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Une rencontre littéraire avec Hassan Aourid à l’Institut français

La rentrée culturelle dans la capitale du Royaume s’annonce sous les meilleurs auspices. L’Institut français de Rabat a organisé, mercredi dernier, une rencontre littéraire avec l’intellectuel marocain Hassan Aourid autour de son livre «Regards sur l’Occident».

Une rencontre littéraire avec Hassan Aourid  à l’Institut français
La rencontre s’est illustrée par la présence massive d’un public avide de connaissance, curieux et passionné.

Animée avec brio par l’enseignante universitaire, Karima Yatribi, une soirée littéraire organisée à l’Institut français de Rabat s’est illustrée par la présence massive d’un public avide de connaissance, curieux et passionné. Comme on pouvait s’y attendre, l’ouvrage de Hassan Aourid ne pouvait laisser personne indifférent, puisqu’il concerne tous les pays et toutes les sociétés dans un monde traversé par une crise de valeurs profonde. «Regards sur l’Occident» offre, en effet, au lecteur la possibilité de mieux comprendre la réalité du monde actuel caractérisée par des crises identitaires, une perte de repères et par un processus de déshumanisation qui ne cesse de s’accélérer, à cause d’un capital financier vorace et triomphant.  
Le livre de Hassan Aourid nous plonge, tout d’abord, dans un passé lointain où «l’Occident a mené, durant quatre siècles, le monde, par la force, le savoir, la technique, le commerce… avec cette face de Janus où le bon samaritain le dispute au colon sans scrupule, l’humanisme allant de concert avec le cynisme. Dans la marche de l’Histoire, aucune civilisation n’a autant fait pour le genre humain. Elle a rendu la vie plus facile, moins misérable, plus attrayante, a augmenté l’espérance de vie, éradiqué des maladies… Dans son cri des Lumières, elle n’a jamais considéré ses principes comme étant exclusifs. Même les civilisations qui se dressaient comme alternatives, la russe, la japonaise, la chinoise, avaient fini par adopter ses techniques certes mais aussi son éthos. La grammaire de la modernité, demeure occidentale.» 
L’auteur ne manque pas de rappeler qu’il serait nécessaire pour l’Occidental de voir son image dans le miroir de l’autre, qui, tout en étant critique, ne nourrit aucune haine à l’égard de cette grande aventure humaine. Pour plus de précisions, Hassan Aourid estime que certains problèmes auxquels l’Occident fait face, peuvent trouver leurs causes, en amont, dans des sociétés comme les nôtres, et inversement. «Il serait certainement utile d’apprendre à s’écouter. Tout le monde est appelé à faire l’effort de comprendre et de tendre la main à l’autre de manière généreuse et sans aprioris», a-t-il souligné.
D’après le livre de Hassan Aourid, cette crise dont les racines remontent, plus particulièrement, au dix-huitième siècle, a atteint son paroxysme aux États-Unis, sanctuaire du capitalisme financier avec la crise de ce que l’on a appelé «les subprimes», qui a touché de plein fouet le secteur de l’immobilier. Les acquéreurs ne pouvaient plus payer leurs traites, et les banques se trouvaient dépositaires d’un flux de plus de quatre millions de maisons remises sur le marché, à vil prix. Tel un château de cartes, la crise de l’immobilier a gagné d’autres contrées, telles l’Espagne et plus tard la Grèce. Le pouvoir d’achat des classes moyennes a été affecté aux États-Unis et le secteur de l’automobile s’est trouvé touché et nombre d’usines fermèrent. Le constat de l’auteur est sans équivoque. La mondialisation heureuse est terminée. Le libre échange, sans garde-fous, est source de dysfonctionnement et d’inégalités sociales. Le mal est structurel. L’industrie financière, comme le dit Elie Cohen, une autorité économique, a commencé à tourner de plus sur elle-même et à se détacher de l’univers économique. La distance est devenue maximale entre les jeux de la spéculation et les logiques de financement de l’économie réelle. In fine, les produits financiers sont devenus la principale source d’enrichissement des acteurs financiers. Autrement dit, une arnaque planétaire. «La nouvelle annonce de la fin de l’Histoire aura vécu ce que vivent les roses, l’espace d’une saison. Il y eut, depuis, des guerres sanglantes comme en Irak. Il y eut un génocide, dans la foulée de cette idée angélique, au Rwanda, des scènes d’exterminations collectives, au nom de l’épuration ethnique en Bosnie et autres évènements non moins horribles de par le monde. C’était autant d’indices sur la fin de la fin de l’Histoire et la vision simpliste qu’elle comportait». 
La nature du livre, le souci pédagogique du conférencier et son statut académique ont suscité, lors de cette rencontre, un débat qui ouvre des pistes de réflexion sur un monde en perte de sens, source de toutes les formes de violence et d’extrémisme.

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