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Mardi 19 Mars 2024
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Vers la mise en place du Groupe des investisseurs marocains en Turquie et Asie centrale

Des entrepreneurs marocains installés en Turquie prédisent un bel avenir pour les relations économiques et commerciales entre les deux pays. Dans cette perspective, les opérateurs marocains préparent la mise sur pied d’une structure patronale qui sera adossée à la CGEM. De même, des associations patronales turques programment des journées consacrées à la promotion des échanges économiques entre les deux pays.

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Les travaux de la deuxième édition du Forum économique et commercial Afrique-Turquie ont pris fin, jeudi à Istanbul, par l’adoption de 23 recommandations visant l’amélioration des relations entre les pays africains et la Turquie. Il a ainsi été décidé lors de ce Forum de continuer à renforcer le dialogue et à approfondir la collaboration stratégique tout en renforçant les mécanismes pratiques de coopération entre les deux parties. «Le Matin», invité à suivre le déroulement des travaux de cet événement, s’est intéressé à la nature et aux perspectives des relations économiques entre le Maroc et la Turquie.
En allant à la rencontre d’opérateurs économiques marocains installés à Istanbul, nous avons appris que des efforts sont actuellement menés pour mettre sur pied une structure «patronale» pour servir d’interlocuteur afin de renforcer ces relations. En effet, des entrepreneurs marocains se penchent actuellement sur la mise en place du «Groupe des investisseurs marocains en Turquie et Asie centrale». Ces opérateurs marocains installés en Turquie sont actifs notamment dans les secteurs du conseil et de l’ingénierie, le transport et logistique, le négoce international, le trading boursier, l’enseignement supérieur et les médias. Cette nouvelle structure devra être adossée à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), notamment en intégrant la 13e région composée des Marocains du monde au sein de la Confédération. Il est à signaler que ce groupe fait aussi partie des fondateurs du projet de mise en place d’une Chambre de commerce maroco-turque basée en Turquie. Cette action, initiée et annoncée en 2016, a pour objectif l’unification des opérateurs turcs (issus de plusieurs patronats turcs) et marocains établis en Turquie. Cette initiative avait été parrainée, selon des opérateurs marocains basés à Istanbul, par l’ancien consul général du Royaume du Maroc Mohammed Sbihi et actuel directeur des affaires africaines au ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale. Toutefois, cette structure, créée dans les faits, reste encore en suspens sur le plan juridique, et ce en raison de l’obligation procédurière d’obtenir l’aval des autorités turques pour l’utilisation officielle du mot «Turc» ou «Turquie» au niveau des noms des institutions et ONG.
En ce qui concerne les relations économico-commerciales entre le Maroc et la Turquie, Mounir A., ingénieur et chef d'entreprise, parle d’enthousiasme. «La participation des opérateurs marocains aux réunions de plusieurs instances et structures turques ciblant le marché extérieur (le Conseil des relations économiques étrangères-DEIK, la structure turque des petites entreprises-
MUSIAD, les Chambres de commerce turques...) révèle un enthousiasme turc à investir au Maroc. D’autant plus que les deux derniers mois ont été marqués par plusieurs réunions internes consacrées au Maroc», affirme-t-il.
Aussi, selon lui, la présence de cadres marocains au sein de grands groupes turcs joue un rôle important dans ce rapprochement Turquie-Afrique et Turquie-Maroc. Il faut également souligner, dans ce cadre, la nouvelle structure du Conseil d’affaires turco-marocain au sein du DEIK qui a mis en place un plan d’action pour la promotion de l’investissement turc au Maroc et l’organisation de journées d’affaires maroco-turques. De même, l’association patronale ASKON envisage d’organiser une journée Maroc au début du mois de novembre prochain au profit des opérateurs des deux côtés.
Un intérêt grandissant pour le Maroc en étant que porte de l'Afrique et qui pourrait jouer le rôle de vecteur important des opérateurs turcs pour la pénétration du marché africain, chose que facilite la proximité culturelle et historique du Maroc avec les pays africains. Ce dernier élément commence d'ailleurs à être pris en considération par les opérateurs turcs et tout particulièrement par le Conseil turc des relations économiques étrangères.
Ainsi, selon les informations que nous avons pu recueillir auprès des hommes d’affaires marocains prenant part aux travaux du Forum, plusieurs opérateurs turcs commencent à prendre conscience de la nécessité d’investir au Maroc pour attaquer le marché de l’Afrique de l’Ouest, et ce avec une nouvelle vision gagnant-gagnant, dépassant ainsi leur ancienne approche purement commerciale qui se limitait à une simple stratégie de vente de produits turcs sur le marché marocain. Du côté de la communauté d’affaires turque, il existe un autre élément encourageant, à savoir la nomination d’un ancien secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Mohamed Ali Lazrak, en tant qu’ambassadeur de Sa Majesté le Roi à Ankara. Cette nomination est accueillie avec enthousiasme par les opérateurs des deux côtés qui comptent beaucoup sur ce diplomate chevronné pour donner un nouvel élan aux relations économiques et commerciales bilatérales.
Par ailleurs, malgré ces perspectives prometteuses des relations économiques entre le Maroc et la Turquie, des craintes ont également été relevées. Il s’agit essentiellement de la crainte exprimée par les opérateurs turcs que le Maroc recoure au protectionnisme et à la mise en veille des accords de libre-échange avec la Turquie. Une autre crainte provient du fait de la présence au Maroc, selon certains, d’anciens affiliés à la structure patronale TUSKON (association des hommes d’affaires du mouvement Gulen classée mouvement terroriste en Turquie et accusée d'avoir fomenté le coup d’État de 2016). Cette structure dépasserait, selon les sources turques, les 20.000 affiliés au Maroc (TPE, PME et hommes d’affaires).

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