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«Les entreprises ont besoin d’une loi de modernisation de l’économie»

Euler Hermes considère que le projet de loi de Finances 2019 ne répond qu’en partie aux enjeux de l'environnement des affaires et aux défis structurels du pays. Pour le spécialiste mondial de l’assurance-crédit, les entreprises ont surtout besoin d’une loi de modernisation de l’économie afin de faire face aux inefficacités multiples qui jalonnent leur cycle de vie. Euler Hermes salue, par ailleurs, la volonté du gouvernement de s’attaquer aux arriérés et retards de paiement des entreprises publiques. Il recommande que la nouvelle charte de l’investissement mette l’accent sur le digital.

«Les entreprises ont besoin d’une loi  de modernisation de l’économie»
«Avoir un investissement de 30% du PIB et n’obtenir qu’une croissance de 3% en moyenne souligne les inefficacités multiples qui jalonnent le cycle de vie d’une entreprise marocaine», souligne Ludovic Subran.

Le Matin-Éco : Que pensez-vous globalement du projet de loi de Finances (PLF) 2019 ?
Ludovic Subran :
Donnons-lui le gage des bonnes intentions. La priorité accordée aux politiques sociales – éducation et santé – parait judicieuse dans un pays où le chômage concerne encore 10% de la population, particulièrement les jeunes. La volonté de réduire les déficits publics est également la bienvenue, car nous anticipons que le déficit atteindra -4,5% du PIB en 2018, soit une dégradation de 1 point de PIB par rapport à 2017. Sur la durée un déficit trop conséquent serait de nature à détériorer la confiance dans le MAD (dirham marocain, ndlr). Ensuite, il y a ce que l’on a envie d’apprécier, mais sur lequel on demande des actes. Le PLF est une chose, mais une loi de modernisation de l’économie ne serait pas de trop. Les entreprises ont clairement besoin de cela. Avoir un investissement de 30% du PIB en moyenne et n’obtenir qu’une croissance de 3% en moyenne souligne les inefficacités multiples qui jalonnent le cycle de vie d’une entreprise marocaine.

Est-ce que le PLF 2019 répond aux enjeux de l'environnement des affaires, de l'entrepreneuriat et aux défis structurels ?
Pas totalement, mais ce n’est pas non plus son seul objet. Il est intéressant de remarquer, en parallèle, l’adoption de mesures de simplification administrative. Réduire les barrières aux importations est un élément majeur, d’autant plus quand le pays voisin (l’Algérie) suit la trajectoire opposée. Si le Maroc souhaite renforcer son statut de hub industriel et l’élargir à d’autres secteurs, il devra en passer par là. Et puis il y a ce qu’un budget peut faire. Dans ce cadre, on a besoin d’un État stratège et la nouvelle charte de l’investissement va dans ce sens. Si nous devions mettre en exergue juste une des initiatives qu’une telle charte se doit de comporter, ce serait l’investissement dans le digital. Ici, la clé du succès est de réunir un climat des affaires favorable et une prédisposition au digital dans le système éducatif, ce que le Maroc ne fait pas parfaitement pour le moment : le pays se situe au 77e rang de notre classement sur le digital : «Enabling digitalization index d’Euler Hermes». 

Quelles perspectives pour les entreprises marocaines à la lumière des mesures proposées par le PLF 2019 ?
On aimerait les qualifier de radieuses et, honnêtement, elles peuvent le devenir. Mais, le chantier des délais de paiement est fondamental. 
Dans ce cadre, le premier des leviers est l’exemplarité. On ne peut que saluer la volonté du gouvernement de s’attaquer aux arriérés et retards de paiement des entreprises publiques. Des délais de paiement trop longs (84 jours en moyenne dans le pays en 2017) sont le cancer d’une économie, surtout si on considère que la croissance du pays n’est pas régulière. Lorsque celle-ci ralentit, le risque d’un accroissement des stocks porte le germe d’une montée des défaillances. Certes, beaucoup d’entreprises ont été créées ces dernières années au Maroc, mais beaucoup n’ont pas survécu. Comment pourrait-il en être autrement lorsque vos créanciers sollicitent un paiement au comptant et que vous êtes payés à 84 jours ?

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