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«Je ne suis pas venu au WAC pour passer du bon temps ou prendre le soleil»

Passé par Montpellier, Lille ou encore Nantes, René Girard relève pour la première fois de sa carrière un défi à l’étranger, plus exactement au Wydad de Casablanca. L’homme de 64 ans ne vient pas en touriste, mais avec l’ambition de décrocher des titres avec son nouveau club. Ce qu’il pense de son groupe, sa méthode, les secteurs de jeu où l’équipe doit évoluer, le mercato hivernal, la demi-finale de Coupe du Trône contre la Renaissance de Berkane… l’entraîneur du WAC s’est longuement livré.

«Je ne suis pas venu au WAC pour passer  du bon temps ou prendre le soleil»

Le Matin : Que connaissiez-vous du Wydad de Casablanca avant d’être contacté et qui vous a amené à y signer ?
René Girard :
Écoutez, j’étais tout simplement disponible sur le marché des entraîneurs. Pas mal de clubs me sollicitaient. Mon choix du WAC ? Je crois que dans le Maghreb, le WAC est un grand club. Après mûre réflexion, je suis venu voir le président pour connaître de plus près le club et voir ses installations. C’est un challenge qui m’a beaucoup plu, en plus, on est allé voir le match contre Tanger et j’ai vu un public de feu. C’était extraordinaire. Cette ambiance de feu pousse les joueurs au-delà de leur limite. Je dirais que c’est un peu tout ça qui m’a poussé à m’engager avec le club. Je suis méditerranéen. Je suis sudiste, j’ai aussi le sang chaud. Tout ça me plaît.

Comment se sont passées vos premières semaines avec le WAC ?
Je dirais bien, mais la difficulté que connaissent les gens de Casablanca tous les jours c’est (rires) l’enfer de la circulation. Sinon, on a goûté un petit peu à quelques restos intéressants du coin. Il y a un club qui existe et qui est en place, mais j’ai aussi mes idées. Je veux essayer de persuader le président de la destination où on veut aller et essayer de construire quelque chose d’intéressant dans la sérénité. Je crois qu’il faut souligner qu’il y a un groupe de qualité composé de grands joueurs. C’est des garçons qui ont envie de faire quelque chose de bien. Pour nous footballeurs, la vérité, c’est le rectangle vert, c’est-à-dire essayer de gagner le plus de compétitions possibles.

Vous arrivez au WAC en cours de saison, vous n’avez pas fait la préparation d’avant saison avec les joueurs et vous n’avez pas fait le recrutement, est-ce que ce n’est pas un peu risqué pour vous ?
C’est vrai que c’est toujours mieux de participer dès le départ à la construction du groupe et à la préparation physique, mais j’ai trouvé une équipe dans un état physique très convenable. On a la chance de jouer de semaine en semaine. La trêve internationale nous a permis de bien bosser. Lors de cette semaine de trêve, on a un peu travaillé la condition physique. C’est toujours un inconvénient d’arriver en cours de route, mais je crois que le talent est là. Il y a des joueurs qui ont du talent. Ils ne l’ont pas perdu. Vous savez en football, il y a le talent, il y a l’aspect physique, mais aussi l’aspect mental. Je me suis aperçu que j’ai des garçons qui ont envie de travailler et de donner le maximum. On va s’appuyer là-dessus.

Le WAC est-il suffisamment armé pour disputer le titre ?
Oui, je pense que le WAC a un effectif pour être parmi les prétendants, que ce soit dans les coupes ou en championnat. On a notre mot à dire. Je sais qu’il y a un derby avec le Raja. Je sais aussi qu’il y a Tanger qui était champion la saison dernière. Je pense qu’il y a d’autres équipes qui ont beaucoup de qualités, mais on a notre mot à dire.

Le fait d’avoir connu la gagne avec Montpellier peut-il être un plus pour mener à bien vos objectifs ?
Écoutez, je crois que le fait d'être compétiteur, cela vous donne l’envie de continuer ce métier. Avoir un groupe qui adhère vous pousse à vous fixer des objectifs. Je ne suis pas venu ici pour passer du bon temps ou prendre le soleil. Je suis venu pour inculquer à tous ces garçons la niaque, la gagne et l’envie de réussir.

Dans quel secteur de jeu, le WAC doit-il encore progresser pour être plus compétitif ?
Mon premier travail est d’arriver à trouver la régularité. On a des joueurs qui, individuellement, ont beaucoup de talents. Il faut arriver à allier le talent avec la rigueur européenne que je me dois d’amener ici. Essayer de faire une équipe solide et costaud, capable d’avoir dans un match des temps forts et des temps faibles, capable d’attaquer et de défendre. On joue au Maroc un football technique. Il faut peut-être amener un petit peu cette rigueur qui va nous
permettre de passer le cap.

Le mercato hivernal s’approche, dans quel secteur de jeu aimeriez-vous vous renforcer ?
Offensivement, on a beaucoup de monde, mais dans l’axe, on n'a que Jebour. Peut-être que c’est dans ce poste qu’il nous manque un joueur. Au milieu du terrain, on a Saïdi, Nakach et El Karti. Derrière, on est bien armé. On va regarder tout ça. Il est hors de question de prendre des joueurs pour le plaisir de prendre des joueurs. Il faut essayer d’en prendre là où nous avons un manque.

Quel est le joueur qui vous a le plus impressionné depuis que vous êtes là ?
Je suis quelqu’un de très collectif. Je pense que la qualité individuelle de nos joueurs doit amener un rayonnement collectif. Une équipe c’est entre 18 et 20 joueurs. On fait jouer les meilleurs joueurs du moment. Je découvre des joueurs comme le petit Dari, qui est un espoir du club. Ce qui me surprend beaucoup est qu’il y a quatre ou cinq jeunes (Gadarine, Ouatara…) qui mettent le pied à l’étrier et seront le WAC de demain. Après, les autres, on les connaît, notamment ceux qui sont appelés régulièrement en sélection. Il y a de la qualité. Maintenant, il faut que cette qualité ne reste pas individuelle, mais devienne collective.

Vous avez connu beaucoup de stades bouillants comme Geoffroy-Guichard ou le Vélodrome. Là, vous venez découvrir le public du WAC, que pensez-vous de l’ambiance au complexe Mohammed V ?
Je n’ai jamais vécu ça. Pourtant, je pense avoir une carrière assez longue. C’est vrai qu’il y a le Vélodrome et Geoffroy-Guichard, mais l’ambiance au complexe Mohammed V est fabuleuse. Vous avez des supporters qui vous encouragent pendant 90 minutes sans arrêt, c’est extraordinaire. Je pense que les supporters doivent continuer à nous encourager. C’est avec eux qu’on arrivera à réaliser de bons résultats. Il faut aussi que mes joueurs s’imprègnent de cette envie et de cette hargne du public. C’est un public exceptionnel.

Vous avez eu Abdelhamid El Kaoutari à Montpellier, vous le retrouvez avec le WAC. C’est un joueur qu’on n’a pas trop vu depuis son arrivée ici. Avez-vous un programme spécial pour lui pour qu’il puisse retrouver son niveau d’antan ?
Je crois qu’Abdel (Abdelhamid) est un joueur confirmé qui a fait ses preuves en France et ailleurs. C’était un peu difficile pour lui quand il est arrivé ici. Il a 28 ans. Il est en pleine forme. C’est le plus bel âge. Il a des qualités qu’il n’a pas perdues. Je crois que mentalement, il faut le remettre dans le bain et ça sera un joueur supplémentaire dans le groupe pour aller chercher quelque chose. On joue sur trois tableaux (Coupe du Trône, Coupe arabe et Championnat), il y aura de la place pour tout le monde. Les joueurs qui ont pris du retard sur le plan physique, comme Baba Kondé qui était blessé, on leur a concocté un programme approprié pour qu’ils récupèrent.

Iv l y a une échéance importante qui arrive pour vous, à part le Championnat, c’est la demi-finale de la Coupe du Trône contre la Renaissance sportive de Berkane. Comment appréhendez-vous ce match et quelles sont vos chances ?
Je crois que c’est du 50-50. Ils ont autant de chances que nous de gagner ce match. On arrive presque au bout, si nous gagnons, nous jouons la finale. C’est quelque chose de très important. Il ne faut pas se prendre la tête non plus. C’est un match comme les autres. Il ne faut pas se mettre trop de pression et rester très concentré sur notre sujet. Mais on va jouer notre chance à fond.

Le sacre avec Montpellier a été avec trois Marocains (Belhanda, El Kaoutari et Aït Fana), que pensez de ce trio ?
Écoutez, El Kaoutari est un défenseur un peu plus sobre. C’était un joueur toujours régulier qui a participé à notre victoire. Younès est un joueur que j’adore techniquement et physiquement. C’est un joueur qui sait tout faire. Il a une qualité assez exceptionnelle. Ce que je regrette peut-être, je le lui ai dit, c’est peut-être qu’il n’a pas toujours fait le bon choix de carrière. La Russie et la Turquie sont des destinations un petit peu difficiles. Karim est un joueur d’instinct. Un joueur fin et efficace qui avait les qualités du football maghrébin, c’est-à-dire la finesse. Il a marqué un but assez important pour nous dans l’année du titre contre Lille à la maison, où on a gagné à la 94e. De grands moments.

Quel est votre plus beau souvenir dans les stades de football ?
Il y en a en tant que joueur et en tant qu’entraîneur. Le titre de Montpellier où nous avions battu le grand Paris d’Ancelotti sur le fil a été fabuleux. En tant que joueur, je dirais qu’avec Bordeaux nous avions presque tout gagné. Il y a eu une demi-finale de Ligue des champions en 1985 contre la Juventus de Turin qui a été historique. 


Entretien réalisé par Abderrahman Ichi

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