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Banques, attention aux risques climatiques !

Le texte réglementaire incitera les banques à intégrer progressivement les recommandations du TCFD (Task force on climate- related financial disclosures), groupe de travail créé en amont de la COP 21 par le Conseil de la stabilité financière.

Banques, attention aux risques  climatiques !
Bank Al-Maghrib fera monter la pression sur les banques après une première phase de sensibilisation et d’accompagnement des engagements volontaires pour la finance verte.

Pour le secteur bancaire, le risque financier lié au climat devient systémique. Voilà pourquoi, après une première phase de sensibilisation, Bank Al-Maghrib planche sur un texte réglementaire visant à encadrer la gestion du risque climatique par les établissements de crédit. Ce projet, initié pour le maintien de la stabilité financière, demandera aux banques de tenir compte des préoccupations relatives au changement climatique dans leurs gouvernance et stratégie. Il a également pour objectif d’élargir leur cartographie des risques à ceux liés à la dimension environnementale. Il imposera, en outre, aux banques de communiquer autour de ces risques en intégrant progressivement les recommandations du TCFD (Task force on climate-related financial disclosures), groupe de travail créé fin 2015, en amont de la COP 21, par le Conseil de la stabilité financière (Financial Stability Board). Pour la Banque centrale, il est urgent pour le secteur financier dans sa globalité de se préparer aux effets du changement climatique et de gérer les risques financiers qui y sont liés, qu’ils soient physiques, générés par des évènements climatiques ou de transition, induits par la mutation économique vers des modèles responsables à bas carbone. «Côté banques, les risques physiques se traduisent par des risques financiers classiques, à savoir le risque de crédit, de marché et de liquidité, dont l’intensité finale est intrinsèquement liée à la présence ou non d’une couverture assurantielle», souligne Abdellatif Jouahri. Le gouverneur de Bank Al-Maghrib s’exprimait dans une contribution à la 23e édition de la «Revue de la stabilité financière», fraichement publiée. 

À titre indicatif, les cycles de sécheresse ont impacté la production agricole au Maroc et accentué le coût du risque sur ce secteur au niveau des banques les plus exposées ainsi qu’au niveau du microcrédit dont la clientèle est plus vulnérable. Par ailleurs, le risque lié à la transition vers une économie verte peut lui aussi affecter le bilan des banques et des compagnies d’assurance, selon Abdellatif Jouahri. Ceci en raison de la dévalorisation des actifs intensifs en carbone détenus dans leurs portefeuilles, liés notamment aux secteurs des énergies fossiles ainsi qu’aux industries chimiques, parachimiques et extractives. La pression sur ces actifs «échoués» pourrait impacter les équilibres macroéconomiques du pays, notamment pour les secteurs exportateurs et, partant, affecter le système financier. Par exemple, le fait que les principaux partenaires commerciaux du Maroc s’engagent pour le verdissement de leur économie pourrait induire un risque de baisse de compétitivité et de la demande étrangère adressée au Royaume en cas de non conformité aux normes environnementales. Et partant, impacter la croissance économique, la balance commerciale et les réserves de change du pays. «Dès lors, la gestion du risque de transition devra passer par l’élaboration d’une stratégie globale basée sur une sortie ordonnée et graduelle des actifs carbonés, l’objectif étant d’éviter l’éclatement d’une bulle carbone, induite par la perte de valeur des investissements dans les secteurs bruns», estime le gouverneur de la Banque centrale. 

Pour rappel, la première phase de sensibilisation a porté essentiellement sur la feuille de route qu’a initiée Bank Al Maghrib en partenariat avec les opérateurs concernés, dont le GPBM, pour aligner le secteur financier marocain sur les enjeux du développement durable. La mise en œuvre des engagements pris dans ce cadre fait l’objet d’un échange régulier tant entre les autorités qu’avec les opérateurs du système financier. 

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