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Pourquoi l'impact sur les taux d’intérêt n'est pas uniforme

La transmission des décisions de politique monétaire vers les taux débiteurs présente une hétérogénéité significative selon l’objet économique et le secteur institutionnel. Ainsi, les taux appliqués aux facilités de trésorerie et aux crédits à la consommation sont moins flexibles comparativement à ceux adossés aux crédits immobiliers et à l’équipement, selon une étude réalisée par Bank Al-Maghrib.

Pourquoi l'impact sur les taux  d’intérêt n'est pas uniforme
L’ajustement relativement important des taux appliqués aux crédits immobiliers et à l’équipement pourrait être expliqué par la forte concurrence dans ces segments de marché.

Le taux d’intérêt est bel et bien un canal de transmission des décisions de politique monétaire. Ce qui s'est traduit par une amélioration de la concurrence sein du secteur bancaire marocain. Toutefois, cette transmission est incomplète, comme c'est également le cas dans d’autres pays, et le comportement de tarification des crédits bancaires est hétérogène selon l’objet économique et le secteur institutionnel. C’est la principale conclusion d’une étude réalisée par Bank Al-Maghrib (BAM) sur la dynamique de la transmission des décisions de politique monétaire aux taux d’intérêt de détail des banques à l’aide des données de l’enquête trimestrielle sur les taux débiteurs de BAM. En effet, indique l’étude, le pass-through (défini comme la variation en points de base des taux débiteurs engendrée par une variation de 1 point de base du taux directeur) à long terme varie entre 14 et 99%. Ainsi, la transmission vers les taux d’intérêt des prêts immobiliers et des crédits à l’équipement est complète (entre 90 et 99%). En revanche, la transmission pour les crédits de trésorerie et à la consommation est incomplète (moins de 35%). Autre conclusion : le pass-through est relativement plus important pour les prêts octroyés aux entreprises comparativement aux crédits destinés aux entrepreneurs individuels et aux ménages. S’agissant du délai d’ajustement des taux débiteurs, il varie de 1 à 7 mois en fonction de la catégorie du crédit bancaire. Cette étude fait également ressortir que la structure financière des banques n’affecte pas la transmission à long terme du taux d’intérêt interbancaire aux taux débiteurs. Par contre, elle impacte les délais d’ajustement. Ces résultats sont globalement en ligne avec les conclusions des études empiriques réalisées sur des pays avancés et des économies émergentes, relève l’auteur de l’étude. Celui-ci livre des explications sur l’hétérogénéité constatée dans la transmission des décisions de politique monétaire. Ainsi, l’ajustement relativement important des taux appliqués aux crédits immobiliers et à l’équipement pourrait être expliqué par la forte concurrence dans ces segments de marché. D’autres facteurs jouent un rôle important dans la transmission des décisions monétaires aux taux débiteurs, note BAM. Il s’agit notamment du pouvoir de négociation des emprunteurs, la capacité d’appréciation du risque de crédit, les standards des crédits bancaires (revenu minimum d’un emprunteur, taux de rendement minimum prévu pour l’accompagnement des projets d’investissement) et les conditions d’accès au financement bancaire (prime de risque de crédit, coûts non financiers du crédit, exigences en termes de collatéral, loan-to-value). Par ailleurs, la Banque centrale estime que ces progrès devraient se consolider avec l’adoption du ciblage de l’inflation à un stade avancé du processus de flexibilisation du régime de change entamé en 2018. De même, la poursuite de l’amélioration des fondamentaux macroéconomiques devrait continuer à jouer un rôle crucial dans la réduction des primes de risque et le renforcement de l’efficacité des décisions monétaires. À noter que cette étude a été conduite sur un panel de données trimestrielles qui concernent 5 banques totalisant plus que 80% du total d’actif du système bancaire marocain sur la période 2006-2017.                                          

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