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«Notre portefeuille de projets et d’innovations est rempli pour les 24 prochains mois»

Le CMI compte bien conserver son leadership dans la monétique. Pour y parvenir, l’acquéreur est sur tous les fronts : promotion des cartes «cmi» co-badgées avec Mastercard, élargissement du paiement sans contact par mobile et ouverture de son parc de TPE pour l’acceptation des paiements par les wallets des établissements de paiement nouvellement agréés. Son grand pari ? Favoriser la digitalisation des services financiers au Maroc qui semble, selon Bellali, bien engagée. Encore faut-il baliser le chemin aux commerçants et autres micro-entreprises, à travers une fiscalité numérique adaptée et encourageante.

«Notre portefeuille de projets et d’innovations  est rempli pour les 24 prochains mois»

Le Matin-Eco : Comment appréciez-vous l’évolution de l’inclusion financière au Maroc ?
Ismaïl Bellali :
Le taux de bancarisation effectif à fin 2017 était de 56% de la population. Ce chiffre peut paraître faible, mais il faudrait le comparer, non pas à celui de l’Europe où il avoisine les 100%, mais plutôt à ceux de nos voisins. Nous nous situons entre la Tunisie – qui affiche un taux supérieur, mais avec un pays plus petit et moins peuplé – et l’Algérie. Certes, la route est encore longue, mais le législateur a pris le sujet à bras le corps et pousse pour une bancarisation accrue afin de lutter contre l’informel et mieux contrôler les flux financiers. Le taux progresse chaque année et tous les observateurs s’accordent à dire, le régulateur (Bank Al-Maghrib) en tête, que c’est une tendance lourde, qui se poursuit de génération en génération.
Un jeune qui veut acheter en ligne passera tôt ou tard par la carte bancaire ou par le Mobile Paiement pour se faciliter la vie. Le développement du numérique est un accélérateur fantastique en la matière. Les transferts de téléphone à téléphone sont sans aucun doute la clé de développement puisque le taux d’équipement en smartphones est maintenant supérieur au taux de bancarisation. Il convient maintenant de faciliter l’ouverture de ces comptes bancaires simplifiés et leur développement se fera par l’usage de plus en plus régulier par les utilisateurs. Le système M-PESA au Kenya est un bon exemple de ce qu’il est possible de réaliser.

Que doit encore faire le gouvernement pour améliorer l'inclusion financière ?
Le législateur a déjà beaucoup œuvré en la matière, notamment avec le lancement des établissements de paiement par la loi de 2014. Le régulateur, Bank Al-Maghrib, fait tout son possible pour développer l’inclusion financière dans le cadre d’une stratégie nationale offensive. La sphère privée doit maintenant s'investir pour utiliser cette législation et développer de nouveaux produits et services afin de renforcer l’inclusion financière.

Dans cet écosystème de plus en plus digitalisé, comment voyez-vous l’évolution du rôle du CMI ?
Le CMI est partie prenante de l’écosystème des paiements électroniques et leader dans son secteur d’activité, et bien évidemment, entend le rester. Pour ce faire, il travaille à mettre en place les moyens afin d'élargir davantage le cercle des utilisateurs du digital dans le marché des paiements. Je citerai la promotion des paiements sans contact, le renforcement de la confiance dans les sites de paiement en ligne et l’augmentation des plafonds de paiements par les banques, notamment pour l’aérien et l’hôtellerie. Nous travaillons activement aussi sur l’amélioration des processus d’authentification forte 3Dsecure, la promotion des canaux de paiements digitaux – ebanking et mbanking – et bien évidemment la poursuite de la digitalisation des services eGov.
L’ensemble de ces initiatives coordonnées permettra une amélioration des paiements digitaux en général, mais un des éléments clés pour favoriser l’acceptation de ces paiements par les commerçants réside dans la fiscalité des opérations électroniques. En effet, celles-ci sont tracées, identifiées, permettent la réduction de la circulation du cash, et devraient à mon sens bénéficier aux commerçants à travers une réduction de la fiscalité de ces opérations. Bien entendu, je ne propose pas de créer une nouvelle niche d'exonérations fiscales, mais de mettre en place des mécanismes d’incitation auprès des commerçants, le but étant de rendre l’acceptation des paiements électroniques presque obligatoire pour ces derniers et leur donner en contrepartie un avantage fiscal permanent ou pendant une certaine période. Des initiatives identiques ont été menées en Grèce, en Turquie, en Corée du Sud et donnent de très bons résultats.

Quels sont les principaux chantiers du CMI pour 2019 ?
Cartes «cmi» co-badgées avec Mastercard, paiement sans contact par téléphone mobile, ouverture de notre parc de TPE pour l’acceptation des paiements par les wallets des établissements de paiement nouvellement agréés, émission de cartes, Tokenisation… notre portefeuille de projets et d’innovations est rempli pour les 24 prochains mois.
Mais ce qui nous occupe le plus en ce moment, c’est le lancement du mobile paiement suite à l’obtention de notre agrément d’établissement de paiement : Un wallet, une application, une carte… pour accéder à un ensemble de services financiers inédits.
Le CMI est le seul à pouvoir proposer un bouquet de services aussi riche : paiement de factures à travers Fatourati donnant accès à tous les grands facturiers marocains, paiement auprès de 45.000 commerçants déjà équipés de terminaux de paiement, Tokenisation de cartes permettant d’enrôler des clients de toutes les banques, déploiement du paiement par QR code pour les petits commerces de proximité, transfert de fonds de mobile à mobile avec des frais très compétitifs…

À nos commerçants affiliés, nous continuons d’apporter des solutions innovantes et exclusives, comme le DCC (possibilité pour les clients étrangers de payer leurs achats par carte bancaire dans leur propre devise), l’acceptation des cartes étrangères UPI et JCB (équivalents chinois et japonais de Visa ou Mastercard), American Express, Diners, Discover. Dernière nouveauté, l’acceptation des wallets AliPay, permettant aux touristes chinois de régler leurs achats en utilisant leur application AliPay. Le CMI vient d'ailleurs de signer un partenariat avec SwiftPass et AliPay pour démarrer ce déploiement durant le quatrième trimestre 2018. Nous prévoyons un équipement de près de 10.000 commerçants – hôtels, boutiques de luxe, restaurants, bazars, etc. – pour apporter aux 300.000 touristes chinois qui visiteront notre pays en 2019 une solution digitale de paiement identique à celle qu’ils utilisent en Chine, mais surtout pour les enseignes marocaines une possibilité de s’ouvrir sur un marché prometteur en mettant en avant leurs offres sur le portail de AliPay. Nous avons choisi la ville de Chefchaouen et les principaux Malls pour lancer notre pilote grandeur nature. 
Propos recueillis Ilham Lamrani Amine

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