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Les quatre pistes pour réduire les retards

Fichier central des mauvais payeurs, renseignement d’affaires, organes de médiation et digitalisation des procédures de paiement. Les solutions pour réduire les retards sur les délais de paiement, estimés à 83 jours en 2017, ne manquent pas. C’est leur application sur le terrain qui se heurte souvent à des obstacles, concluent les participants à la 6e édition de l'Observatoire international d'Euler Hermes tenue hier à Casablanca.

Les quatre pistes pour réduire les retards
La sixième édition de l'Observatoire international d'Euler Hermes, qui s’est tenue hier à Casablanca, a fait salle comble. Ph. Saouri

Comment améliorer les délais de paiement au Maroc ? C’est la question à laquelle les participants à la sixième édition de l'Observatoire international d'Euler Hermes, organisée hier à Casablanca, sur le thème «Les Perspectives économiques mondiales 2019», ont tenté de répondre.
Pour Euler Hermes, le renseignement d’affaires est présenté comme une piste sérieuse. Il permet de savoir si l’entreprise est solvable et si ses délais de paiement sont respectés. La mise en place d’un fichier centralisé qui recense les mauvais payeurs est également une solution envisageable. À l’image de la fameuse «Name and Shame» en France.
Autre action possible, «la mise en place d’un organe de médiation, sollicité par les entreprises, principalement des TPE/PME souffrant du retard d’un client (grande entreprise ou entreprise publique). Les intéressés se retrouvent autour d’une table, en toute confidentialité, pour trouver une solution concrète et rapidement applicable. Cette plateforme de médiation, gratuite, a fait ses preuves dans les pays où elle a vu le jour», précise Maxime Lemerle, responsable des études sectorielles et défaillances d’entreprises chez Euler Hermes. Ce type de structures est déjà envisagé par les lois marocaines en vigueur. Cependant, «à défaut de textes d’application, ils restent en stand-by», a souligné Leila Sijelmassi, associée gérante du cabinet PWC Maroc.
L’affacturage (factoring) ressort également comme un outil efficace pour se défaire des retards de paiement et demeure une solution assez utilisée par les entreprises marocaines. «Le factoring représente plus de la moitié des encours à côté des facilités de caisse. Autant d’argent qui permettrait aux banques de financer d’autres pans de l’économie nationale plus urgents et plus importants», a partagé M’fadel El Halaissi, DG délégué, en charge de la Banque de l'entreprise chez BMCE Bank of Africa.

Si l’affacturage, selon PWC, parvient à assainir les comptes des entreprises privées, les établissements publics eux devraient améliorer les process de paiement des fournisseurs. Une démarche déjà entamée, selon Khalid Ayouch, membre de l’Observatoire national des délais de paiement, à travers Ajal, la plateforme dédiée aux réclamations des fournisseurs des établissements et entreprises publics sur les délais de paiement. «Une centaine d’entreprises y est déjà référencée, avec un délai de réponse de 7 jours. Avec Ajal, les retards sur les délais de paiement vont significativement baisser», assure-t-il. Ce type de démarche témoigne de la «prise de conscience généralisée qui pousse vers la digitalisation des process ou les solutions contractuelles», explique François Marchal, DG de Société Générale Maroc.
L’État doit également prendre part à ce mécanisme de réduction des retards sur les délais de paiement. «Par exemple, en légiférant sur la durée des effets pour escompte afin de la réduire à un minimum raisonnable», propose El Halaissi.

Les retards sur les délais de paiement ont atteint 83 jours en moyenne au Maroc, en 2017, contre une moyenne mondiale de 66 jours. Ce délai est de 260 jours pour les TPE (89% des entreprises marocaines), 140 jours pour les PME (10% du tissu économique formel) et d’une centaine de jours pour les grandes entreprises, rappelle Lemerle. Les dirigeants des entreprises passent 80% de leur temps dans le recouvrement. Ces retards ont un lien étroit avec les défaillances d’entreprises. «La probabilité de défaut d’une entreprise est multipliée par 2,5 pour un retard de 20 jours sur les délais de paiement et par 7 pour 30 jours de retard», souligne-t-il.

«Suite à une étude menée sur la région Casablanca-Settat, il s’est avéré que sur les 12 dernières années, une entreprise sur deux a fait faillite. Deux causes principales ont été identifiées : le financement et les retards de paiement», indique Ayouch. Il va sans dire que les entreprises, qui ont du mal à se faire payer, peuvent difficilement décrocher des financements auprès des banques. Pire. Les mauvais payeurs «qui se constituent des trésoreries sur le dos des fournisseurs ont plus facilement accès au crédit pour un coût plus avantageux», partage Marchal. Au niveau national, «35 à 40% des défaillances des entreprises sont causées par les retards de paiement. Plus la moyenne nationale des retards est élevée plus le nombre de défaillances augmente», précise Ayouch. 

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