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L’Unicef tire la sonnette d’alarme

Aujourd’hui démarre le sommet de Marrakech pour l’adoption du Pacte mondial sur les migrations. À cette occasion, l’Unicef a publié vendredi dernier des données alarmantes issues d’une enquête menée auprès de quelque 4.000 enfants et jeunes réfugiés et migrants. D’après, l’organisation onusienne, cette catégorie d’enfants fait état de graves privations durant leur déplacement.

L’Unicef tire la sonnette d’alarme

« e suis tellement habitué à souffrir que ça me semble normal maintenant», c’est avec cette phrase poignante et tellement expressive d’un jeune migrant kenyan qu’a commencé l’Unicef son rapport sur les résultats d’une enquête menée auprès de quelque 4.000 enfants et jeunes réfugiés et migrants âgés de 14 à 24 ans. Ce rapport, intitulé «A Right to be Heard : Listening to Children and Young People on the Move» (Le droit d’être entendus : à l’écoute des enfants et des jeunes en mouvement), fournit un aperçu alarmant des difficultés et des privations subies par les jeunes réfugiés et migrants durant leur périple à la recherche de sécurité et d’une vie meilleure. Il révèle que plus de la moitié de ces jeunes ont indiqué avoir été forcés de quitter leur pays.
Quelque 44% d’entre eux sont partis seuls. «Pendant que les responsables politiques se querellent sur les migrations, 4.000 enfants et jeunes déracinés nous disent manquer de soutien. Nous devons faire de grands progrès pour écouter ces enfants qui jouent leur vie et échanger avec eux.

Cette enquête nous montre que les enfants déracinés peuvent nous apprendre beaucoup de choses sur leurs besoins et leurs vulnérabilités, pour peu que nous soyons disposés à les écouter», déclare Laurence Chandy, directeur des données, de la recherche et des politiques de l’Unicef. Et d’ajouter que «Nous ne pouvons pas empêcher les migrations, mais nous pouvons éviter les dangers et la discrimination qui pèsent sur les enfants réfugiés et migrants. Les États ont l’occasion de rendre les migrations sûres. Les engagements et les mesures proposés dans le Pacte mondial sur les migrations, notamment le fait de faire valoir l’intérêt supérieur de l’enfant en toutes circonstances et d’inclure les enfants migrants dans les systèmes nationaux de protection de l’enfance, sont à la fois pratiques et réalisables. Le Pacte mondial sur les migrations constitue un “mode d’emploi” pour les autorités locales et nationales sur les bonnes pratiques et les approches à adopter dans l’intérêt des enfants déracinés».  

D’après le rapport de l’Unicef, près de 90% des jeunes ayant participé à l’enquête se trouvaient dans des pays situés en Afrique, en Asie et en Europe. Leurs réponses provenaient donc de pays de départ des migrants et des réfugiés, tels que la République arabe syrienne ou l’Ukraine, par exemple, ou de pays d’accueil, comme l’Allemagne, la Turquie ou l’Ouganda. L’enquête révèle que 57% des participants ont été forcés de quitter leur pays à cause de la violence ou d’un conflit, 44% des participants ont quitté leur pays seuls, 58% des participants ont indiqué avoir perdu une ou plusieurs années de scolarité, 49% des participants ont indiqué ne pas avoir vu un médecin quand ils en avaient besoin et 38% des participants n’ont reçu aucune aide de personne, que ce soit de leur famille, de leurs amis ou des institutions. «Si cette enquête n’est pas représentative de l’expérience vécue par tous les jeunes réfugiés et migrants, elle donne toutefois aux enfants et aux jeunes déracinés une tribune rare pour faire entendre leur voix et exprimer leurs inquiétudes.

L’Unicef publie les résultats de cette enquête menée auprès des jeunes quelques jours avant l’ouverture de la conférence intergouvernementale pour l’adoption du Pacte mondial sur les migrations qui aura lieu à Marrakech, au Maroc. Cette conférence réunira des dirigeants du monde entier en vue de l’adoption du pacte, qui constitue le premier accord intergouvernemental de l’histoire à définir une approche commune pour traiter chaque aspect des migrations. En publiant les résultats de cette enquête, l’Unicef entend aider les dirigeants du monde et les dirigeants présents à la conférence de Marrakech à prendre conscience de l’incidence des politiques migratoires sur la vie des enfants», souligne l’Unicef qui continue d’exhorter les gouvernements des pays de départ, de transit et de destination à privilégier l’intérêt supérieur de l’enfant lors de l’élaboration et de l’application des politiques et des procédures relatives aux migrations, à ne pas séparer les familles, à mettre un terme à la détention des familles et des enfants par les services de l’immigration et à adhérer au principe de 
non-refoulement. 

«Malheureusement, bien plus de mesures doivent être prises. Il est temps de joindre le geste à la parole en réalisant les investissements nécessaires pour protéger les enfants déracinés et défendre leurs droits. À cette fin, l’Unicef appelle les gouvernements à fournir des services essentiels aux enfants et aux jeunes réfugiés et migrants, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé et à renforcer la coopération transfrontalière afin de protéger les droits de l’enfant et de soutenir les enfants et les jeunes à chaque étape de leur périple. Il faut aussi investir dans la production de données ventilées sur les mouvements et le bien-être des enfants et des jeunes déracinés et donner un rôle de partenaires actifs aux enfants et aux jeunes déracinés. Mais nous ne pouvons pas nous limiter à les écouter, il est impératif que nous leur donnions aussi un siège à la table des discussions», conclut l’Unicef.

 

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