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Les partisans de l’égalité dans l'héritage exposent leurs arguments lors d’une rencontre à Casablanca

L’égalité entre les hommes et les femmes en matière d’héritage était au centre d’une rencontre organisée, jeudi dernier à Casablanca, par l’Institut des Hautes études de management (HEM). En l’absence des partisans de l’observance littérale du texte coranique, les défenseurs de l’égalité ont essayé de démonter les arguments de ceux qui s’opposent à la réforme des règles régissant le régime successoral.

Les partisans de l’égalité dans l'héritage exposent leurs arguments lors d’une rencontre à Casablanca
Abou Hafss (premier à gauche) a souligné que la jurisprudence religieuse devait prendre en considération les nouveaux développements qu’ont connus les sociétés musulmanes.

L’égalité entre les hommes et les femmes en matière d’héritage est de nouveau sur le devant de la scène. Entre ceux qui sont pour et ceux qui s’y opposent, le débat est loin d’être tranché. Invités jeudi à un débat autour de la question, organisé par l'Institut des Hautes études de management à Casablanca, des spécialistes de divers horizons ont décortiqué cette question. En l’absence des partisans du respect littéral du texte coranique, les défenseurs de l’égalité eux ont plaidé pour une révision des règles de partage de l’héritage en vigueur afin de «permettre aux femmes de prendre ce qui leur revient de droit».

Prenant la parole lors de cette rencontre, le chercheur en études islamiques Mohamed Abdelouahab Rafiki (Alias Abou Hafss) a essayé de démonter, un par un, les arguments des islamistes qui restent intraitables au sujet de l’égalité dans l’héritage. Dans ce sens, l’ancien salafiste a affirmé que l’argument avancé par certains courants et «qui veut que les versets coraniques traitant les questions d’héritage soient catégoriques» ne tient plus la route aujourd’hui. En effet, selon ses affirmations, plusieurs versets, considérés comme catégoriques également, ne sont plus appliqués aujourd’hui comme ceux relatifs aux sanctions contre les voleurs et les agresseurs.
Poursuivant son intervention, Abou Hafss a souligné que la jurisprudence religieuse doit prendre en considération les nouveaux développements qu’ont connus les sociétés musulmanes. Dans ce sens, il a rappelé que les conditions sociétales dictant la méthode en vigueur de distribution de l’héritage ne sont plus d’actualité de nos jours. Pour lui, la nucléarisation des familles impose aujourd’hui une nouvelle lecture, notamment en ce qui concerne les cas d’héritage des frères ou des cousins quand le défunt n’a que des filles (Taassib). Un avis partagé par l’écrivain et militant des droits humains Ahmed Assid, qui a mis en avant les changements que connaissent les sociétés musulmanes en général et la société marocaine en particulier. Appelant à une distinction entre le texte religieux sacré et la pensée islamique initiée par des théologiens à travers les siècles qui, elle, reste critiquable. Dans ce sens, M. Assid a souligné qu’une certaine pensée revêt un caractère de sacralisé, car chaque génération pense que la précédente a eu une meilleure compréhension de la religion.
Pour mieux aborder certains sujets sensibles tels que l’égalité dans l’héritage, le militant a souligné que trois points importants doivent être pris en considération. Il s’agit dans un premier temps de la primauté de l’Homme. Dans ce sens, M. Assid a affirmé que l’humain a précédé la religion et que cette dernière a pour objectif de préserver la dignité de l’Homme. Le deuxième point, selon le militant, est de dépasser le monopole de la lecture des

textes sacrés qui est imposé par les théologiens. Quant au troisième point, il se résume à la liberté de tout discuter quand il ne s’agit pas des croyances des gens, a-t-il conclu.
Intervenant également lors de cette rencontre, la spécialité de la pensée islamique et universitaire tunisienne Naïla Silini a affirmé que tous les sujets se rapportant aux femmes font face à un blocage empêchant toute jurisprudence. Pour remédier à cette situation, la chercheuse a appelé, certes, à un retour au texte coranique, mais après s’être affranchi des anciennes lectures.
Présidente de l'unité de recherche «Jurisprudence dans les Codes du statut personnel», la chercheuse tunisienne a insisté sur l’importance du testament en tant que solution envisageable pour cette problématique. Selon sa lecture des versets coraniques traitant les questions d’héritage, M. Silini estime que le testament doit être honoré avant de passer à une distribution classique de l’héritage. Dans ce sens, la chercheuse souligne que le texte coranique n’a pas limité le testament et n’a pas déterminé la nature des personnes pouvant en bénéficier.
Pour rappel, le testament obligatoire a été présenté comme une solution possible à cette problématique par le penseur et historien marocain Abdallah Laroui. Intervenant le 19 janvier dernier lors d’une conférence à la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Mohammed V de Rabat, M. Laroui avait affirmé que la question de l’héritage au Maroc était une problématique socio-économique. «Le testament peut prendre la forme d’une déclaration des citoyens, chaque année, de leurs biens assujettis à l’impôt», selon le philosophe qui avait souligné que «L’État devait aborder cette problématique d’un point de vue sociétal et objectif». 

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