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«Nous avons réalisé en moins de trois ans 25 programmes d’Open Innovation avec plus de 40 grandes entreprises au Maroc»

Plus de deux ans après son ouverture, LaFactory est devenu un acteur majeur de l’écosystème de l’entrepreneuriat et de l’innovation en Afrique. Cet espace d’innovation qui s’étale sur 600m², situé au 8e étage du Technopark, a pour principale mission d’accélérer la collaboration entre grandes entreprises et startups marocaines. Les détails.

«Nous avons réalisé en moins de trois ans 25 programmes d’Open Innovation avec plus de 40 grandes entreprises au Maroc»

Le Matin : Vous avez créé un écosystème de l’innovation au sein de l’écosystème. Quelle est votre démarche ?
Mehdi Alaoui :
Ce n’était pas une volonté de le faire au départ, mais c’est venu petit à petit. En réalité, nous avons commencé avec le lancement de l’association Hack & Pitch qui est venue compléter ce qui existait au sein de l’écosystème, avec une approche plus basée sur le prototypage des solutions pour permettre aux jeunes de voir qu’il est possible de développer des applications ou des solutions. L’objectif était de leur apprendre durant les hackathons à innover en utilisant le digital et à prototyper et tester leurs solutions. Ensuite, deux programmes ont été créés pour apporter un appui supplémentaire pour accompagner les gens que nous avons inspiré à monter en compétences, à trouver du financement et des clients et à développer leurs projets. La création de LaFactory est venue répondre à la question : comment on peut aider une startup à faire du go-to-market, C.-à-d. adapter son produit au marché, trouver un client et déployer sa solution une première, une deuxième et une troisième fois. C’est là que le programme «Scalerator» a vu le jour, qui permet aux entrepreneurs de monter en compétences et d’être à l’écoute des clients. Après, nous avons eu les programmes d’Open Innovation qui ont permis de transformer et d’aider ces startups accompagnées à déployer leurs solutions sur le terrain. La dernière étape que nous avons lancée le mois dernier, c’était celle du financement. Au-delà des solutions de financement proposées par la CDG, les subventions et les prêts d’honneur, il y avait quelque chose qui manquait et que nous avons essayé de combler avec le réseau Angels4Africa. Ce réseau de Business Angels, composé d’une trentaine d’investisseurs, est fondamental, il est au cœur du dispositif d’un écosystème comme le Maroc. Parce que sans Business Angels, il n’y aura rien. Toutes les startups font face à la vallée de la mort à un certain moment et elles ont besoin au-delà du financement d’un accompagnement, d’un accès à un réseau et d’un coaching. Il n’y a pas de meilleure manière de le faire qu’à travers un associé actif qui a les mêmes intérêts que la startup.  Bien sûr, nous n’allons pas nous arrêter là, nous allons continuer à travailler sur des sujets complémentaires et à travailler avec les autres acteurs de l’écosystème. La création d’un mini-écosystème au sein de l’écosystème nous a permis d’assurer un deal flow allant de l’étudiant à l’université ou l’aspirant entrepreneur à la startup qui va se développer tout en prospectant les startups auprès des incubateurs, des accélérateurs et autres structures d’accompagnement dans tous les programmes que nous faisons. D’ailleurs, un tiers des startups provient de chez nous et deux tiers de l’écosystème. Il est important de continuer à travailler en mode collectif et inclusif pour pouvoir créer un écosystème pérenne dans le temps. Car un acteur ne peut pas tout faire, il n’a pas pour mission de tout faire. C’est en travaillant main dans la main que nous pouvons créer un écosystème et aboutir à l’émergence d’une Startup Nation. 

L’Open Innovation est en train de prendre de l’élan au Maroc. Comment accompagnez-vous ce mouvement ?
En réalité, nous avons contribué au développement de l’Open Innovation de manière très simple. Je pense que c’est grâce à LaFactory que ce mouvement a été instauré au Maroc et qu’il a pris cette dimension. Si nous regardons les chiffres, nous avons réalisé en moins de trois ans 25 programmes d’Open Innovation avec plus de 40 grandes entreprises au Maroc. Et les résultats sont incroyables : plus de 25 contrats signés entre les startups et les grands groupes, directement à travers LaFactory et une centaine à travers les startups qui ont profité de ce premier bon de commande. Aujourd’hui, on peut dire que ces contrats signés représentent l’équivalent de 35 millions de DH de chiffres d’affaires générés pour les startups, avec des centaines d’emplois créés. 
Pourquoi l’Open Innovation et pas autre chose ? C’est très simple. Aujourd’hui, nous sommes dans un marché où le B2C est très compliqué et très coûteux. Il faut des fonds très lourds, une logistique, des outils paiements et un mindset des acheteurs qui soient installés. La solution pragmatique était donc que pour cette première phase de l’écosystème, il fallait se concentrer sur le B2B et trouver une opportunité dans ce créneau. 
L’opportunité était la phase de transformation digitale des grandes entreprises qui ont toutes lancé des mouvements dans ce sens. Cette transformation prend du temps, car il faut un changement de mindset et il faut accepter de travailler avec des startups en externe. C’est en train de se mettre en place. Donc, l’Open Innovation a encore devant lui un bel avenir parce que c’est l’outil qui va tout 
changer.  Les résultats sont là, les solutions sont déployées à travers l’Open Innovation et les entreprises sont très satisfaites, ce n’est que le démarrage d’un mouvement qui va prendre encore plus d’ampleur. 

Quelle démarche pour développer l’innovation entre startuppers et collaborateurs de l’entreprise ?
La collaboration entre les collaborateurs de l’entreprise et les startups est fondamentale dans l’Open Innovation. Ce concept à la base consiste en la collaboration entre une grande entreprise et une startup. 
Une startup va venir avec une innovation parce qu’elle vient en dehors de la boite, mais elle a besoin de l’expertise interne d’un collaborateur pour pouvoir répondre à son besoin. Parce qu’il ne suffit pas d’innover, il faut innover pour répondre à un besoin, à un marché, qui permet d’améliorer la productivité et la compétitivité d’une entreprise. 

Comment instaurer une culture de l’innovation et la pérenniser ?
Je pense que l’instauration d’une culture de l’innovation en entreprise doit passer par la création de ce qu’on appelle les labs d’innovation qui doivent acculturer les collaborateurs de différentes manières au quotidien. On peut créer par exemple des réseaux d’ambassadeurs de l’innovation afin de diffuser l’innovation tous les jours à travers tous les départements. 
Il s’agit de faire appel à des collaborateurs motivés, qui sont prédisposés à le faire et qui y croient fondamentalement pour que ça se diffuse de manière spontanée au sein de l’entreprise. Cela passe par la formation, les programmes d’Open Innovation, les compétitions en interne, l’organisation d’événements et la participation à des événements du monde des startups. 
Il existe plusieurs dispositifs et il faut que les collaborateurs puissent y participer de manière permanente pour qu’ils puissent comprendre l’intérêt de cette démarche. Tout le monde n’est pas prédisposé par rapport au monde du digital, nous sommes dans une phase de transformation. 
Il faut d’abord transformer les mindsets, parce que la technologie existe, mais c’est surtout l’humain qui la bloque parce qu’il ne voit pas tout son potentiel. D’ailleurs, nous sommes en train de travailler sur un projet, qui verra le jour l’année prochaine, pour faire cette acculturation à distance, en ligne, de manière gratuite, et ce, afin qu’on puisse doter les gens des bases nécessaires pour pouvoir travailler dans ce domaine. 

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