Éco-Conseil : Quel engagement professionnel chez la génération Y ?
Otman Fares : À mon avis, le problème de l'engagement dans le travail se pose avec grande acuité chez les jeunes collaborateurs et collaboratrices de la génération Y. Nous enregistrons en effet un engagement moins fort de la part de cette catégorie. Ces jeunes collaborateurs s’inscrivent dans un rapport win-win. Ils ne sont pas prêts à se surinvestir dans une entreprise qu’ils considèrent comme susceptible de se passer d’eux très rapidement. Le manque de confiance entre employeur et employé s’installe et fait qu’aucun engagement supplémentaire n’est gratuit. La génération «Y» pense à très court terme. Elle cherche à «semer les graines» aujourd’hui et récolter la moisson immédiatement le lendemain ! Le rapport de donnant-donnant a comme conséquence que chaque proposition d’un engagement plus fort dans l’entreprise, d'une prise de responsabilité ou de travail supplémentaire doit en contrepartie se voir récompensée par un avantage matériel, direct et immédiat. Il ne faut pas perdre de vue également que la quasi-totalité des managers marocains possède un style de management directif qui favorise un désengagement des collaborateurs dans le travail.
Comment manager la génération Y et favoriser son engagement ?
La réponse habituelle à cette question se traduit invariablement par une liste d’attitudes et de bonnes pratiques que doit acquérir le manager pour s’adapter à la génération Y. Et cette liste se fait de plus en plus longue : plus d’écoute, d’authenticité, de transparence, de reconnaissance, de tolérance, d’enthousiasme et de souplesse, mais aussi plus de fermeté, de rigueur et de performance individuelle et collective. Nous connaissons la liste des reproches formulés par les jeunes salariés envers leurs managers :
• Ils ne nous écoutent pas.
• Ils sont réfractaires à ce que nous proposons.
• Ils ne nous reconnaissent pas.
Nous avons également connaissance des reproches formulés par le manager concernant leurs jeunes collaborateurs :
• Ils ne m’écoutent pas.
• Ils me font des propositions irréalistes et manquent de recul.
• Ils veulent tout, tout de suite, sans prendre le temps de faire leurs preuves.
Tous ces éléments engendrent une démotivation chez les jeunes collaborateurs ainsi qu’une baisse de leur taux d’engagement. Les entreprises marocaines font le triste constat que le coût de la démotivation est loin d’être négligeable. Elle peut engendrer plusieurs conséquences et troubles chez les collaborateurs, à savoir : absentéisme, irritabilité, perte de confiance en soi, fatigue, nervosité, stress…