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Réseaux sociaux et médias : saisir les opportunités et faire face aux défis

Les échanges qui ont eu lieu dans la cadre de la conférence «Réseaux sociaux et libertés : les défis du Maghreb», mardi et mercredi en Tunisie, ont permis de jeter les ponts entre journalistes et universitaires d’un côté et entre chercheurs maghrébins et norvégiens de l’autre. Au cœur des débats, les défis que représentent les réseaux sociaux pour la communauté des journalistes, mais aussi les opportunités qu’ils offrent.

Réseaux sociaux et médias : saisir les opportunités et faire face aux défis
Les thèmes abordés lors de ces deux journées de travail ont concerné la question des réseaux sociaux et des libertés et le comportement des professionnels des médias dans ce contexte.

Les travaux de la conférence intitulée «Réseaux sociaux et libertés : les défis du Maghreb» ont pris fin mercredi dans la station balnéaire tunisienne de Hammamet. Ayant rassemblé des intervenants de différentes nationalités (Maroc, Tunisie, Algérie, Libye, Syrie et Norvège) et de profils professionnels divers (des journalistes, des universitaires, des écrivains, des acteurs de la société civile...), cette rencontre a été organisée à l’initiative du centre spécialisé en journalisme norvégien JMIC «Journalism and Média International Center» et l’ONG tunisienne le Centre Kawtar (Center of Arab Woman for Training and Research).
Intenses et fructueux, les échanges qui ont eu lieu ont permis de jeter les ponts entre journalistes et universitaires et entre chercheurs maghrébins et norvégiens afin de créer un réseau dont les actions sont appelées à se poursuivre à l’avenir. En effet, les participants à cette conférence ont considéré qu’il y a de nombreuses opportunités à travailler ensemble afin de permettre au secteur de la presse d’évoluer et de défendre la liberté d’expression dans la région du Maghreb.

Les thèmes abordés lors de ces deux journées de travail (sous forme de workshop et de table rondes) ont concerné la question des réseaux sociaux et des libertés et le comportement des professionnels des médias dans ce contexte. Ainsi, il était question de l’examen des frontières qui existent entre l’extrémisme et les libertés, le jihadisme en ligne, la lutte contre le terrorisme et la cybersécurité, l’endoctrinement... L’une des problématiques soulevées était de savoir si le journaliste doit, dans l’exercice de sa profession, tendre le micro aux terroristes, s’il doit relayer ce qu’ils font, leurs idées… cette problématique a suscité un large débat puisqu’ils y avait deux visions différentes sur la chose.
Dans ce contexte, le journaliste marocain Tariq Benhada a exposé le cadre juridique qui prévaut au Royaume en rappelant que la loi antiterroriste pénalise la glorification des actes terroristes. Il a également souligné l’utilisation par les groupes terroristes de la Toile pour faire leur propagande et pour recruter. Il a évoqué dans ce sens ce qu’il a qualifié de «partie sombre» de la Toile (une partie du Net qui n’est pas visible sur les moteurs de recherche connus), qui constitue un espace fertile pour les terroristes afin de communiquer et pour mener leur combat. Il a également expliqué que les services sécuritaires ne restent pas les bras croisés face à cette menace. Selon lui, les services de nombreux pays sont conscients des menaces du cyberterrorisme et ont mobilisé «une armée de réserve électronique composée d’experts et de hackers professionnels en plus de l’adoption de lois antiterroristes», a-t-il expliqué.

Lors de cette conférence, un autre débat a porté sur les réseaux sociaux et la façon dont ils ont changé la face du militantisme ou l’ont fait évoluer. À ce sujet, la journaliste et écrivaine Karima Nadir a parlé du rôle joué par ces réseaux au profit des causes humanitaires et pour la défense des droits de l’Homme. Elle a cité en exemple l’utilisation positive des réseaux sociaux par les membres du mouvement du 20 février au Maroc en 2O11. Par ailleurs, elle s’est posé la question de savoir à qui on offre cet espace virtuel en évoquant la qualité des «influenceurs» et des faiseurs d’opinions qui s’activent sur ces réseaux.
Autre point ayant animé le débat : les «Fake news» (fausses nouvelles) et ce que cela représente comme challenges pour les médias. Les participants marocains ont présenté les résultats d’un sondage mené récemment auprès d’une cinquantaine de journalistes appartenant à plusieurs rédactions de la presse écrite, électronique et de la presse audiovisuelle.
Ce sondage a mis au jour la perception par les journalistes marocains de l’ampleur des fausses nouvelles au Royaume. Les résultats présentés ont ainsi confirmé que la presse électronique véhicule la plus grande partie des fake news. Les journalistes interviewés ont évoqué les effets que peuvent avoir les fausses nouvelles sur la société. Ils ont signalé que les domaines les plus touchés par cette désinformation sont le monde politique, le monde des affaires, la vie sociale et aussi les sphères du sport et people. Les résultats de ce sondage ont également permis de recueillir des propositions de la part des professionnels pour faire face à ce phénomène. Parmi les voies à prospecter, l’adoption de lois qui pénalisent la publication de fausses nouvelles et des procédures claires et rapides pour les dénoncer, l’intensification et l’amélioration des formations au profit des journalistes.

Les journalistes sondés demandent aussi la facilitation de l’accès à l’information et le renforcement de l’autorité du Conseil national de la presse pour prononcer des sanctions à l’égard des rédactions et des journalistes auteurs de fake news. Ils exigent par ailleurs une meilleure organisation de la profession et le bannissement des «faux professionnels». Les résultats de ce sondage évoquent également le rôle à jouer par l’organisme d’autorégulation de la profession, le Conseil national de la presse, qui est en cours d’installation. Outre le cas marocain, d’autres expériences en la matière ont été évoquées comme celle de la Tunisie, de l’Algérie, de la Libye et de la Norvège. 


  DNES en Tunisie, Brahim Mokhliss

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