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«Nous ne disposons que de 35 semaines par an pour la Botola et la Coupe du Trône»

La programmation des matchs au Maroc est souvent critiquée de toutes parts. Pour en savoir davantage sur la mise en place du calendrier du football national, nous avons rendu visite à Abderrahmane Bekkaoui, secrétaire général de la Ligue professionnelle, chargé de la programmation. Un entretien exclusif qui jette la lumière sur des aspects peu ou pas connus du grand public.

«Nous ne disposons que de 35 semaines par an pour la Botola et la Coupe du Trône»
Ph Saouri

Le Matin : Comment établissez-vous le calendrier annuel de la Botola D1 ?
Abderrahmane Bekkaoui :
Beaucoup de gens parlent de la programmation et chacun y va de son commentaire, sans avoir en main l’ensemble des éléments. Avant d’établir le calendrier, nous prenons en compte un certain nombre de paramètres. Certains sont connus et d’autres pas. On se réfère au règlement des compétitions qui stipule que le coup d’envoi de la saison est donné en juillet et sa fin en juin, c’est-à-dire une année complète. Des gens critiquent la programmation, mais la majorité d’entre eux ne savent même pas combien de semaines existent dans une saison footballistique. Nous avons au total de 52 semaines. Si on retranche les semaines où le championnat fait relâche en été et en hiver, il n'en reste que 42. Sur ces 42, on va ensuite enlever les dates FIFA connues d’avance et les dates de la CAF pour les clubs marocains engagés dans les compétitions africaines. Il ne reste en fin de compte que 35 semaines où il faut programmer et les matchs de la Botola et ceux de la Coupe du Trône.

Si vous savez tout cela par avance, alors comment se fait-il que nous ayons ce nombre incalculable de matchs reportés ?
Cette année est une année de transition pour les compétitions de la CAF suite aux recommandations du symposium du football africain qui s’est déroulé au Maroc en 2017. L’édition de la Ligue des champions et de la Coupe de la CAF a débuté en décembre pour s’achever en mai 2019. Auparavant, on exploitait le mois de décembre pour purger les matchs en retard. Cette année, ce n’est pas possible parce que la CAF a programmé des matchs interclubs durant cette période de l’année. En plus de ça, nous avons les matchs de la Coupe arabe de football auxquels ont pris part les équipes du Raja, du Wydad et du Fath Union sport. Le Raja est encore en lice dans cette compétition et nous lui souhaitons bonne chance. Tous ces facteurs ont contribué à l’accumulation des matchs en retard. On avait prévenu en juillet dernier les équipes engagées en compétitions africaines et arabes qu’elles pourraient avoir à disputer 52 matchs. Et je pense que le Raja va atteindre ce chiffre s’il va jusqu’au bout. En Coupe arabe, ce n'est qu'après le tirage au sort qu’on fixe la date des matchs. Ce sont donc des choses qu’on ne peut pas prévoir. L’autre facteur responsable du report des matchs est l’augmentation du nombre d’équipes marocaines engagées en Coupe africaine. Dans un championnat à 16 équipes, si vous avez 5 qui jouent l’Afrique, vous avez automatiquement 5 matchs reportés. Il ne vous reste donc que 3 matchs à programmer. Auparavant, seules deux équipes participaient et elles étaient souvent très vite éliminées. Mais nous avons pris toutes les mesures pour apurer l’ensemble des matchs.

Plus de vingt matchs sont reportés, quand pourra-t-on apurer l’ensemble de ces rencontres ?
L’article 20 du règlement des compétitions oblige les clubs à respecter le calendrier des matchs et journées tel qu’établi par la FRMF (…). Pour les matchs aller qui ne peuvent pas se dérouler à la date initialement prévue, et qui sont remis ou à rejouer, la FRMF ou la structure de gestion délégataires fixera, en règle générale, la rencontre à la première date disponible, avant la fin de la phase aller du calendrier de ladite compétition, et dans tous les cas avant le démarrage de la phase retour. Dans tous les cas, on est obligé de respecter le règlement. Je vous assure donc que l'ensemble des matchs de la phase aller seront disputer avant le début de la phase retour. Le Raja, qui a le plus de matchs en retard, devra les jouer avant le 9 janvier, sauf sa rencontre contre l'AS FAR, qui sera programmée après le 9 janvier, parce que le club casablancais sera en lice à cette date en Coupe de la CAF. D'ailleurs, les cinq clubs marocains engagés en compétitions africaines ne pourront pas bénéficier de la trêve hivernale en raison de leurs engagements dans les compétitions de la CAF. On va attendre le tirage au sort des Coupes africaines pour pouvoir programmer ce match. Automatiquement après ce match, on va programmer la 15e journée de la Botola. Ce n'est qu'après cette 15e journée qu'on va entamer la phase retour».

La fermeture des stades a-t-elle une quelconque répercussion sur la programmation ?
Effectivement, la fermeture des stades a des répercussions sur la programmation. Nous avons envoyé le programme aux clubs depuis un mois pour qu'ils prennent leurs précautions, parce que certains savaient déjà que leur propre stade allait être fermé. Certes, il faut faire des travaux pour mettre à niveau les stades, mais il faut le faire au moment opportun pour que cela n’ait pas d’incidence sur la programmation des matchs de la Botola.

Vous avez cité un certain nombre de causes qui ont engendré les retards (Coupes africaines, dates FIFA, Coupe arabe des clubs…). Mais c’est pareil en Europe où plusieurs clubs dans un championnat jouent des compétitions européennes, et pourtant, le calendrier est respecté à la lettre. Pourquoi est-ce que c’est difficile chez nous ?
En Europe, les clubs ont généralement des effectifs pléthoriques qui leur permettent de jouer sur plusieurs tableaux. Les moyens de transport en Europe sont assez développés. Un club peut se déplacer pour disputer son match et revenir dans la journée. Une équipe peut même se déplacer le jour même du match pour le disputer et revenir dans la nuit. Cela est impossible en Afrique où il vous faut plusieurs jours pour faire un déplacement. Il nous faut par exemple attendre les résultats du tirage au sort pour savoir si l’adversaire est dans un pays proche ou lointain et si le déplacement de l’équipe va prendre deux ou plusieurs jours. C’est un élément qui a un impact considérable sur la programmation. Actuellement, cinq clubs marocains sont engagés en Coupes continentales et ils sont obligés de recevoir leurs adversaires dans la même semaine, ce qui repose encore une fois la problématique des stades. Le Hassania par exemple, si on lui demande de jouer à Tanger, c’est une distance immense et un véritable handicap. Du côté physique, en Europe, les joueurs ont une grande capacité d’endurance, alors que chez nous, malheureusement, un joueur qui joue plusieurs matchs successifs risque de finir les matchs sur les rotules. La solution serait une préparation physique en phase avec le développement du football national. On ne peut pas attendre la semaine du match pour préparer un joueur physiquement. On doit raisonner en termes d’années de préparation, à partir de l’âge de 12 ou 13 ans, plutôt que de soumettre un joueur à une préparation physique intense. 

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