Selon les résultats de l'enquête menée par les principales universités vénézuéliennes, la détérioration du niveau de vie des ménages, après 4 ans de crise économique, a été «monumentale», en ce sens qu'entre 2014 et 2017, la pauvreté matérielle est passée de 48,4 à 87% et qu'environ 8 millions de Vénézuéliens mangeaient deux repas ou moins par jour. La situation est telle que «neuf Vénézuéliens sur dix n'ont pas les moyens de se nourrir», constate Marianella Herrera, spécialiste de la nutrition à l'Université centrale du Venezuela. En plus, 61% des personnes interrogées ont déclaré qu'elles s'étaient souvent «couchées affamées» parce qu'elles n'avaient pas assez de nourriture à la maison, alors que 90% affirment que leur revenu «ne suffisait pas» pour acheter la nourriture nécessaire. Trois enfants sur 4, âgés de 3 à 17 ans parmi les plus démunis, ont cessé d'aller à l'école faute de nourriture. En effet, un nombre croissant d'enfants souffrent de malnutrition au Venezuela en raison de la crise économique prolongée qui touche le pays, avait averti fin janvier le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). L'Unicef a réitéré sa volonté de renforcer son appui au gouvernement et aux partenaires de la société civile pour atténuer l'impact de la crise sur les enfants les plus vulnérables et étendre la surveillance nutritionnelle au niveau communautaire, fournir des services de récupération nutritionnelle via des partenaires, soutenir cinq maternités prioritaires dans le district de la capitale et promouvoir l'allaitement maternel. Comme si la crise alimentaire n'était pas suffisante, des frictions politiques considérables sont à prévoir en raison de l'appel lancé, mercredi, par le Président Nicolas Maduro, à des législatives anticipées, alors que le scrutin est prévu pour 2020 et que le Parlement est le seul organe de pouvoir contrôlé par l'opposition dans ce pays en crise. Maduro a proposé «d'avancer les élections (législatives) pour renouveler le Parlement», tout en réaffirmant que «l'élection (présidentielle) se tiendra qu'il pleuve ou qu'il vente, avec la MUD (Table de l'unité démocratique, principale coalition d'opposition) ou sans la MUD», alors que cette dernière venait d'exclure de participer au scrutin du 22 avril dans les circonstances actuelles.
Le Venezuela, comptant des réserves de pétrole parmi les plus importantes au monde, est plongé dans une grave crise économique et politique qui risque d'empirer encore plus dans la perspective d'une hyperinflation de 13.000% en 2018, selon le Fonds monétaire international, alors que la popularité de M. Maduro a atteint un nouveau bas avec plus de 70% des citoyens souhaitant son départ.