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«Le Raja n’a rien à voir dans l’affaire des joueurs du MAT et moi-même je n’ai rien à voir dans ce dossier»

Figure emblématique du Raja en tant que joueur, mais aussi entraîneur, Fethi Jamal occupe actuellement le poste de directeur technique des Verts. Son retour après son départ en 2002 commence déjà à donner ses fruits. Grand artisan de la politique du recrutement du club l’été dernier, Jamal a également redonné vie au centre de formation du club. Dans cet entretien accordé au «Matin», l’ancien entraîneur de l’équipe nationale dévoile sans langue de bois la nouvelle politique du Raja, que ce soit au niveau de la formation ou de recrutement. Il est également revenu sur l’affaire des joueurs du Moghreb de Tétouan ayant rejoint le Raja, ou encore l’affaire Mahmoud Benhalib.

Le Matin : Vous êtes retourné au Raja de Casablanca après avoir quitté le club en 2002 et vous êtes derrière la nouvelle politique de formation du club qui commence à donner ses fruits. Est-ce que vous pouvez nous dire un peu plus sur cette nouvelle politique ?

Fethi Jamal : Je pense que cette politique de reprise de la formation des jeunes était l’un des objectifs tracés par la commission provisoire. Et dernièrement, la nouvelle équipe dirigeante élue par les adhérents est passée à l’action par la mise en place d’un projet de formation, notamment avec la reprise des activités du centre d’El Oasis et la signature de trois conventions. La première avec une entreprise du bâtiment qui va restaurer le centre qui est dans un état de délabrement avancé. La seconde avec un établissement scolaire pour permettre aux joueurs du centre de poursuivre leurs études et la troisième avec une société de transport qui va assurer le déplacement de ces jeunes entre le centre de Borgogne – le centre d’hébergement actuel, en attendant la restauration de celui de l’Oasis –, le terrain du Raja, qui est le centre d’entrainement, et l’établissement scolaire. Nous remercions les trois établissements pour la confiance qu’ils ont placée dans le Raja et espérons atteindre les objectifs escomptés.

 

Combien de joueurs le centre va-t-il abriter ?

Pour cette première année, le centre abritera 30 joueurs. Ce nombre sera porté à 64 l’année prochaine quand l’Académie du Raja sera ouverte. On a pensé à prendre pour cette première année les U17 et les U19 qui sont au nombre de 30. Ces joueurs devront l’année prochaine rejoindre l’Académie du club qui devra abriter à la fois les U17, les U19 et les U21. Le total sera de 64 joueurs. Le centre de l’Oasis sera réservé par la suite aux U13 et U15. Comme ça, on aura une vaste pyramide qui va nous permettre d’assurer le vivier souhaité par le comité et le public rajaoui.

 

Est-ce que c’est vous-même qui supervisez l’opération de détection de ces jeunes talents ?

J’ai effectivement supervisé l’opération. Les joueurs retenus ont fait l’objet d’une opération de détection qui s'est étalée sur deux mois et demi. J’ai été accompagné par tous les techniciens du Raja et quelques recruteurs spécialistes en la matière. Les joueurs ont passé au moins une semaine d’essai, alors qu’avant on faisait jouer les joueurs 15 à 20 minutes pour ensuite décider si on les prenait ou pas. Là, on leur a donné le maximum de temps de jeu pour leur donner plus de chance de s’exprimer et de nous montrer de quoi ils sont capables.

 

Avez-vous mené cette opération de détection seulement à Casablanca où également dans d’autres villes ?

Uniquement à Casablanca, mais nous avons invité certains joueurs d’autres villes proposés par nos recruteurs et par nos anciens joueurs responsables de clubs amateurs ou professionnels. Ces joueurs ont été pris en charge par le club pendant deux semaines. Parmi ces joueurs nous avons un joueur senior, c’est Salaheddine Bahi, et deux autres qui sont avec l’équipe espoirs. Ils ont signé leur contrat professionnel avec le club. Et nous avons aussi Rahimi qui vient de l’équipe de l’Étoile. Je pense que l’opération était un succès.

 

Récemment, une polémique a éclaté au sujet de certains joueurs du Moghreb de Tétouan qui ont rejoint le Raja. Est-ce que vous pouvez expliquer à l’opinion publique marocaine les tenants et les aboutissants de cette affaire ?

D'abord une petite clarification. Ces joueurs ont rejoint le Raja de leur propre gré. Le Raja ne les a pas approchés. Et du moment qu’ils sont réglo au niveau administratif, nous les avons acceptés. Ils sont au centre de formation. Trois d’entre eux jouent actuellement avec nos équipes de jeunes. Les cinq autres ont leur dossier à la Fédération Royale marocaine de football qui va statuer à leur sujet parce qu’ils ont demandé à ce que leur contrat soit passé avec le Moghreb de Tétouan, parce qu’ils n’ont pas été payés depuis six mois. C’est des joueurs qui ont des contrats professionnels et la loi est claire. Le Raja n’a rien à voir dans cette histoire. Le Moghreb de Tétouan a reconnu que nous n’avions rien à voir dans cette affaire. C’est une affaire interne au club de Tétouan. Le président du club, Jawad Ziyat, souhaite avoir une présidence, un mandat sans litiges. Du moment que les joueurs ont décidé de rejoindre le Raja, c’est leur problème. C’est à la FRMF de statuer sur cette affaire.

 

Vous nous dites donc que le Raja n’a rien à voir dans cette affaire ?

Effectivement, le Raja n’a rien à voir dans cette affaire. Et moi-même je n’ai rien à voir dans ce dossier.

 

Puisqu’on est dans le volet formation, pouvez-vous nous dire où en sont les travaux de l’Académie du club ?

Les travaux de l’Académie approchent de leur terme. Après l’élection du nouveau président, on a effectué, Jawad Ziyat et Rachid Andaloussi, en sa qualité d’architecte, et moi-même, plusieurs visite au chantier. C’est vrai que les travaux sont en phase finale, mais nous avons constaté pas mal d’anomalies et avons demandé à ce qu’on fasse des modifications, parce que les techniciens de sport n’ont pas été associés à la conception de ce projet qui va honorer et le Raja et le football national, parce que sa conception et son standing sont d’un niveau exceptionnel. Je dirais que ce sera l’une des académies les plus performantes en matière de formation et la plus optimale. C’est un vrai bijou au niveau architectural. Elle devra accueillir à la fois et les jeunes en formation et l’équipe première. Ce sera à la fois une académie et un camp d’entraînement.

 

Tout le monde ou presque a été agréablement surpris par la qualité de jeu du Raja de Casablanca et par ses performances sportives. Tout ça ne vient pas du néant, mais découle notamment d’une politique de recrutement réfléchie. Est-ce que vous pouvez nous expliquer sur quoi se base cette politique ?

Je vais plutôt dire le contraire. Je ne suis pas satisfait. Je suis un peu satisfait du rendement individuel de certains joueurs, mais pas du rendement collectif qui connaît des hauts et des bas. Les deux derniers matchs du Raja ici à Casablanca contre CARA Brazzaville et Zgharta du Liban n’étaient pas à la hauteur de ce qu'on souhaitait, mais les résultats étaient là. En revanche, dans le dernier match à Enyimba, nous avons vu une grande équipe du Raja. Pour moi, c’est le match parfait du Raja depuis le début de la saison. C’est vrai que l’entraîneur a aligné l’équipe type avec tous les titulaires, et les choix de l’entraîneur étaient judicieux. Il a fait entrer la meilleure équipe du moment. 

Concernant la politique de recrutement, je pense qu’elle a été bien réfléchie et les décisions étaient collégiales. C’est vrai, je suis le responsable, en ma qualité de technicien, mais le comité a aussi été associé parce qu’il fallait discuter des aspects technique, financier, mental et administratif. Il fallait prendre en considération ces quatre composantes pour décider des recrutements du Raja. Sur les 9 recrues, trois ou quatre ne seront pas bons. Mais si on a 5 bons joueurs sur les 9, c’est un exploit. Sur le dernier match, on a vu 6 joueurs sur les 9 recrutés titulaires. C’est une première. L’adaptation s’est faite rapidement. Je vous assure que nous avons un groupe sain qui accueille tout le monde. Il est toujours difficile pour un corps étranger qui vient dans une nouvelle structure de s’intégrer. Mais Banoun et ses amis accueillent tout le monde à bras ouverts.

 

Quels sont les critères que vous prenez en compte quand vous recrutez un joueur ?

D'abord l’engagement et son activité sur le terrain. Il faut aussi qu’il soit technique, rapide, engagé et avec beaucoup d’activité. Les gens qui préfèrent jouer dans le confort, ce n’est pas ma tasse de thé. Je préfère des joueurs qui sollicitent le ballon en mouvement et qui engagent les duels. Il faut qu’il soit technique parce que notre équipe est technique. Pour intégrer le Raja, il faut être engagé et avoir une activité conséquente.

 

Le Raja de Casablanca a vécu l’enfer lors de son déplacement au Nigeria pour affronter Enyimba lors du match comptant pour la demi-finale aller de la Coupe de la CAF. Racontez-nous les péripéties de ce déplacement du départ de Casablanca jusqu’à votre retour avec la victoire ?

Franchement, ce n’était pas l’enfer, mais c’était fatigant. Ce n’était pas l’enfer parce que le Raja a anticipé les problèmes. On a emmené deux cuistots professionnels. Le fait d’avoir acheté la nourriture nécessaire pour l’emporter avec nous au Nigeria était un acte bien réfléchi qui nous a permis d’anticiper tous les problèmes que nous pouvions rencontrer. Le reste était une question de transport et d’accueil. 

Les dirigeants d’Enyimba n’étaient pas à la hauteur, parce que j’estime qu’en 2018, il est inacceptable de procéder de la sorte dans le but de déstabiliser l’adversaire. Ne pas mettre l’adversaire dans les meilleures conditions conformément aux règlements de la CAF est inacceptable. Mais le Raja a fait le nécessaire. C’était un peu fatigant. Nous avons fait trois heures pour parcourir 70 km entre Harcourt et Aba. La route n’était pas bonne. Il y avait beaucoup de fossés et comme il pleuvait, nous étions obligés de prendre des routes de déviation pour éviter les inondations. 

L’hôtel était en chambre sigle. Les joueurs ont fait un sacrifice et ont accepté de partager un même lit, ce qui n’était pas confortable. Ils avaient partagé le lit en deux par des oreillers. Je les remercie pour leur compréhension. L’essentiel dans tout cela, c’était la victoire, en attendant de la confirmer au match retour.

 

Il y avait, certes, cette belle victoire contre Enyimba, mais il y avait aussi l’affaire Mahmoud Benhalib. Pourquoi a-t-il été suspendu ?

L’affaire Benhalib est un cumul. L’entraîneur a adressé un rapport au comité directeur. Il a refusé d’accepter le joueur dans l’effectif. Le comité a accédé à la requête de Garrido en suspendant provisoirement le joueur, en attendant qu’il passe devant la commission de discipline. Je pense que Benhalib doit réfléchir. Il doit se remettre en question et adhérer à la politique et au règlement intérieur du club. Il va passer devant le conseil de discipline. Il bénéficiera de tous ses droits. Il doit s’exprimer parce qu’il y a deux rapports. L’un est préparé par l’entraîneur et l’autre par l’administration du club, parce qu’il y a eu un petit scandale sur place. Sur la base de ces rapports, le comité statuera dans le cas du joueur.

C’est regrettable de voir un joueur aussi talentueux et, de surcroît, premier buteur jusqu’à présent de la Coupe de la CAF, ne pas accepter d’adhérer à la ligne de conduite du club. J’estime que Benhalib est un joueur professionnel qui n’a aucun problème avec le club sur le plan financier. Il est payé jusqu’au dernier centime. Je pense qu’il doit savoir qu’il a des devoirs qu'il doit assumer. Ce n’est pas seulement lui qui doit respecter la ligne de conduite du club, mais tous les salariés du club (employés, techniciens, joueurs).

 

A-t-il refusé de s’asseoir sur le banc de touche ?

Non, il a simulé une blessure. Quand il a su qu’il allait être remplaçant, il a simulé une blessure. Chose que les dirigeants et l’entraîneur n’ont pas acceptée. Après l’examen du médecin du club, il s’est avéré qu’il n’avait rien. C’est un comportement amateur. Il n’a pas accepté son statut de remplaçant, alors que dans le monde professionnel, on doit accepter les décisions de l’entraîneur. Quand on veut protester, on le fait sur le terrain, en montrant ce dont on est capable.

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