Ceux qui pensent que les deux défaites encaissées face à l’Iran et au Portugal ont amoindri la ferveur des supporters marocains en Russie se mettent le doigt dans l’œil ! Le déplacement des milliers de fans inconditionnels vers Kaliningrad a cristallisé l’amour que vouent ces Marocains à leur sélection, qui a pourtant été l’une des premières équipes à quitter la compétition, et ce malgré des prestations saluées par plusieurs experts internationaux. Le duel qui devait opposer lundi les Lions de l’Atlas à la Roja de Ramos, Iniesta, Silva, Isco, Costa et Busquets devait connaître un vrai raz-de-marée des supporters marocains, qui ont daigné parcourir les 1.250 km séparant la capitale russe de Kaliningrad, un voyage en train qui a duré plus de 20 heures et qui a traversé les frontières biélorusse et lituanienne avant d’atteindre
sa destination.
Imad, venu du Maroc, n’a pas caché son appréhension avant de faire le pas et entamer le voyage vers l’enclave russe, des craintes qui se sont heureusement dissipées au cours du trajet : «J’avoue qu’on avait un peu peur de se taper plus de 20 heures en train. Chez nous au Maroc, le train c’est au maximum 4 ou 5 heures, mais là, la durée est beaucoup plus importante et on ne savait pas vraiment comment préparer ça. Je croyais qu’on n’allait pas être nombreux, après l’élimination, mais j’ai rapidement changé d’avis une fois dans le train. Il y a beaucoup de bonne humeur, de l’enthousiasme, malgré l’élimination et nous nous déplaçons avec un message clair : nous sommes toujours avec les Lions de l’Atlas, cette génération de joueurs nous est chère et ils pourront toujours compter sur nous».
Exténués, mais toujours prêts à donner un coup de pouce aux Lions
Siffeddine, Marocain résidant à Strasbourg, est du même avis : «Mes premières larmes en football, je les ai lâchées au Mexique avec l’élimination du Maroc en 1986, depuis, je suis toutes les participations de la sélection. Face à l’Espagne, je sais que nos chances sont assez réduites, mais le fait que les joueurs vont jouer sans pression me rassure et ça devrait nous offrir un beau spectacle. Ce voyage est mémorable, plein de fraternité et de ferveur…», confie ce fan invétéré. Non moins enthousiaste, Amine est venu d’Espagne pour joindre sa voix à celles des milliers de Marocains présents en Russie et a même amené du renfort : son ami mexicain qui s’est autoproclamé fan des Lions de l’Atlas. «On a manqué de chance dans les deux premiers matchs, mais c’est un honneur de faire ce voyage et de suivre l’équipe jusqu’au bout. Nous avons passé des moments inoubliables depuis le début du Mondial et nous ne regrettons absolument rien», assure Amine, avant de passer la parole à son ami du Mexique qui, enfilant un t-shirt arborant les couleurs et le drapeau du Maroc, déclare au «Matin» : «La sélection du Maroc pratique un beau football, elle mérite de gagner l’Espagne, selon ce que j’ai vu face à l’Iran et au Portugal».
Arrivés à destination dans la matinée du lundi, les fans étaient exténués, mais puisaient quand même au fond de leurs ressources pour scander des chants en l’honneur de leur équipe et du pays. Les deux défaites et l’élimination n’ont jamais eu raison de leur obstination et leur amour pour l’équipe, qu’ils sont prêts à porter à bout de bras, même dans ses moments les moins glorieux. De vrais cœurs de Lions !
Les Marocains investissent la capitale mondiale de l’ambre
Totalement isolée du territoire russe, enclavée entre la Pologne et la Lituanie, à 1.260 km à l'ouest de Moscou, Kaliningrad est l'ancienne capitale de la Prusse orientale. Idéalement placée sur la mer Baltique, elle possède le seul port de Russie ouvert à l'année longue et libre de glace, même durant l'hiver. Depuis l'antiquité, la région est l'un des centres névralgiques du commerce d'ambre. Environ 90 pour cent des ressources mondiales s'y trouvent, de même que le seul Musée de l'ambre de Russie qui abrite une des plus belles collections d'ambre au monde, avec plus de 3.000 pièces uniques. Cette cité européenne a accueilli de nombreux penseurs et artistes, comme le philosophe allemand Emmanuel Kant, qui a enseigné à l'université de Kaliningrad. La FIFA a choisi de tenir sa Fan Fest dans la place centrale, qui est un site historique en plein centre-ville. Les supporters marocains ont donc pu admirer le «Dom Sovietov», un exemple typique d'architecture soviétique, et la belle rive pittoresque du lac, au croisement des principales avenues de Kaliningrad.
DNES à Moscou, Abderrahman Ichi