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Écœurée en finale de l’édition 2006 par l’Italie, puis battue par le Portugal en finale de l’Euro dix ans plus tard, la France avait payé les frais de son jeu ouvert, voire fantaisiste, face à des équipes pas forcément meilleures. Mais ce dimanche 15 juillet, au stade de Loujniki, sous le regard de l’un des Chefs d’État les plus pragmatiques au monde (Vladimir Poutine), les Bleus ont montré qu’ils avaient complètement assimilé la leçon et ont fait preuve d’un réalisme accablant, chirurgical, glacial et désarmant. Assiégés d’emblée par la machine croate et sa ligne médiane ultra-dominatrice, les hommes de Didier Deschamps ont choisi de laisser faire l’adversaire et de répliquer de la façon qu’ils maîtrisent : les contres.
Mais avant cela, la malice de Griezmann allait débloquer le compteur à la 18e minute. Après avoir décroché un coup franc discutable à quelques mètres du carré de la Croatie, l’attaquant de l’Atletico de Madrid a envoyé le ballon sur la tête de Mandzukic qui a trompé son propre gardien. Largement en possession, les coéquipiers de Modric égaliseront après une balle arrêtée, qui a été conclue par Perisic d’un tir croisé et sec vers le poteau gauche de Lloris. Le VAR permettra ensuite à la France de terminer la première période avec un léger avantage, lorsque l’arbitre argentin Nestor Pitana sifflait un penalty à la 37e minute après avoir consulté l’écran. Une sentence transformée avec succès par Griezmann.
La France tue la Croatie par l’arme de l’Italie et du Portugal
De retour des vestiaires, les deux sélections reproduiront exactement les mêmes schémas, avec une Croatie qui occupe 70% de la surface du terrain et une France encore plus recroquevillée sur elle-même. Une situation qui a offert plus d’espaces à Mbappé pour faire parler la poudre et esquinter les défenseurs croates avec sa vitesse fulgurante. C’est ainsi qu’il servira dans la boite sur le but du 3-1 signé Pogba (59e), et qu’il marquera le quatrième but d’un tir des 30 mètres (65e) qui a cloué Subasic au sol. Du haut de ses 19 ans, le jeune fer-de-lance du PSG aura définitivement marqué les esprits et postulé pour figurer dans le trio final candidat au Ballon d’Or. Lloris fera une bourde à la 69e minute en ratant son crochet face à Mandzukic qui réduira le score, mais la Croatie ne parviendra plus à dépasser le rideau défensif français et cèdera, malgré des statistiques entièrement en sa faveur (le double du nombre de passes et de tirs par rapport à la France, 61% de possession, 100 km courus contre 99…). La sélection au damier peut quand même se consoler d’avoir réussi la meilleure prestation de son histoire en Coupe du monde, avec des joueurs déjà élevés au rang de légendes comme Modric, Rakitic, Perisic, Vida ou encore Mandzukic. La France, elle, a finalement pris sa revanche sur le destin et a appris de ses échecs pour soulever son deuxième trophée. Un titre qui panse donc les blessures des finales du Mondial 2006 et de l'Euro 2016. D’où la reconnaissance exprimée par les Français à cette équipe et son entraîneur. L’image du Président Emmanuel Macron baisant la tête de Kylian Mbappé en cérémonie de remise des médailles immortalise d’ailleurs ce sentiment.
