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«Il faut que les valeurs cardinales de l’homme se conjuguent à celles des femmes pour faire une grande entreprise»

Dans cet entretien, Brahim Benjelloun Touimi, administrateur directeur général exécutif du Groupe BMCE Bank Of Africa et président de Bank of Africa, enlève sa casquette de financier et nous parle de leadership féminin et de parité ainsi que des défis du groupe pour promouvoir la place de la femme en entreprise.

«Il faut que les valeurs cardinales de l’homme se conjuguent à celles des femmes pour faire une grande entreprise»
Brahim Benjelloun Touimi, administrateur directeur général exécutif du Groupe BMCE Bank Of Africa et président de Bank of Africa.

Éco-Emploi : Comment évaluez-vous l’évolution du leadership féminin au Maroc ?
Brahim Benjelloun Touimi
: Je vais parler en tant que citoyen. Je trouve très sincèrement que le leadership féminin, en sens général c’est-à-dire concernant l’ensemble des secteurs, est en bonne voie. Le Maroc, me semble-t-il, donne parfois l’impression d’avancer lentement, mais il le fait sûrement. Depuis la Moudawana et l’article 19 de la Constitution marocaine qui établit l’égalité homme/femme, je crois que nous sommes véritablement parés, du point de vue institutionnel, par rapport à ce leadership et cette parité. Le leadership on le sent dans tous les secteurs. Je ne peux citer toutes ces femmes qui occupent des positions éminentes, même si nous n’avons pas besoin d’occuper de positions éminentes pour être éminent en tant que femme. On le voit d’ailleurs dans les familles, où j’ai l’impression que l’homme représente l’apparence du pouvoir alors que la femme est la réalité du pouvoir. Je crois donc qu’il faut se réjouir désormais du fait que les textes de loi sont là et qu'ils rejoignent une réalité qui évolue formidablement pour asseoir la place de la femme. J’ai été très marqué quand le Roi Mohammed VI a consacré un de Ses premiers discours à l’égalité homme/femme et pendant toutes ces années, le statut de la femme a considérablement évolué, mais il y a tant à faire encore.    

Quels sont les grands défis  à relever pour une meilleure représentativité féminine dans les postes de responsabilité ?
Je dirais que ce sont des défis immatériels relatifs surtout aux mentalités. Au premier chef, il y a la question de la confiance, c’est-à-dire la confiance des femmes en elles-mêmes. Elles exercent le «smart power», le «soft power», je dirais presque le «gentle power», avec la capacité d’être plus souvent très efficiente parce que la manière de manager est plus consensuelle, sans doute moins égocentrique que les hommes, et ça c’est un homme qui le dit. Mais, les défis ne sont pas liés aux textes, puisque le Maroc dispose de toutes les lois adaptées et puis il y a des institutions comme la nôtre qui dès l’origine, c’est-à-dire en inscrivant la responsabilité sociale de l'entreprise (RSE) au cœur de sa stratégie, a précisément fait de cette égalité entre hommes et femmes une priorité, que cela touche à l’égalité dans le recrutement, à la formation professionnelle, à la mobilité... Ce sont donc des défis de culture et de mentalités.  
Il faut par conséquent donner des signaux forts, à l’instar de ce que fait la BMCE qui va d’ailleurs annoncer cette année un politique genre basée sur quatre axes : d'une part nous avons l'axe ayant trait à l’égalité et la promotion de l’inclusion financière des femmes. Sur ce point, je note que c’est en partenariat avec la Banque européenne de reconstruction et de développement que nous avons mis en place le programme «Women in business» qui contribuera à marquer l’engagement de notre groupe pour promouvoir l’inclusion financière des femmes. 
D’une autre part, l’employeur doit être conscient de ces axes et finalement l’axe relatif à la gouvernance, on parle ici du défi de briser le plafond de verre sans que ce soit tranchant, il faut le faire avec beaucoup de doigté. Il me semble donc qu’il y a beaucoup de choses à faire dans le paysage économique au Maroc. Nous l’avons fait au sein de la banque que ce soit au niveau des ressources humaines, du département des relations avec l’étranger, de la banque privée, du bureau de la présidence, de la direction régionale majeure, celle de Marrakeh… tous ces pôles sont dirigés par des femmes. Le challenge est maintenant lié aux instances de gouvernance, notamment au niveau du conseil d’administration. Et nous pouvons déjà nous enorgueillir d’avoir une femme administratrice. Certes, ce n’est pas suffisant, mais le chemin est déjà tracé par le président Othman Benjelloun et sans doute on en aura d’autres. Donc, pour moi le défi est davantage lié au changement des mentalités et les entreprises, en particulier du secteur privé, qui peuvent jouer le rôle d’un accélérateur considérable. Il faut aussi encourager l’adhésion à des accords internationaux qui promeuvent la politique genre. 
Ce sont, en effet, des voies à prendre pour accélérer les changements de mentalités qui permettraient une meilleure promotion du leadership 
féminin.

BMCE Bank a fait de la question de la parité une de ses priorités. Comment cela se traduit-il au niveau du management ?
Oui, à la BMCE Bank of Africa des postes clés sont confié à des femmes. 
Et à mon sens, le management féminin est caractérisé par une capacité d’arriver à des consensus, à pratiquer un management qui rassemble, à être multiprocesseur, le perfectionnisme… tout cela fait qu’une entreprise à la possibilité de faire prévaloir l’égalité et permettre à toute structure de s’enrichir fondamentalement grâce aux compétences féminines. 
En somme, je pense qu’une société composée uniquement de femmes ou uniquement d’hommes est contre-productive. La communauté humaine est composée de femmes et d’hommes ensemble qui agissent en coordination. 
Il faut que les valeurs cardinales de l’homme se conjuguent à celles des femmes pour faire une grande entreprise.

BMCE Bank est connue pour son soutien aux jeunes, les leaders de demain. Pensez-vous que la nouvelle génération de femmes brisera ce plafond de verre ?
C’est exact, la BMCE Bank veille à la promotion des jeunes. Au-delà de tous les produits, je cite un signal très fort qui est le lancement en février 2014 par le président Othman Benjelloun, à l’occasion du Global Leadership Summit, de l'African Entrepreneurship Award. Nous sommes maintenant à la quatrième édition et c’est extraordinaire de voir cette jeunesse africaine, représentant 132 pays, dont le Maroc, briller et de constater que l’élément féminin est très présent avec près de 40% du nombre de participants.  Elles ont franchi tous les tabous dans une perspective de féminisation des jobs. On est donc dans l’efficience et le pragmatisme au service de la communauté. Et sans aucun doute, la touche féminine permet d'appréhender les éléments nécessaires qui serviront les intérêts de la communauté. 
Alors oui, cette nouvelle génération réussira à briser le plafond de verre sans dégâts, car l’objectif n’est pas d’arriver à une guerre entre les sexes. Ce plafond de verre doit être brisé par petites touches sans coupure. Les femmes du 21e siècle sont plus digitales et ouvertes sur le monde et acquièrent une citoyenneté mondiale avec des valeurs universelles. 

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