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Rencontre sur la situation des réfugiés au Maroc

L’Institut français de Kénitra a invité le psychiatre et psychanalyste, Jalil Bennani à venir présenter son livre «Un si long chemin». Un ouvrage qui dresse le portrait de 30 réfugiés exilés au Maroc, 20 hommes et 10 femmes originaires de 16 pays ou régions (Afghanistan, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Chine, Congo, Côte d’Ivoire, Érythrée, Irak, Liberia, Mali, Palestine, Soudan, Syrie, Tchad, Yémen) et résidant dans plusieurs villes et villages au Maroc : Rabat, Casablanca, Kénitra, Oujda, Marrakech, Azrou.

Rencontre sur la situation des réfugiés au Maroc
Abdelkader Retnani et Jalil Bennani lors de la présentation du livre de ce dernier.

Qui sont ces hommes et ces femmes ? Quelle est leur histoire ? Quel est leur parcours ? Ils arrivent avec un passé et s’intègrent dans l’histoire du pays d’accueil. Ces hommes questionnent notre ouverture au monde. Quelle part nous revient sur cette terre ? Qu’avons-nous à partager ? Que nous apportent ces «étrangers» ? C’est à ces questions et à d’autres qu’essaie le livre d’apporter des réponses.

L’auteur Jalil Bennani, qui était accompagné, lors de cette rencontre, de son éditeur Abdelkader Retnani a, de prime abord, tenu à souligner que ce travail, qui a nécessité plusieurs mois d’investigation sur le terrain, raconte l’histoire de centaines et de milliers de personnes, des hommes et des femmes, ayant pris le chemin de l’exil, fuyant la violence, l’extrémisme, l’intolérance et les guerres dévastatrices. Quitter le pays ou s’exposer à une mort certaine : tel est le défi de ces réfugiés déracinés et qui font face à un avenir incertain. L’auteur n’a pas manqué de préciser qu’à cause des traumatismes qu’ils ont subis, il a fallu un certain temps pour que la confiance s’installe entre lui et les personnes interviewées et pour que leur parole soit libérée. Une fois réconfortées, elles ont laissé libre cours à leurs témoignages, dit-il, en substance.

Afin que le livre «Un si long chemin» transmette de manière fidèle au lecteur toute la souffrance vécue par les réfugiés, mais aussi la lueur d’espoir qu’ils continuent d’entretenir, Jalil Bennani a décidé de prendre de la distance avec leur récit à l’abri de toute écriture subjective, psychanalytique ou interprétative. De l’exil du pays d’origine à l’arrivée dans le pays d’accueil, les paroles et parcours de ces réfugiés visent à sensibiliser le public sur cette relation qu’ils entretiennent avec les Marocains connus pour leurs valeurs de tolérance, d’ouverture et de solidarité. Comme le décrit M. Retnani, l’ouvrage est surtout un hommage au Maroc, terre d’accueil, et aux Marocains, qui restent ouverts et hospitaliers.

Ceci dit, leur présence au Maroc n’est pas un long fleuve tranquille et peut être parfois semée de quelques embuches. Une situation tout à fait compréhensible et qui est parfois liée à des différences de cultures, de codes et de mœurs. D’ailleurs, les témoignages recueillis vont à l’encontre des stéréotypes et des préjugés vis-à-vis des réfugiés. Ils montrent des personnes dignes, courageuses, portées par le désir de vivre et de s’intégrer.

Cette rencontre a été l’occasion pour l’écrivain Jalil Bennani d’établir une différence entre le statut d’immigrant et celui du réfugié. Le migrant, précise-t-il, est une personne née dans un pays et qui vit dans un autre pays pour une durée supérieure à un an, quelles qu’en soient les raisons. C’est une catégorie générale à laquelle appartiennent notamment les réfugiés, mais aussi les étudiants étrangers ou les travailleurs venus d’autres pays, par exemple. Par contre, un réfugié est une personne forcée de quitter, à jamais, son pays à cause d’une crise politique majeure : guerre, persécutions, violences ethniques.

À cet effet, il est obligé de refouler l’idée de retour à son pays d’origine.
L’ouvrage «Un si long chemin», édité par «La Croisée des chemins» en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, inclut également des contributions écrites d’Anis Birrou, ministre chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration, de Driss El Yazami, président du Conseil national des droits de l’Homme, et de Jean-Paul Cavalieri, représentant du HCR au Maroc. Il est composé de quatre parties : l’accueil, les souffrances, l’espoir, la réussite. Il se conclut par une réflexion sur les notions de traumatisme, de rupture, d’identité, de croyance et d’hospitalité. Il est magnifiquement illustré par des photos d’immigrés réalisées par Mohammed Kilito.

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