école du club dans 4 ans»

Le Matin : Vous êtes l’un des rares entraîneurs étrangers au Maroc à effectuer une période en tant que directeur technique avant de vous assoir sur le banc et coacher l’équipe. Était-ce votre objectif dès 2014 lors de votre arrivée ou un simple concours de circonstances ?
Miguel Gamondi :
Quand j’ai discuté avec le président Sidinou en 2014, j’ai été embauché comme directeur technique. J’étais très stressé à cette période, car j’avais travaillé pendant 15 ans sans cesse à travers 9 pays. Ce challenge m’a intéressé et je croyais réellement au projet du Hassania. J’avais également la liberté de quitter le club si je recevais une offre conséquente d’un grand club à l’étranger, car ma relation avec le HUSA est excellente, c’est un peu ma famille ici au Maroc. J’avais donc l’ambition de mettre au point une véritable identité de jeu ici, par le biais d’un travail de base qui commence par les catégories les plus jeunes et qui s’étend jusqu’aux équipes espoirs et seniors. Jusqu’ici, je crois que j’ai fait le bon choix. 

Quel bilan faites-vous sur le travail de votre prédécesseur, Abdelhadi Sektioui ?
Je ne suis pas vraiment fan des comparaisons et des bilans. On avait remarqué que le Hassania avait un problème défensif. L’équipe encaissait quelque 40 buts par saison. C’est le principal point qu’on avait ciblé. 

En parlant de défense, ce secteur était le véritable talon d’Achille du HUSA lors des 4 dernières saisons (pire défense du championnat en 2014, 2015 et 2016). Depuis votre arrivée, l’équipe défend beaucoup mieux en marquant davantage. Est-ce que c’était le schéma tactique, la discipline tactique des joueurs ou les choix du coach qui engendraient ces carences défensives ?
C’est tout un aspect global. En premier lieu le recrutement : nous avons amené de nouveaux joueurs dans ce secteur de jeu et même un nouveau gardien de but. Ensuite, il y a le travail effectué par le groupe et le système de jeu. Dans le football moderne, il faut évoluer avec une équipe équilibrée, sinon on n’arrivera jamais à s’imposer. J’ai toujours dit à mes équipes que la défense commence par le travail des attaquants, c’est l’affaire de tout le bloc-équipe. Cette année, on a amélioré beaucoup de choses. Malgré cela, quelques inquiétudes persistent. Je crois aussi qu’on a montré qu’on était une équipe solide et difficile à battre. Ma philosophie de travail est l’esprit de groupe et la solidarité entre les composantes. 

Vos joueurs s’accordent à dire que vous êtes un entraîneur qui communique énormément et qui tente toujours d’être proche des éléments de son équipe. Cela vous a-t-il aidé à tirer le maximum de ces joueurs et à hisser l’équipe à sa position actuelle ? 
D’abord, je ne savais pas ça, je suis surpris ! En fait, ça a toujours été ma méthodologie de travail. En venant travailler ici, j’avais un challenge, car j’ai toujours entendu dire : «le joueur marocain est indiscipliné ! ». Dans la méthodologie de travail moderne, il faut prendre un joueur comme un être humain, en prenant en compte tous les facteurs qui façonnent sa personnalité. Il faut essayer de tirer le meilleur de lui et de valoriser ses points forts. La communication aussi est primordiale, la vie sociale a changé et il faut s’adapter à tous ces paramètres nouveaux. Je pense qu’un joueur bien encadré est capable de prendre ses responsabilités. Ce n’est pas une machine qu’on peut téléguider de l’extérieur. 

L’équipe espoirs signe une excellente entame de championnat, bientôt des éléments promus en équipe première ?
En tant que manager de l’équipe, je suis ces équipes et je peux vous dire que le travail effectué touche toutes les catégories du Hassania. Dans l’équipe espoirs, il y a 7 joueurs qui s’entraînent déjà avec les professionnels. Derrière, nous avons aussi un groupe de 8 joueurs que nous appelons «joueurs élite», que l’on prépare pour la prochaine saison. On est en train de faire un travail patient pour préparer la relève. Notre objectif est que l’équipe première soit constituée de 60 à 70% de joueurs de l’école du club dans 4 ans. Des éléments qui auraient déjà assimilé la philosophie de jeu de l’équipe, le système de jeu de l’équipe seniors et surtout l’amour du maillot.  

Même si le club signe des prestations jusque-là irréprochables, certains observateurs avancent toujours que le HUSA n’est qu’un lièvre de course. L’équipe est-elle réellement armée pour aller au bout de sa quête et chercher le titre de champion ?
Tout le monde est libre d’exprimer ce qu’il pense. On gère match par match, on a des objectifs à court et à long terme. Je crois que l’équipe est toujours en construction et les résultats suivent selon le travail effectué. En début de saison, on n’a jamais dit qu’on allait jouer le titre. Il faut également savoir que le Hassania n’était pas aussi performant pendant les saisons précédentes. Combien de fois le HUSA était-il à la tête du classement à quelques journées du terme de la phase aller ? C’est quelque chose de nouveau. C’est une satisfaction, c’est une motivation pour le groupe, mais le championnat on commence à le jouer à partir de la 7e ou 8e rencontre avant le terme du championnat. Il faut laisser ceux qui veulent critiquer faire ce qu’ils aiment, nous, on a le terrain pour nous exprimer. 

Des cibles ou des besoins spécifiques lors du prochain mercato ?
Je suis très satisfait de cette équipe. Aussi, nous avons un championnat parallèle. Comme je vous disais, je suis également manager du club, je raisonne aussi d’un point de vue financier : j’aimerai bien disposer d’un grand joueur de renommée, mais on peut ne pas disposer de l’argent nécessaire pour le payer. Il faut faire une balance. Maintenant, en plus de vouloir créer une équipe compétitive, nous essayons de créer une infrastructure pour les jeunes, un centre de formation, et c’est ça la véritable priorité du Hassania. Le président et les responsables des commissions des jeunes sont focalisés sur ce dossier. Un championnat, on peut investir chaque année pour le gagner, mais un centre de formation est construit une seule fois et donne des fruits aussi longtemps que le club existe. Actuellement, le travail avec les catégories jeunes est effectué dans des conditions pénibles, et malgré tout ça, on a réussi de bons résultats. Je crois que ce projet est plus urgent que le fait de recruter d’autres joueurs. 

Vous avez passé suffisamment de temps au Maroc pour vous faire une opinion claire sur les forces en présence. Votre lecture des autres candidats au titre ?
Absolument, nous essayons de visualiser des images de tous les adversaires, donc on les connaît assez bien. Sur ce point, il faut savoir que le Hassania œuvre avec un budget inférieur à plusieurs de ces équipes. On ne peut pas les concurrencer dans le recrutement des meilleurs joueurs à titre d’exemple. Des équipes comme Tanger, El Jadida, le Raja, le WAC, Berkane sont des adversaires à respecter. Après, il y aura plusieurs paramètres qui interviendront dans le parcours de chaque formation, comme les blessures, les suspensions. C’est une course à long terme. En tout cas, notre véritable cible est une place qualificative en Coupes continentales. 

Que manque-t-il réellement au joueur marocain pour qu’il puisse mieux s’exporter vers l’Europe ?
Je crois que le football mondial est en constante mutation. Il a beaucoup évolué. Le problème pour les Marocains, c’est la méthodologie et le travail de base. Le joueur marocain est très talentueux avec un potentiel énorme, je le compare toujours aux joueurs d’Amérique latine, car ils sont pratiquement dotés de la même technique et la même mentalité. Si vous remarquez, rares sont les pays qui révolutionnent leur football et vendent des joueurs en même temps. Il faut être patient. Des pays comme la France et la Belgique ont également dû attendre avant d’atteindre ce niveau. Il faut mettre en place un travail de fond, basique, avec des règles de formation bien précises et ne pas chercher que les consécrations et les titres. De nos jours, le joueur doit comprendre le jeu pour percer au haut niveau. La prise de décision est aussi un point essentiel dans l’entraînement moderne, il faut former le joueur pour prendre les décisions correctes. Jusqu’à présent, les joueurs au Maroc n’ont pas atteint ce stade. Il ne faut pas oublier l’éducation aussi, car le football n’est pas seulement courir et dribler. Il faut comprendre le jeu, et pour ça il faut de l’intelligence. Ici, on essaye donc de faire réfléchir les joueurs et les inciter à comprendre tous les aspects du jeu. C’est ce qui leur fait réellement défaut. Pour ce qui est de la technique, le joueur marocain a déjà ce qu’il faut. 


Entretien réalisé par Youssef Moutmaïne

Lisez nos e-Papers