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Lutte contre les stéréotypes de genre : un changement des mentalités s'impose

Le Maroc célèbre aujourd’hui la Journée nationale de la femme. À cette occasion, Leïla Rhiwi, la représentante du bureau multi-pays de l'ONU Femmes pour le Maghreb, fait le point sur la situation des droits des femmes dans notre pays, les réalisations et les défis qui n’ont pas été encore relevés.

Lutte contre les stéréotypes de genre : un changement  des mentalités s'impose
Malgès les avancées de ces dernières années en matière de droits des femmes, celles-ci souffrent encore de précarité et de violence.

La lutte contre les stéréotypes de genre est tributaire de la poursuite des réformes et de l'adoption de lois qui instituent le principe de l’égalité hommes-femmes, a affirmé la représentante du bureau multi-pays de l'ONU Femmes pour le Maghreb, Leïla Rhiwi, mettant l'accent sur la nécessité de veiller à ce que les mécanismes d'application des réformes engagées soient mis en place et qu’un suivi soit garanti.
La gouvernance locale doit également veiller à l’intégration des préoccupations de genre dans le cadre de la mise en œuvre de la régionalisation avancée ainsi qu’à la poursuite de l’intégration de la budgétisation sensible au genre dans les politiques publiques à l'échelon régional et local, a souligné Rhiwi dans un entretien accordé à la MAP à l’occasion de la Journée nationale de la femme marocaine.

«Le Maroc a fait beaucoup de progrès ces dernières années pour faire avancer les droits des femmes et la réduction des inégalités entre les sexes, et ceci remonte aux premières réformes de son socle légal», a indiqué la responsable onusienne, rappelant, à ce titre, la réforme partielle du Code pénal, la révision de certaines dispositions du Code de procédure pénale permettant aux femmes de se constituer partie civile, la réforme de la loi organique de la Chambre des représentants et du Code électoral visant à renforcer la présence des femmes dans les instances élues, ainsi que la réforme du Code de la famille en 2004 qui a constitué un «tournant majeur» dans l’évolution des droits des femmes.
Cette année, a-t-elle ajouté, le Maroc a connu la promulgation de la loi 103.13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes, ainsi que la concrétisation de la reconnaissance des femmes soulalyates en tant qu’ayants droit à la terre avec enfin l'obtention, en juillet, d'un traitement égalitaire en matière de droits fonciers dans la région de Kénitra, outre le renforcement de l’accès au fonds d’entraide familial pour les femmes divorcées pauvres.

Néanmoins, au Maroc, à l’instar d’autres pays, les femmes souffrent de précarité et de violence, a regretté Rhiwi, rappelant que, selon les chiffres du Haut-Commissariat au Plan, en 2014, 8 femmes sur 10 n’avaient accès à aucune source de revenu, formel ou informel, pour 3 hommes sur 10, tandis qu’en 2009, 62,8% de Marocaines ont été victimes de violence, toutes formes confondues.
«Ainsi, et tout en notant les réformes et avancées juridiques importantes que le pays a connues, renforcées par la Constitution qui consacre dans son article 19 le principe d’égalité en droits et libertés à caractère politique, économique, social, culturel et environnemental, un grand défi reste à relever en termes d’harmonisation des législations internes avec les standards internationaux en matière d’égalité, de parité et de non-discrimination, mais également en termes de suivi, de mise en œuvre et d’effectivité des droits promulgués, c’est-à-dire le renforcement de la redevabilité des politiques publiques en la matière», a-t-elle martelé.
S’agissant des actions menées par l’ONU Femmes au Maroc en matière d’institutionnalisation de l’égalité des sexes dans la fonction publique, Rhiwi a noté qu’un séminaire régional a été organisé du 21 au 23 juin à Marrakech dans le cadre du programme «Promouvoir l’accès des femmes aux instances de gouvernance au Maghreb et au Machrek», initié en 2014 par l'ONU Femmes Maghreb en partenariat avec le ministère de la Réforme de l’administration et de la fonction publique marocain.

Ce séminaire a permis l’élaboration d’un plan d’action et contribué au renforcement des capacités de l’administration publique de l’Égypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie en matière de connaissances, de données, d’outils et de mécanismes pour la promotion de l’accès des femmes aux postes de responsabilité, a-t-elle ajouté, faisant savoir que ces actions se sont traduites par la réalisation d’études nationales et régionales sur l’accès des femmes aux postes de responsabilité dans ces quatre pays et par la tenue d’un cycle de formation en leadership à l’intention de plus de 300 femmes-cadres.

Quant aux rapports de l’ONU Femmes avec le tissu associatif et les ONG marocains, la responsable onusienne a expliqué que l’ONU Femmes, dans le monde et au Maroc, a une histoire d’appui aux organisations de la société civile qui se poursuit jusqu'à maintenant, précisant que c’est en réponse aux interpellations du mouvement féministe mondial que l’ONU a renforcé le mandat Genre en son sein. «Au Maroc, l’ONU accompagne, grâce au programme “Hommes et Femmes pour l’égalité des sexes”, plusieurs ONG jeunes et émergentes sur la question des masculinités et des rôles positifs des hommes et des garçons», a noté Rhiwi. En dépit de tous les efforts menés pour institutionnaliser une culture égalitaire et respectueuse des différences, pour la responsable onusienne, un des plus gros chantiers reste le changement des mentalités, ce qui implique un travail avec et en direction des garçons et des hommes pour qu’ils adhèrent au 
principe d’égalité et qu’ils le promeuvent. 

 

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