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«Il y a cinq joueurs de l'équipe A qui peuvent rejoindre les U23 lors des éliminatoires de la CAN»

Après avoir mené l’équipe nationale U20 au sacre aux Jeux de la francophonie et les U15 à la médaille d’or aux Jeux africains à Alger, Mark Wotte a un nouvel objectif : mener les Lionceaux olympiques vers la CAN U23, prévue l’année prochaine en Égypte. Entraineur et formateur émérite, le technicien néerlandais dévoile au «Matin» le programme de préparation mis en place d’ici à mars prochain, quand les éliminatoires débuteront pour le Maroc. Wotte évoque également la réalité des éliminatoires en Afrique, sa fierté de voir évoluer des joueurs «olympiques» avec la sélection A et la principale difficulté que rencontrent les jeunes joueurs marocains, qui manquent affreusement de temps de jeu en Botola.

«Il y a cinq joueurs de l'équipe A qui peuvent  rejoindre les U23 lors des éliminatoires de la CAN»
Ph. Saouri

Après des mois de préparation, l’équipe nationale olympique aborde, en mars prochain, les éliminatoires de la CAN U23. Pensez-vous que cette équipe a ce qu’il faut pour se qualifier ?
Vous savez, en Afrique on ne sait jamais. Nous devons attendre de savoir qui sera notre adversaire. Cela peut être le Rwanda ou la RD Congo. Ce ne sera pas la même situation qu’au Maroc, en Tunisie ou en Algérie. Nous avons préparé cette équipe durant deux ans, en jouant plusieurs matchs amicaux. Nous avons joué contre le Rwanda au Rwanda, le Congo ici au Maroc et lors des Jeux de la francophonie. Nous avons donc de l’expérience face à ces deux équipes, mais le plus important est que nous devons jouer avec la bonne attitude, avec confiance, en espérant que les joueurs soient en bonne forme.

Quel est le programme d’ici à mars prochain ?
Le mois prochain, on joue deux matchs amicaux, je l’espère au Gabon, pour préparer encore des matchs en Afrique subsaharienne. Cependant, beaucoup de sélections africaines ne confirment pas rapidement. Par exemple, nous avions programmé un match contre la Côte d’Ivoire en Tunisie et nous avons terminé par jouer contre la Tunisie, parce que la Côte d’Ivoire n’est pas venue. La dernière fois, nous voulions jouer contre le Sénégal, mais ils n’ont pas confirmé les matchs, alors nous avons joué contre l’Algérie. Quelques fois, il est difficile de trouver de bons adversaires et préparer notre équipe. Après ces deux matchs, nous avons programmé quatre stages de préparation de quatre jours chacun, avec des joueurs locaux, en janvier et en février. Comme vous le savez, les joueurs en Europe ne sont disponibles que lors des dates FIFA et celles-ci sont en novembre et en mars. Mais en mars, nous devrons jouer les éliminatoires. Nous devons préparer les joueurs évoluant au Maroc de la meilleure manière, parce que la base de l’équipe sera composée des joueurs locaux. 

Vous avez également joué contre la Gambie à Banjul quelques fois. Vous pensez que les joueurs sont préparés à jouer dans les conditions que l’on connait dans les pays africains subsahariens ? 
Nous avons joué contre le Burkina Faso, le Cameroun, le Sénégal… Nous avons joué beaucoup de matchs. J’ai une devise que je répète toujours aux joueurs, c’est «on s’adapte». En Afrique, vous devez vous adapter à la chaleur, à la pelouse, au public… Des fois, l’éclairage n’est pas bon. D’autres fois, il n’y a pas de climatisation à l’hôtel, ce qui fait qu’on ne peut pas dormir avant les matchs. Des fois, l’arbitre est un arbitre maison. Des fois, les joueurs sont beaucoup plus grands que sur leurs passeports. Il faut être prêt à la bataille et je pense que nous sommes prêts. Au sein de toutes les équipes nationales, tout au long des deux dernières années, nous avons changé de profil. Ce n’est plus seulement du bon football, mais aussi le combat. Nous combattons pour regagner le ballon, nous combattons pour le garder. Avec cela, nous obtenons de meilleurs résultats. J’en ai la preuve avec de grands matchs de mon équipe, où nous jouions avec un bon esprit et au sein de l’équipe, puis un ou deux joueurs sont excellents et ils font la différence. Évidemment, il est tout aussi important de savoir quel joueur de l’équipe A peut venir jouer avec nous. Il y a aujourd’hui 5 joueurs de la sélection A qui peuvent nous rejoindre. Noussair Mazraoui, Youssef En-Nseyri, Hamza Mendyl, Achraf Hakimi et plus récemment Achraf Dari. J’espère qu’Hervé Renard sera gentil avec moi et me fournira deux ou trois joueurs. Mais le plus important, c’est l’esprit collectif. Si nous jouons avec cet esprit, je suis certain que nous obtiendrons un bon résultat.

Comment voyez-vous l’évolution du football des jeunes au Maroc, après y avoir passé presque trois ans ?
On a beaucoup investi dans le football de base. Nous avons fait beaucoup de stages d’entrainement pour les joueurs locaux. Au niveau des clubs, certains travaillent de belle manière avec les jeunes et certains entraineurs sont très courageux en donnant du temps de jeu aux jeunes. Par exemple, l’entraineur du KACM aligne maintenant 3 joueurs nés en 1997 et 1998. C’est bien pour eux, parce qu’ils bâtissent leur confiance et se développent mieux. Parce que si vous ne jouez pas assez quand vous avez 20 ans, vous ne développerez jamais vos capacités. Ça dépend. Certains se développent en jouant en première équipe, d’autres régressent parce qu’ils ne jouent pas. Ils jouent avec les Espoirs pour la deux ou trois d’affilée et ce n’est pas bon pour leur développement. D’autres encore vont en prêt. Par exemple, Mehdi Benabid, le gardien de but du FUS, a joué plus de 20 matchs avec l’IZK Khémisset, ce qui est très bien pour son évolution. Maintenant, il est revenu au FUS et il a le niveau nécessaire pour jouer en première équipe. Il a joué les deux premiers matchs de la saison et il a très bien joué. J’espère qu’il jouera davantage parce qu’il est talentueux et il a besoin de jouer. Si vous êtes assez bon, c’est que vous êtes assez âgé pour jouer. Cette devise est très importante. On ne peut pas dire qu’un joueur ne peut pas jouer parce qu’il n’a que 19 ans. Vous voyez Achraf Dari par exemple. Cela fait deux ans que je fais des déclarations en disant que c’est un excellent défenseur central. Bien sûr qu’il a besoin d’apprendre, mais il le fera par l’expérience et en jouant des matchs. J’espère que les joueurs locaux auront plus de possibilités de jouer en Botola D1 ou D2, parce qu’ils progresseront beaucoup plus vite.

Comment se fait la prospection des jeunes talents marocains en Europe ?
Avant tout, il faut les respecter et respecter leur opinion. S’ils ne veulent pas jouer pour le Maroc, vous devez l'accepter et les laisser tranquilles. Je connais Noussair Mazraoui qui voulait jouer pour le Maroc, parce que nous avons été les premiers à le solliciter. Il était très reconnaissant. Dans la même génération, il y avait Abdelhak Nouri, actuellement malade. Il m’a dit : «Je veux jouer pour les Pays-Bas, c’est mon rêve», alors je lui ai souhaité bonne chance et je lui ai manifesté mon respect pour son choix, jusqu’au jour où il voudra jouer pour nous, il viendra taper à notre porte. Vous devez expliquer au joueur les possibilités qu’il a de jouer en équipe première. Quand vous convoquez un joueur pour la sélection U20, il faut lui dire qu’il va aller des U20 aux U23, puis en équipe A, s’il progresse bien. Là encore, tout dépend du joueur et de son état d’esprit. Nous sommes reconnaissants envers Mazraoui parce qu’il a choisi le Maroc et c’est un joueur fantastique. Quand Ronald Koeman l’a approché pour le convaincre de jouer pour les Pays-Bas, je lui ai dit : «Nouss, c’est ton choix. Je ne peux pas prendre cette décision à ta place. Tu dois suivre ton cœur et réfléchir clairement, en parlant à ta famille et aux gens qui te conseillent». À la fin, il a choisi de jouer pour le Maroc et je pense qu’il sera un excellent joueur marocain pour les 10 prochaines années. 

Comment jugez-vous le fait que 5 joueurs de la sélection U23 jouent pour l’équipe A avec Hervé Renard ? Pensez-vous qu’il s’agisse d’un changement générationnel qui arrive prochainement ?
C’est grâce à Hervé Renard. Parce que quand vous avez un sélectionneur national qui ne regarde pas vers les jeunes joueurs… Nous avons aujourd’hui cinq joueurs en sélection A, voire six, si on compte Amine Harit. Achraf Dari n’a pas encore joué, parce qu’il doit encore se développer. C’est un compliment pour la DTN et le travail de Nasser Larguet. Il y a un projet, un travail sur 4 ou 5 ans pour produire 5 ou 6 joueurs pour la sélection A. Tout le monde sait que Youssef En-Nseyri et Hamza Mendyl sont nés et ont grandi au Maroc, en apprenant à l’Académie Mohammed VI de football et sont partis à Lille et Malaga pour jouer en professionnel, mais c’est le travail au Maroc qui a permis l’éclosion de ces joueurs. Achraf Dari est également un pur produit du Maroc. Achraf Hakimi a été produit en Espagne, mais c’est tout le travail de détection et de recrutement fait au Maroc, qui fait que ce joueur est content en équipe nationale. Mazraoui n’est pas allé aux Pays-Bas alors qu’ils lui tendaient les bras. Cela veut dire qu’il est content. Cela témoigne de la qualité du travail fait ici. Je pense que le travail de Nasser Larguet devrait être reconnu davantage. Il fait du bon travail pour le futur du football marocain et j’espère qu’on pourra continuer pour plusieurs années.  

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