Menu
Search
Vendredi 29 Mars 2024
S'abonner
close
Vendredi 29 Mars 2024
Menu
Search
Accueil next Monde

Des chiffres alarmants, des alternatives possibles

Les chiffres du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, établi à l'adresse des gouvernements, sont alarmants. Avec un réchauffement moyen compris entre 1,5 et 2°C, comme fixé par l'Accord de Paris, 4 à 8% des vertébrés perdraient leur habitat naturel, ce taux est compris entre 8 et 16% pour les plantes. Les prises annuelles de la pêche baisseraient jusqu'à 3 millions de tonnes. En Afrique, continent qui connait la plus importante prévalence de la sous-alimentation qui affecte près de 21% de la population, la production agricole totale pourrait être réduite de 10%. Mais des solutions existent. Du point de vue des lois de la physique et de la chimie, la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 ºC est possible, mais il faudrait, pour la réaliser, des changements sans précédent.

Des chiffres alarmants, des alternatives possibles
En Afrique subsaharienne, 1,5°C de réchauffement d’ici 2030 pourrait faire qu’environ 40% des zones actuelles de culture du maïs ne seraient plus adaptées aux variétés actuelles. Ph. Oxfam

Basé sur 6.000 études scientifiques, le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) illustre par les chiffres les conséquences sur la biosphère du réchauffement climatique. Même ayant pour hypothèse un réchauffement entre 1,5 et 2°C (l'ensemble des projections indiquant un réchauffement d'environ 3°C d'ici 2030), les conclusions du rapport du GIEC sont suffisamment alarmantes pour être prises en compte. Qu'on en juge. Avec un réchauffement de 1,5°C, les vagues de chaleur augmenteraient de 3°C et de 4°C avec un scénario de 4°C. La montée du mercure est surtout synonyme de perte de la diversité génétique planétaire. Selon le rapport du GIEC, entre 4 et 8% de l'ensemble des espèces de vertébrés perdraient plus de la moitié de leurs habitats naturels. Il en est de même pour 16% des plantes avec un réchauffement de 2°C. 
Le secteur de la pêche, toutes espèces confondues, sera également fortement impacté, chaque petit accès de réchauffement supplémentaire, même limité à 1,5°, compte et accroît le risque de changements profonds voire irréversibles. Les prises de la pêche avec l'hypothèse de 1,5°C baisseraient de 1,5 million de tonnes chaque année. Cette perte de prises atteindrait les 3 millions de tonnes de poissons annuellement. Ces chiffres prennent toute leur importance lorsque l'on garde à l'esprit que la pêche non durable est passée de 10% dans les années 1970 à 33,1% actuellement, selon la situation de la pêche de la FAO 2018. C'est en Méditerranée et en mer Noire que l’on observe la plus forte proportion de stocks exploités à un niveau biologiquement non durable. Dans ces zones, la pêche non durable représente 62,2% des stocks. 
Autres conséquences immédiates du réchauffement climatique, la fonte des glaciers responsables la remontée du niveau de la mer. Avec un réchauffement limité à 1,5°C, le niveau de la mer montera entre 26 et 77 centimètres d'ici 2100. 

Dangereuse montée des eaux de mer
À cette élévation, il faudra ajouter 10 centimètres avec un réchauffement de 3°C augmentant de 10 millions le nombre de personnes menacées par la montée des eaux. Avec un réchauffement de 1,5 °C, 70 à 90% des récifs coralliens disparaîtraient, alors qu’avec un réchauffement de 2 °C, la quasi-totalité (plus de 99%) serait anéantie. À considérer ces chiffres, cités uniquement à titre d'exemple, l'Organisation mondiale de la météorologique a eu ce commentaire, c'est un rapport historique sur le changement climatique et un appel au réveil sur les énormes défis et les avantages de la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C face aux menaces croissantes de la hausse des températures. Le Secrétaire général de l'Organisation mondiale de la météorologie, Petteri Taalas rappelle que d'après le rapport, les émissions mondiales de dioxyde de carbone devraient diminuer d'environ 45% par rapport aux niveaux de 2010 d'ici 2030. Le rapport indique que les émissions nettes nulles de dioxyde de carbone doivent être atteintes d'ici 2050. «Cela signifie que les émissions restantes devront être équilibrées en éliminant le CO2 de l'atmosphère. 
L’efficacité de telles techniques n’est pas prouvée à grande échelle et certaines peuvent comporter des risques importants pour le développement durable», note le rapport du GIEC. Cependant, il est indiqué dans le rapport du GIEC que la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 °C nécessiterait des transitions «rapides et de grande envergure» dans les domaines de l’aménagement du territoire, de l’énergie, de l’industrie, du bâtiment, du transport et de l’urbanisme. 
Un point positif quand même dans cette série de chiffres alarmants : la solution existe :  «il n'y a pas de temps à perdre», a prévenu le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. «Il n'est pas impossible de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, nous dit le rapport du GIEC. Mais il faudra une action urgente, collective, et sans précédent dans tous les secteurs» a souligné le patron de l'ONU. «Nous devrons rapidement faire passer l'économie mondiale sur une voie telle que celle-ci. Au cours des 10 à 20 prochaines années, il faudra transformer nos systèmes énergétiques, agricoles, urbains et industriels, faire participer les acteurs non étatiques et intégrer l'action climatique dans le cadre plus large des politiques publiques qui portent également sur l'emploi, la sécurité et la technologie» a également réagi la Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Mais quid de l'Afrique, le continent le plus vulnérable au dérèglement du climat ? L’Afrique est le continent avec la plus importante Prévalence de la sous-alimentation, qui affecte près de 21% de la population, soit plus de 256 millions de personnes. L'ONG Oxfam rappelle qu'en juillet dernier, l’Afrique a très probablement enregistré son record de température le plus élevé à Ouargla, dans le sud de l’Algérie, avec 51,3°C. 
Selon l'ONG, il existe suffisamment de preuves qui montrent que des températures plus élevées liées au changement climatique ont aggravé la sécheresse et la catastrophe humanitaire en Afrique de l’Est. Dans cette partie du continent, la sécheresse de l’an dernier a conduit plus de 13 millions de personnes à vivre dans une situation alimentaire dangereuse. «Même avec 1,5°C de réchauffement, les impacts climatiques en Afrique de l’Ouest seraient dévastateurs. Les rendements du blé pourraient chuter de 25%, et une hausse de 1,5°C des températures pourrait faire de Lagos, au Nigeria, une nouvelle ville souffrant de stress thermique, comme New Delhi en Inde», poursuit ,le communiqué d'Oxfam.

L'Afrique plus que jamais menacée
En Afrique subsaharienne, 1,5°C de réchauffement d’ici les années 2030 pourrait faire qu’environ 40% des zones actuelles de culture du maïs ne seraient plus adaptées aux variétés actuelles. Avec un réchauffement inférieur à 2°C d’ici les années 2050, la production agricole totale pourrait être réduite de 10%. 
À 2°C de réchauffement, des chaleurs extrêmes jamais connues auparavant pourraient affecter 15% de la superficie territoriale de l’Afrique subsaharienne à la saison chaude, provoquant des décès et compromettant la capacité des agriculteurs à produire des cultures.
Enfin, si la température globale augmente de plus de 2°C avant la fin du siècle, d’ici 2050 les températures diurnes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient pourraient atteindre 46°C les jours les plus chauds, une situation potentiellement mortifère, conclut l'ONG.  «Nous avons remis le message aux gouvernements, nous leur avons donné les preuves, à eux de voir» a conclu le GIEC. 

Lisez nos e-Papers