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«Le livre “Parcours amoureux”, qui mixe approche sensible et approche intellectuelle de la ville, rend justice à Salé»

Les éditions Bouillon de culture ont récemment publié «Parcours amoureux de Salé». Dans ce livre, on part avec l'auteure, l'historienne Rita Aouad, à la découverte ou à la redécouverte de Salé. L’auteure nous invite ainsi à emprunter les chemins de l’histoire et de la mémoire pour découvrir la ville. Rita Baddou, éditrice et fondatrice des éditions Bouillon de culture, nous parle de cet ouvrage.

«Le livre “Parcours amoureux”, qui mixe approche sensible et approche intellectuelle de la ville, rend justice à Salé»
Rita Baddou.

Le Matin : Pourquoi le choix de la ville de Salé pour ce livre ?
Rita Baddou
: Salé est une ville aujourd’hui malheureusement méconnue. C’est pourtant une ville dont l’histoire est à la fois riche et singulière. Notre projet éditorial a eu pour vocation première de corriger cette distorsion dans la perception de Salé. Le choix de Rita Aouad, à la fois slaouie et historienne talentueuse, s’est imposé à nous. Son «Parcours amoureux», qui mixe approche sensible et approche intellectuelle de la ville, rend justice à Salé, ville prolixe, au charme discret, presque austère.

Quelle est la particularité du «Parcours amoureux de Salé» par rapport à d'autres ouvrages ?
Cet ouvrage mélange avec doigté une approche sensible – qui fait appel d’une part à la mémoire des Slaouis, et ce à chaque mot-mémoire déployé dans l’abécédaire de Rita Aouad, et, d’autre part, à une approche beaucoup plus intellectuelle, convoquée dans la première partie de l’ouvrage, qui raconte, elle, à travers cartes, portulans, gravures et plans, Salé vu du dehors. Le livre est en effet constitué de trois parties, la première est dédiée à l’apparition cartographique d’une cité atlantique (du XIIe au XVIe siècle), à la cartographie d’un port corsaire et commerçant (du XVIIe et XVIIIe siècle) et à la cité au regard de la cartographie coloniale. On y apprend que la fameuse carte d’Al-Idrissi évoquait Salé tout autant que l’Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, et que cartes pisanes, gravures italiennes et plans coloniaux font la part belle à cette ville aujourd’hui oubliée.
La deuxième partie de l’ouvrage, véritable abécédaire amoureux, égrène des termes qui résonnent puissamment dans la mémoire collective slaouie, d’«aéroport» à «zaouïas» en passant par «broderie», «coton», «corsaire», «grande mosquée», «Mellah», «Médersa», «savoirs-savants» et «rabbin», «procession des cierges», etc. Je ne vais pas ici tous les citer, ils sont trop nombreux : je laisse les lecteurs de l’ouvrage découvrir cet abécédaire amoureux où figurent des documents rares et des témoignages inédits.
La troisième partie du livre nous entraîne dans une journée à Salé, le jour de Dour Chmaâ, pour un itinéraire enchanté en photos le long de ses murailles et à travers ses ruelles et ses belles demeures. Le livre rend compte ainsi d’un nouveau souffle de la ville, qui nous ravit parce que Salé n’est pas une ville à conjuguer au passé. Par ailleurs, ce «Parcours amoureux» n’est pas une monographie de la ville, dans le sens où il a été conçu comme un ouvrage facile à lire, aux entrées multiples, consultable à l’envi. Véritable livre-objet, nous l’avons voulu aussi beau qu’intéressant, et le mélange des papiers, des intercalaires, des calques, des typographies, les partis-pris graphiques à la fois créatifs et pertinents en font, je crois, un livre pas tout à fait comme les autres.

Combien de temps la réalisation du livre vous a-t-elle pris ?
Près de deux ans, et ce délai nous a toujours semblé trop juste au regard de l’intense travail fourni par l’auteur et par notre équipe éditoriale, et du temps requis par la production complexe de ce livre-objet.

Quelles ont été vos sources pour ce livre ? Était-ce facile de trouver les documents nécessaires pour le réaliser ?
Il nous semble que c’est là un point fort de ce travail. La capacité de recherche et la rigueur scientifique de l’auteur lui ont fait explorer des fonds insoupçonnés et si divers, et le résultat de son travail se traduit par la qualité des documents qui figurent dans le livre. 
Plusieurs partenaires scientifiques nous ont ouvert leurs portes et confié leurs fonds, et nous avons mis un point d’honneur, comme l’exige la profession, à toujours respecter les droits de reproduction en citant chacune de nos sources. Celles-ci vont de la Bibliothèque Sbihi au Centre de la culture judéo-marocaine de Bruxelles ; elles comptent aussi le fonds Flandrin de la Fondation Banque Populaire, le Centre d’études arabes, la Fondation Abou Bakr El Kadiri et la Fondation Abderrahim Bouabid, sans oublier la Bibliothèque nationale de France, les Archives diplomatiques de Nantes, le Centre Georges Pompidou, ainsi que toutes les familles et leurs collections particulières.
Le «Parcours amoureux de Salé» inaugure une collection que lancent les éditions Bouillon de culture. Pensez-vous que les livres sont un investissement qui en vaut la peine ?
Oui, sans aucun doute. Chaque entreprise éditoriale est certes une véritable aventure, une prise de risque, mais nous sommes persuadés qu’un bon produit trouvera son public, et nous œuvrons à cela sans relâche. Le soutien de l’Académie du Royaume du Maroc nous a doublement confortés, comme véritable caution scientifique à notre travail d’abord, mais aussi pour son soutien financier pour la production assez coûteuse de cet ouvrage, sachant que nous n’avons jamais lésiné sur la qualité pour obtenir le meilleur. Nous vous donnons rendez-vous en tout début d’année prochaine, avec la sortie de «Parcours amoureux d’Agadir», suivront ensuite ceux de Rabat, de Sijilmassa, de Meknès…

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