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Une initiative féminine change la vie des femmes à Tinfou

Hassanya vit à Tinfou, à quelques kilomètres de Zagora. La population locale est fortement confrontée au chômage et à la vulnérabilité. Elle a créé une association puis une coopérative pour permettre aux femmes de sa communauté de produire des dattes et du couscous et de s'assurer ainsi des revenus.

Une initiative féminine change la vie des femmes à Tinfou

À Zagora et dans sa région, la population est fortement confrontée au chômage et à la vulnérabilité. Face à cette situation, Hassanya a décidé de dépasser les difficultés et de défier le manque de ressources financières. Elle a ainsi créé une association puis une coopérative pour les femmes de sa communauté. «Dans cette région, la seule activité économique est l’agriculture. Je ne pouvais pas rester les bras croisés et me limiter aux tâches ménagères, alors que nos ressources financières ne suivent pas le coût de la vie et les besoins des enfants», nous confie cette femme qui a arrêté ses études à la troisième année du primaire. Traditionnellement, les femmes de la région ont plusieurs activités manuelles et traditionnelles. En cherchant une issue, Hassanya s’est inspirée du modèle associatif de son entourage ou qu’elle voyait ailleurs. «Je me suis informée auprès des autorités locales sur les démarches nécessaires pour créer une association et j’ai suivi les étapes pour travailler en règle», raconte la jeune sahraouie enveloppée dans son haïk rouge aux motifs noirs. Cela fait trois ans que son association «Les femmes de Tinfou» a vu le jour. Elle compte 82 adhérentes, jeunes et âgées, qui proposent des créations textiles originales propres à la région de Zagora. Hassanya a mis en place des mesures qui ont changé la vie des femmes de Tinfou. Elles peuvent percevoir une rémunération pour des activités qu’elles considéraient comme un passetemps auparavant. Ceci leur permet de contribuer sensiblement aux revenus de leur famille, rompant ainsi progressivement avec les codes traditionnels qui considéraient l’homme comme l'unique soutien de la famille. «Les hommes ont d’abord refusé l’idée, mais ils ont accepté par la suite, notamment quand ils ont constaté que notre activité générait de l’argent», explique Hassanya.

Le revenu mensuel des «femmes de Tinfou» est estimé à 2.000 dirhams. Ce montant est réparti sur l’ensemble des adhérentes et il paraît qu’il répond à plusieurs besoins. Hassanya s’est investie davantage pour améliorer les conditions de vie de sa communauté féminine. L’année dernière, elle a créé une coopérative, «Chams» (soleil), pour commercialiser les produits locaux de la région comme les dattes et le couscous traditionnel. 42 femmes bénéficient de cette structure. La coopérative génère environ 4.200 dirhams de revenus par mois. Ce montant est réparti sur les adhérentes selon le travail de chacune. «Avant de me lancer dans cette aventure, on souffrait de la marginalisation. On ne connaissait rien, à part les travaux ménagers. Mais aujourd’hui, je suis ouverte sur plusieurs domaines grâce aux formations réservées aux associations et coopératives féminines et aussi grâce au contact avec d’autres acteurs associatifs», nous confie Hassanya.
Ce système de travail permet aux femmes de Tinfou de rester avec leurs enfants tout en réalisant leurs rêves. Elles peuvent aussi s’impliquer dans la gestion de leurs foyers. Hassanya et son équipe rêvent de créer leur propre marque. Pour ce faire, elles luttent pour une meilleure commercialisation de leurs produits. «Quand je pars en vacances chez ma famille à Casablanca, je profite de l’occasion pour vendre les produits de notre association et coopérative. J'assure aussi la livraison selon la demande», explique la jeune femme. Maman de trois filles en maternelle et primaire, Hassanya a créé plusieurs débouchés pour les femmes de son village. Aujourd’hui, elle souhaite soutenir financièrement ses filles dans leurs études pour créer une nouvelle génération de Marocaines plus épanouies. 

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