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Des avancées… mais le chemin est encore long

La dynamique entrepreneuriale au Maroc s’est énormément développée ces dernières années, comme en témoignent de nombreuses études présentées à ce sujet. L’émergence d’un grand nombre d’initiatives visant à soutenir l’entrepreneuriat a favorisé l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs. Toutefois, il existe un écart élevé entre l’intention entrepreneuriale et sa traduction concrète en création d’entreprises. D’où la nécessité de renforcer le dispositif d’accompagnement actuel.

Des avancées… mais le chemin est encore long
PH. Fotolia

Avec l’émergence d’un écosystème qui encourage l’entrepreneuriat des jeunes, le Maroc est en train de développer une population inspirée. Pour preuve, le nombre de bénéficiaires des initiatives lancées à tous les niveaux de la chaine de valeur qui a connu une forte augmentation ces dernières années. C'est ce que soulignent de nombreux rapports des organisations nationales et internationales au sujet la dynamique entrepreneuriale au Maroc.
Le dernier en date étant le Global Entrepreneurship Monitor (GEM) qui a été dévoilé en marge du Moroccan Entrepreneurship Forum tenu les 10 et 11 mai à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales (FSJES) de l’Université Hassan II de Casablanca. Il s’agit de la plus grande enquête sur l’entrepreneuriat dans le monde. Initiée en 1999 sous l’impulsion de la London Business School et de Babson College, une centaine d’équipes nationales s’investissent, chaque année, à mesurer l’activité entrepreneuriale aux quatre coins du globe.
«L’étude GEM révèle une accélération de la dynamique entrepreneuriale au Maroc à savoir des indicateurs relatifs à la culture entrepreneuriale et au potentiel entrepreneurial en amélioration. Le pays a connu une accélération notable de son niveau d’activité entrepreneuriale qui passe de 5,6% en 2016 à 8,8% en 2017 améliorant de manière significative son classement à l‘échelle internationale», souligne Pr Khalid El Ouazzani, Team leader GEM Morocco et directeur du Laboratoire de recherche Entrepreneuriat et Management des Organisations (EMO) à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Casablanca.

Un écart persistant entre intentions et dynamique entrepreneuriale
Le responsable affirme, toutefois, que cette évolution s’accompagne d’un écart persistant entre intentions entrepreneuriales et dynamique entrepreneuriale : «Pour la troisième année consécutive, le Maroc demeure le premier pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) qui présente un écart aussi élevé entre l’intention entrepreneuriale et sa traduction concrète en création d’entreprises. Alors que 30% de la population sondée a confirmé son intention de se lancer dans une activité entrepreneuriale, seuls 4,6% de cette population s’engage effectivement dans la création d’une entreprise». 
Pour expliquer ce phénomène, le rapport apporte quelques éléments de réponse sur le contexte entrepreneurial au Maroc afin de permettre d'exploiter ce dynamisme entrepreneurial pour le progrès économique et social. L’un des constats les plus significatifs de GEM 2017 au Maroc est l’évolution de l’indice de l’activité entrepreneuriale (TAE) qui est passé de 5,6% en 2016 à 8,8% en 2017. Cette augmentation est corrélée avec l’évolution de la proportion des entrepreneurs naissants (4,2% en 2017 contre 1,3% en 2016).
En revanche, le rapport souligne qu’il y a presque trois fois plus d’hommes impliqués dans le démarrage ou la croissance d’une nouvelle entreprise que de femmes. Et les jeunes ayant un niveau d’instruction supérieur sont les moins entreprenants. Aussi, les stratégies des nouvelles entreprises sont peu innovantes et faiblement créatrices d’emplois : la majorité des nouvelles entreprises marocaines reproduisent une activité avec une technologie déjà présente dans un secteur fortement concurrentiel et 53,2% des créateurs d’entreprise souhaitent devenir des travailleurs autonomes, indique le rapport.

L’écosystème, cheval de bataille pour une révolution entrepreneuriale
Les aspirations, attitudes et activités entrepreneuriales s’inscrivent dans un écosystème, GEM appréhende l’écosystème entrepreneurial à travers la combinaison de plusieurs conditions-cadres, dont le financement, les politiques et programmes publics, la formation à l’entrepreneuriat, la Recherche et Développement (R&D)...
Au Maroc, le rapport souligne qu’il y a un faible taux de formation à l’entrepreneuriat et de la Recherche & Développement. En effet, le pays est classé 53e sur 54 pays pour la formation à l’entrepreneuriat aux niveaux primaire et secondaire. Dans le domaine de la R&D, le Maroc est crédité d’un faible indice de 2,6/9 le classant avant-dernier.
«Les pouvoirs publics sont appelés à s’engager résolument en faveur de l’éducation à tous les niveaux, surtout au niveau de l’enseignement primaire et secondaire. S’ils veulent encourager l’innovation et l’entrepreneuriat, ils se doivent de consolider les “fondamentaux” de l’écosystème de l’entrepreneuriat (notamment le système d’éducation et de formation et le transfert R&D) et favoriser un meilleur accès des entreprises au financement, renforcer le dispositif d’accompagnement et faciliter davantage les procédures administratives et les relations avec les administrations», conclut M. El Ouazzani. 
L'écosystème qui appuie les efforts et les ambitions des entrepreneurs nécessite ainsi l’amélioration de l’accès au financement, du transfert technologique et le développement du système éducatif, ainsi que du dispositif d’accompagnement. Ce sont là les clés pour faire aboutir la dynamique entrepreneuriale que connaît le Royaume.

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