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«Une échographie bien faite, c’est une femme et un fœtus sauvés»

Le spécialiste marocain en radiologie Mustapha Akiki a remporté le Prix du meilleur poster, lors des troisièmes journées d’imagerie de la femme et du fœtus organisées par le Collège national des gynéco-obstétriciens de France. Son diagnostic a permis de sauver un fœtus de 7 mois souffrant d'une occlusion intestinale par volvulus de l’intestin grêle.

«Une échographie bien faite, c’est une femme et un fœtus sauvés»

Le Matin : Vous avez remporté récemment un Prix pour une échographie que vous aviez réalisée. Pouvez-vous nous en parler ? 
Mustapha Akiki :
C’est le premier Prix de poster, remporté lors des troisièmes journées d’imagerie de la femme et du fœtus organisées au mois de juin par le Collège national des gynéco-obstétriciens de France. Il correspond au meilleur poster sur 200 travaux présentés à Paris. Il consiste en une observation assez exceptionnelle, une première au Maroc, chez un fœtus de 7 mois qui avait une occlusion intestinale par volvulus de l’intestin grêle. Grâce au diagnostic précis avec échographie et IRM, on a sauvé la petite qui ne pouvait pas attendre la date d’accouchement. On a procédé à une césarienne puis une intervention chirurgicale sur l’intestin qui était déjà en voie de nécrose. Après quelques jours de réanimation, le bébé a quitté la clinique. Le diagnostic ainsi que la prise en charge post thérapeutique ont été félicités par les experts à Paris.

Pouvez-vous nous donner plus de détails sur l’importance  de l’échographie dans le suivi de grossesse ?
À l’échelle internationale, il y a des recommandations pour le suivi des grossesses pour éviter les problèmes chez les femmes enceintes et les bébés. Il faut au moins trois échographies bien faites. La première doit être réalisée au premier trimestre entre 11 et 14 semaines. Elle permet de dater la grossesse pour plus tard extraire l’enfant au bon moment. Cette échographie permet également l’analyse précise du fœtus. On peut avoir une idée sur tous les organes, notamment les mains, le cœur, le système nerveux central… 
La deuxième échographie doit se faire entre 22 et 24 semaines. Elle nous permet une précision plus poussée. Elle permet d’analyser de manière précise l’évolution et aussi les malformations graves. Si ces dernières ne sont pas réparables, au moins les parents sont au courant pour prendre le cas échéant les décisions qu’il faut. La troisième échographie se fait entre 32 et 34 semaines. Ces échographies doivent être faites avec un cahier des charges bien précis qui nous permet d’avoir une analyse approfondie. On insiste de plus en plus sur l’échographie du premier trimestre, car malheureusement, certaines femmes, notamment dans la santé publique, ne font que la dernière échographie.

Que faites-vous pour encourager les bons examens échographiques pendant la grossesse ?
L’échographie est devenue un outil de travail obligatoire, que ce soit en santé publique ou privée. C’est un droit. On a un partenariat avec le ministère de la Santé par la prise en main des médecins généralistes des centres de santé qui ont la charge de suivre les femmes enceintes. On leur donne la base de l’échographie. Malheureusement, j’ai remarqué que certains centres de santé n’avaient pas le personnel formé et que d’autres n’avaient pas de matériel. J’ai aussi créé autour de moi une dynamique sous forme d’un cercle de personnes qui s’intéressent particulièrement au créneau de l’échographie, dont des gynécologues, pour une collaboration multidisciplinaire en matière de médecine fœtale. On partage les connaissances avec les médecins du secteur privé, mais ce qui me fait plaisir c’est le partenariat avec la fonction publique. Je voudrais que ce partenariat, limité pour l’instant à Casablanca, soit généralisé à tout le Maroc. Une échographie bien faite, c’est une femme et un fœtus sauvés.

Qui doit faire l’échographie au cours de la grossesse ?
L’échographie est réalisée par des gens de compétences différentes. Le gynécologue est le médecin de première ligne qui fait le diagnostic et assure le suivi de la grossesse. Mais dès qu’il y a une anomalie, il demande une échographie focalisée par un spécialiste de l’échographie, le médecin référent. Parfois, on demande une échographie hyperspécialisée. 
À titre d’exemple, dans le cas de malformation cardiaque complexe, on demande l’avis d’un cardiopédiatre qui ne fait que de la cardiologie du fœtus pour faire un bilan et donner un pronostic. Dès qu’il y a une anomalie, on passe la main à un échographiste chevronné. 

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