À l’ouverture du deuxième Sommet «Climate Chance» à Agadir, Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, avait fait savoir que le Maroc a jusqu’à aujourd’hui bénéficié de 92 millions de dollars du Fonds vert pour le climat. Sur ce total, 40 millions de dollars serviront à financer la préservation des écosystèmes de l’arganier. Cependant, cet exemple ne reflète pas la situation contradictoire que vit le continent africain qui subit le plus les effets du changement climatique, mais qui bénéficie le moins de la finance climat. Sur les 100 milliards de dollars que les pays industrialisés comptent débourser annuellement, d'ici 2020, en faveur des pays en développement dans leur lutte contre les changements climatiques, l'Afrique n'en reçoit que 5%. Il était donc évident pour le Maroc, qui assure la présidence de la COP 22 jusqu’en novembre prochain, de faire de l’accès à ces finances l’un des axes principaux de sa feuille de route. Salaheddine Mezouar, président de la COP 22, n’a pas dissimulé que c’est «un sujet des plus complexes», les bailleurs de fonds faisant du retour sur investissement leur première préoccupation. La situation s’est davantage compliquée, poursuit le président de la COP 22, suite au retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat. Retrait qui fera perdre à la finance climat près de 2 milliards de dollars. Mais le Maroc a fait du soutien aux pays les plus vulnérables le principal axe de sa feuille de route.
L’engagement a été pris bien avant la COP 22 de Marrakech. Salaheddine Mezouar est revenu, le 11 septembre à Agadir, sur les actions initiées par le Maroc. À Londres, aura lieu dans le courant de cette semaine un rencontre afin de mieux soutenir quatre pays en développement (le Mexique, l’Angola, le Viet Nam et le Bangladesh) pour l'élaboration de leurs politiques nationales de réduction de gaz à effet de serre. Les 3 et 4 octobre prochain aura lieu, sous présidence marocaine, une rencontre sur la métrique de l’adaptation au changement climatique. Cet aspect est des plus complexes, car il n’y a à l’heure actuelle aucune méthode fiable pour mesurer les retombées économiques des projets liés à l’adaptation aux effets du changement climatique. M. Mezouar a également fait savoir que la présidence marocaine a mis sur pied trois commissions dédiées aux pays du Sahel, où des projets sont actuellement menés aux États insulaires, et un Fonds bleu au profit du Bassin du Congo. Enfin le Centre de compétences sur le changement climatique a pour mission de mieux structurer les projets africains afin qu’ils soient bancables. «Nous ne faisons pas beaucoup de bruit, mais nous avonçons», a conclu Salaheddine Mezouar.