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Une exposition «Mère & Fils» à Rabat

Pour sa troisième exposition, qui se poursuivra jusqu’au 6 janvier 2018, sous le thème «Mère & Fils», la galerie de la Banque Populaire à Rabat a choisi de présenter les travaux de Rahma Laâroussi et Abdeslam Karmadi. «Un face à face» bien particulier, puisqu’il s’agit d'une mère et de son fils, tous deux artistes-peintres, chacun ayant son propre style et un parcours bien surprenant.

Une exposition «Mère & Fils» à Rabat
Ce qui est émouvant dans cette prestation est de se trouver en face d’œuvres plastiques dont les créateurs sont unis par les liens de la filiation.

En déambulant dans l’espace qu’occupent les deux artistes, on assiste à deux univers différents. Celui de la mère est spontané, car elle n’a bénéficié d’aucune formation académique. L’autre, celui du fils, est basé sur des enseignements qu’il a accumulés tout au long de son cursus en arts plastiques jusqu’à l’obtention d’une licence à l’Université Paris I.

Ce qui est émouvant dans cette prestation est de se trouver en face d’œuvres plastiques dont les créateurs sont unis par les liens de la filiation. Une particularité à laquelle on n’assiste pas souvent. Et là, on peut saluer cette ingénieuse initiative de la part de la galerie de la Banque Populaire. «Nous espérons, à travers cette exposition, confirmer notre détermination à vous transporter au fil de nos rencontres vers des univers singuliers et continuer ainsi à faire de ces rendez-vous, dédiés à la production artistique de notre région, des moments de partage uniques», souligne le président du directoire de la Banque Populaire Rabat-Kénitra, Jalil Sebti. D’ailleurs, cette prestation compte beaucoup sur ce partage au sens propre du terme. C’est-à-dire avec le public et entre les deux exposants. Ces derniers, qui se sont eux-mêmes essayés à différentes pratiques de la peinture, notamment Abdeslam Karmadi qu’Alain Gorius qualifie de l’un des rares artistes sachant vraiment dessiner, mettre en scène le monde et les corps en donnant, à l’un comme aux autres, épaisseur et présence tout en sauvegardant leur part de mystère. «Sa peinture intuitive, allusive, qu’on a connue sombre en ses débuts, s’épanouit aujourd’hui en volutes et en chatoiements ; élégante et sensuelle, cette peinture s’inscrit dans une tradition arabe que le détachement avec lequel Karmadi donne à voir les êtres et les choses rend très contemporaine».

Une œuvre qui a évolué au fil du temps et des recherches continues de l’artiste Karmadi, et ce depuis sa première exposition en 1992 à l’Alliance franco-marocaine. Après ce baptême du feu, il a eu l’occasion de présenter ses nouveautés de temps en temps et d’être reconnu par des professionnels et des critiques d’art, malgré sa discrétion qui le maintient loin des lumières de la célébrité. En décortiquant sa démarche plastique, la critique d’art Syham Weigant le place dans la lignée des peintres dont l’exercice de la peinture est une ontologie. «Le corps-à-corps avec la toile, la peinture et son objet ne peut alors qu’être engagé et total. Sur ce mode, en démultipliant, en variant, en modulant, l’œuvre cohérente de Karmadi incarne cette tendance d’une peinture qui finit par fonctionner comme une installation dont il est impossible d’épuiser le motif». Quant à Rahma Laâroussi, la mère qui a donné naissance à ce peintre prodigieux, il suffit de dire que c’est un être habité par son art et dont elle ne peut se détacher. Car l’artiste se cache en elle et fait bien son bonheur.

Elle est passée par tous les supports possibles pour «griffonner» ses souvenirs d’enfance, son vécu, notamment des scènes de vie, de chasse, des forêts verdoyantes, des tapisseries, entre autres, qui constituent l’ensemble de l'univers qu’elle voulait raconter et transcrire. Toute une riche production qui trouvait refuge sous un matelas. Et ce n’est qu’à presque 50 ans que Rahma Laâroussi présente pour la première fois ses œuvres à l’Alliance franco-marocaine de Rabat. Un succès qui lui a valu d’autres prestations, dont celle-ci qu’elle partage avec son fils Abdeslam. Une belle odyssée qui vaut vraiment le détour.

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