Il a fallu six mois de tractations difficiles avant que le gouvernement actuel voie le jour. Trois mois de l’année 2017, en plus de trois autres mois qui ont suivi les élections législatives d’octobre 2016, c’est la durée des négociations qui ont permis la naissance du gouvernement de Saâd Eddine El Othmani, début avril. En effet, au lendemain des législatives, Abdelilah Benkirane, qui était le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), arrivé premier en termes de sièges obtenus (avec 125 élus à la Chambre des représentants), avait été chargé de constituer la majorité gouvernementale. Mais les tractations qu’il avait menées avec les partis avec qui il souhaitait constituer le gouvernement n’ont pas abouti. C’est ainsi que, le 17 mars dernier, S.M. le Roi Mohammed VI,
a reçu Saâd Eddine El Othmani, pour le charger de constituer une coalition gouvernementale. Une mission qu’il a pu mener à bien le 5 avril. Saâd Eddine El Othmani a donc réussi là où Abdelilah Benkirane a échoué.
Ce gouvernement a été constitué sur la base d’une majorité formée de six partis, ce qui n’a pas permis d’avoir, comme l’avait promis au départ le Chef du gouvernement, un exécutif avec une équipe ramassée. En effet, le gouvernement était formé de 39 portefeuilles avec sept ministères confiés à des technocrates. C’est le cas d’Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des affaires islamiques, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, le département de l’Intérieur dévolu à l’ancien wali de Rabat, Abdelouafi Laftit, ou le secrétariat général du gouvernement, dont se charge Mohamed Hajoui, et Abdellatif Loudiyi chargé de l’Administration de la défense nationale.
Sur le plan des couleurs politiques, la nouvelle coalition a permis à deux formations politiques de quitter les bancs de l’opposition pour rejoindre la majorité gouvernementale. Il s’agit de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et de l’Union constitutionnelle (UC). Ainsi, cette configuration du gouvernement a permis au PJD de s’octroyer 11 départements ministériels en plus de celui du Chef du gouvernement. Le Rassemblement national des indépendants (RNI), dont le président, Aziz Akhannouch, avait pesé de tout son poids lors des tractations avec l’ancien Chef du gouvernement désigné, Abdelilah Benkirane, a pu négocier sept portefeuilles. Il s’agit de départements importants, notamment l’Économie et les finances, l’Agriculture et la pêche, la Justice, l’Industrie et l’investissement. Le Mouvement populaire a eu droit à quatre ministères et le PPS à trois,
l’USFP à trois et l’UC à deux. Le nouveau gouvernement est marqué par une forte présence des femmes (23,08%). En effet, neuf femmes siègent dans l’actuel Exécutif, contre six dans l’ancien gouvernement (15%). Par ailleurs, ce nouveau gouvernement a vu quatre membres de son équipe limogés par S.M. le Roi, six mois après son installation. En effet, après avoir reçu le rapport sur les failles de gestion du projet «Al Hoceïma Manarat Al Moutawassit», le Souverain a décidé, le 17 octobre, de relever de leurs fonctions plusieurs ministres. L’annonce a été officialisée à travers un communiqué du Cabinet royal qui citait les noms des ministres limogés. Il s'agit de Mohamed Hassad, Mohamed Nabil Benabdellah,
El Hossein El Ouardi et Larbi Bencheikh. D’ailleurs, jusqu’à la date d’aujourd’hui, le Chef du gouvernement n’est pas encore arrivé à proposer les noms de nouveaux ministres au sein de l’équipe gouvernementale en remplacement de ceux limogés.