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La Rihla d’Ibn Battouta ou la rencontre de l’autre, la découverte de soi et la quête spirituelle

En marge de l’exposition «Sur les traces d’Ibn Battouta», se poursuivant jusqu’au 31 décembre, le Musée Bank Al-Maghrib a organisé une conférence où sont intervenus l’ex-ministre de la Culture, philosophe et auteur, Bensalem Himmich, Ahmed Elshahawy, surnommé l'«Ibn Battouta égyptien», puis le globe-trotter et photographe Anass Yakine. La modération a été effectuée par Ahmed Saleh Ettahiri, professeur à l’INSAP et commissaire d’exposition.

La Rihla d’Ibn Battouta ou la rencontre de l’autre,  la découverte de soi et la quête spirituelle
Chacun des intervenants a une relation de près ou de loin avec le grand voyageur Ibn Battouta. Ph. Kartouch

Les participants à cette rencontre n’étaient pas sélectionnés de manière fortuite, car chacun d’eux a une relation de près ou de loin avec ce grand voyageur qui suscite encore de l’intérêt grâce à son parcours exceptionnel plein d’aventures et d’enseignements. Ainsi, cette pause de méditation devant cette personnalité hors pair ne fait que lui rendre justice pour tout ce qu’il a entrepris durant son long voyage. Ce qui lui vaut la nomination de patrimoine national reconnu et respecté.

«Cet homme nous a appris une grande leçon qui est l’ouverture sur le monde», souligne Bensalem Himmich qui a intitulé son intervention : «Ibn Battouta, entre piété et égotisme». Il a, par ailleurs, rappelé le parcours de celui-ci, les 120.000 km qu’il a parcourus avec les moyens de transport de l’époque, les cinq pèlerinages qu’il a effectués... «Mais, il faut dire que même s’il a été armé mentalement et culturellement parlant par l’archétype du Prophète, il fut dévasté par la tristesse en quittant ses parents». Et de poursuivre concernant son voyage, «les pays du Maghreb étaient pour Ibn Battouta seulement des pays de passage, l’Orient, pour lui, fut un pôle de pèlerinage et de formation religieuse. Mais c’est dans l’immense continent de l’Asie qu’il s’émerveille, s’extasie et s’indigne devant certaines pratiques, us et coutumes», précise Himmich. D’ailleurs, son livre «La Rihla» constitue l’une des quatre sources de l’histoire de l’Inde.

Dans ce livre, il raconte tout ce qu’il a vu et vécu, notamment le phénomène de la peste noire, entre autres histoires surprenantes qu’il a rencontrées sur sa route. Son voyage en Afrique subsaharienne lui a permis de découvrir le littoral oriental, et les études faites plus tard approuvent ses écrits. Bensalem Himmich évoque, également, son respect pour la femme et insiste sur le fait qu’il était historien et ethnographe malgré lui, avec la vocation de voyageur. Il termine son livre en disant «Je remercie Dieu de m’avoir donné ce que j’ai désiré ici bas…» Car son objectif, selon Himmich, à travers sa Rihla, est d’explorer la Terre de l’Islam et connaître les habitants auxquels il est uni par une idéologie spirituelle. Le jeune globe-trotter et photographe marocain qui, à l’âge de 25 ans, a troqué sa vie quotidienne pour se lancer dans un périple de 5.000 km dans tout le Maroc à pied, Anass Yakine, a parlé de sa première aventure qui lui a pris deux ans, où il a appris énormément de choses. «Mon intérêt s’est porté sur la culture du voyage. Car j’ai été convaincu que c’est dans la fréquentation de l’autre que je vais apprendre à connaître l’autre. Ainsi, j’ai choisi de vivre mon rêve d’enfance, soutenu par mon père qui m’a encouragé à le faire. Alors, je me suis remis à Dieu pour voyager sans prendre beaucoup de précautions. J’ai commencé par le désert qui est pour moi la meilleure école et où j’ai fait beaucoup de rencontres qui m’ont poussé à comprendre des choses profondes de la vie. Ce qui a eu beaucoup d’impact sur ma vie». Une belle aventure qu’il continue de vivre, emmenant avec lui des gens qui ont cru à sa passion et sa philosophie de voyage, notamment son épouse.

Le troisième intervenant, Ahmed Elshahawy, qui n’est autre que celui que l’on surnomme «Ibn Battouta l’Égyptien», a tout laissé tomber, à commencer par son poste d’ingénieur, son cadre de vie bien réussi, pour partir à l’aventure, découvrir les forêts et les déserts, côtoyer des tribus des fins fonds de l’Afrique et des autres pays du monde. Il a dédié 23 années de sa vie à voyager suivant les traces et la pensée d’Ibn Battouta. «La devise d’un voyageur est de découvrir et transmettre. C’est ce qui m’a attiré dans Ibn Battouta et j’ai voulu faire comme lui, suivre ses pas, voir ce qu’il a vu, tenter d’aborder ma conception du voyage de la même façon que lui. J’ai été étonné de découvrir des traces d’Ibn Battouta au Sri Lanka, qui subsistaient encore après près de sept siècles. C’est là où j’ai voulu visiter le pays où est née cette personnalité et voir les gens de sa patrie, leur parler, les connaître. C’était la dernière étape après avoir parcouru 87 pays et exploré 22 forêts tropicales…», indique Elshahawy. Trois beaux récits qui ont fait voyager l’assistance dans l’extraordinaire Rihla d’Ibn Battouta.

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