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Exposition collective de huit artistes marocains

Le Musée Rudolph Tegner (60 km au nord de Copenhague) abrite actuellement une exposition collective de huit artistes marocains sous le signe «Tegner et le Maroc : l’art contemporain marocain».

Exposition collective de huit artistes marocains

Fruit d’un travail de longue haleine entamé il y a plus près de trois ans, cette exposition, qui se poursuivra jusqu’au 31 octobre prochain, réunit les œuvres de trois artistes d’origine sahraouie, en l’occurrence Etayeb Nadif, Hamza Errachid Sfart et Manna Idaali qui, ensemble, livrent des fresques teintées d’une coloration locale et régionale fortement typée par un héritage nomade aux tonalités amazighes bien ciselées.
À ces œuvres, s’ajoutent le travail provocateur d’Ismail Ahendouz avec sa propension à mélanger, dans des installations et des collages, des fragments d’histoires et des éléments de la culture populaire, les dessins, les posters et les montages sur CD de Youssef Oussaid ou les performances de Youssef Ouchra qui évoquent des thématiques existentielles et parfois spirituelles.
L’exposition donne également à voir les expérimentations artistiques de Hassan Darsi et de Fatiha Zemmouri avec à la clé une riche panoplie d’installations, de vidéos et d’œuvres novatrices in situ, au pied des immenses sculptures du célèbre artiste danois Rudolph 
Tegner (1873-1950) qui, au fil de ses nombreux voyages dans les pays d’Orient, a séjourné avec son épouse Elna au Maroc à deux reprises (Tanger 1905 et à Marrakech notamment entre 1948 et 1949).

Dans une allocution de circonstance, Louise Gomard, la directrice du Musée Tegner (aménagé sous forme d’un bunker avec des motifs qui rappellent les portes de Marrakech), est revenue sur la genèse de cette exposition pour s’interroger si Tegner aurait pu de son vivant découvrir la vitalité de ces artistes marocains, une question à laquelle on ne saurait répondre.
«Ce que l’on sait vraiment est que les huit artistes sélectionnés représentent notre meilleure prise pour leur présentation de la scène artistique marocaine contemporaine. Enraciné dans sa propre culture avec un regard sur les connotations de l’Occident, l’art contemporain marocain comble le fossé entre les expressions artistiques arabe et occidentale. Et si les artistes sont une sorte de sismographes, qui détectent les tendances et les mutations sociétales devant le public, ceci est de bon augure pour l’avenir», a-t-elle souligné.
Même son de cloche du côté de l’ambassadeur de Sa Majesté le Roi au Danemark, Khadija Rouissi, pour qui l’hommage rendu à l’art contemporain marocain aujourd’hui démontre comment le travail de networking et de brassage culturel peut vraiment déboucher sur des réalisations grandioses.
Au vu des efforts déployés par le Maroc en faveur de l’expression artistique, notamment avec l’inauguration par Sa Majesté le Roi du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain à Rabat, Rudolph Tegner aurait certainement vu une scène artistique en pleine ébullition, a-t-elle dit, faisant part de sa fierté de voir le Musée Tegner s’inspirer des anciens riads que l’artiste a visités lors de son séjour au Maroc.

Évoquant la célèbre sculpture inachevée de Tegner «L’aveugle de Marrakech», elle a soutenu que l’art transcende les frontières, rapproche les gens et les cultures et montre le chemin du partage, grâce à sa force d’interaction portée par l’amitié et la connaissance mutuelle. Si cette exposition a réussi le pari de faire connaître une partie de l’expression artistique marocaine au Danemark, tout en faisant mieux connaître l’œuvre de Tegner au Maroc, l’espoir est désormais permis de voir des artistes danois organiser des expositions au Maroc pour célébrer ensemble cette relation artistique exceptionnelle entre les deux Royaumes, 
a-t-elle relevé. De son côté, Johan Zimsen Kristiansen, historien de l’art et curateur de l’exposition, a indiqué dans une déclaration à la MAP que l’idée n’en est pas d’établir un dialogue prédéterminé entre le Maroc et l’œuvre de Tegner, mais plutôt de créer un espace où l’histoire de l’art s’accommoderait de la présence de l’art contemporain marocain dans toute sa vitalité. Car, a-t-il expliqué, «l’art contemporain marocain n’est pas nécessairement animé par le désir d’observer l’Autre, mais peut-être par la volonté de voir et de percevoir un ébranlement, une percée, une révolte, une secousse dans le rapport à l’œuvre artistique et à nos propres idées bien établies». 

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