Une rétrospective qui révèle un éloquent parcours

Cinquante ans de créativité et d’innovation sont dévoilés dans cette prestation exceptionnelle où l’on peut voir l’évolution plastique de cet artiste dont la renommée a dépassé les frontières. Sachant que durant son parcours, Rahoule a toujours surpris ceux qui le suivent dans ses expositions, par une nouvelle touche et des expériences innovatrices, que ce soit dans la peinture, la sculpture ou la céramique. «J’ai choisi de faire cette rétrospective pour montrer aux gens l’évolution de mon travail depuis les années 1970 jusqu’à aujourd’hui», souligne l’artiste Rahoule. Et d’ajouter que le choix de la Bibliothèque nationale comme espace pour son exposition n’est pas un hasard. Cet espace a été retenu pour qu'il ait un contact direct avec les étudiants, pour qu’il puisse échanger avec eux et leur donner le goût de visiter des événements plastiques. Car n’oublions pas que Rahoule a été, pendant 30 années, un professeur d’arts plastiques qui a formé plusieurs promotions à l’École des beaux-arts de Casablanca, où lui-même a eu son premier diplôme avant d’aller se perfectionner ailleurs (France, Hollande et Tchécoslovaquie).
Mais il faut dire que son métier d’enseignant ne l’a jamais empêché d’avancer dans sa carrière personnelle, en expérimentant plusieurs matières et techniques. «L’artiste Rahoule a mené, depuis pratiquement une trentaine d’années, des recherches approfondies dans chacune des trois expressions (céramique, sculpture et peinture). Le passage d’un registre à l’autre s’est toujours fait, chez lui, avec aisance et sans heurts. Son travail de céramiste et son talent de sculpteur l’ont rendu particulièrement sensible à la matière avec laquelle il a su créer une communion presque charnelle. Cette dévotion exprimée à l’égard de la matière se retrouve dans ses toiles par la gamme chromatique, l’intensité de la couleur, la maîtrise des échelles et des volumes», explique le critique d’art Mustapha Chebbak. Des qualités qui ont fait de lui un artiste dévoué pour son art, qui est l’un des piliers et créateurs de l’École de Casablanca aux côtés de grands peintres comme Belkahia, Chebâa, Melihi et bien d’autres.
En prenant la direction de l’École des beaux-arts, où il a passé 14 ans, il a pu exaucer les rêves qu’il avait faits quand il était encore étudiant dans ce même établissement, et ce en optant, entre autres, pour la rénovation du bâtiment et de son jardin. Mais toujours en gardant le rythme de ses expositions tous les deux ans. Aujourd’hui, après avoir quitté l’École des beaux-arts, il se consacre entièrement à son art et à sa famille qui lui a toujours insufflé ses thèmes de prédilection. «Rahoule est l’un des plus grands plasticiens qui ont travaillé sur la céramique. Et là, je peux dire que la toile de Raoule est le jumeau siamois de sa pièce de céramique. Ce qui le distingue aussi, c'est la diffusion de ses travaux dans de nombreux espaces publics ou des institutions privées et publiques. Il est donc présent aussi bien de manière esthétique que socioculturelle. C’est devenu une référence dans l’univers des arts plastiques», précise l’écrivain Hassan Najmi.
En effet, connu pour être le seul artiste au Maroc à exposer dans les trois disciplines en même temps, Rahoule ne manque pas d’exceller dans les trois formes d’expression, qu'il s'agisse de ses sculptures en terre glaise, en métal ou en bronze, ses céramiques, avec comme matière première l’argile émaillée à sa manière ou encore ses peintures avec la technique géométrique qu’il travaille à sa façon. En somme, Rahoule est un artiste habité par son art.