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Bilan économique mitigé de deux mois de fermeture des frontières

Voilà deux mois que le Nigeria, géant économique de 190 millions d’habitants, a fermé ses frontières, interdisant toute exportation ou importation de biens avec ses voisins, et particulièrement avec le Bénin, officiellement pour endiguer le commerce de contrebande et stimuler son économie nationale.

Bilan économique mitigé de deux mois  de fermeture des frontières
Le chef des douanes nigérianes, Hameed Ali, n’a donné aucun signe de réouverture des frontières, assurant que cette mesure «prendra le temps qu’il faut à nos voisins pour venir à la table des discussions». Ph. DR

Le chef des douanes nigérianes, Hameed Ali, n’a donné aucun signe de réouverture des frontières assurant que cette mesure «prendra le temps qu’il faut à nos voisins pour venir à la table» des discussions. S’il ne le nomme pas directement, le Bénin, petit pays de 12 millions d’habitants, est le premier concerné. Sa capitale économique, Cotonou, offre un port d’entrée fonctionnel pour les produits revendus sur les gigantesques marchés de la mégalopole de Lagos, 20 millions d’habitants à elle seule. Le Bénin taxe ces produits, mais ils passent ensuite la frontière de manière informelle.
L’autre problème de taille pour le Nigeria, premier producteur de pétrole du continent, est que l’essence y coûte moitié moins cher que chez ses voisins (145 nairas, 0,34 euro le litre), grâce à un système de subventions étatiques. La consommation «locale» d’essence a chuté de 56,3 millions de litres avant la fermeture à 49,1 millions de litres au troisième trimestre, soit une réduction de 7,2 millions de litres qui seraient passés illégalement au Bénin. «Cette baisse, si elle est maintenue, pourrait faire économiser 32,5 millions d’euros de subventions à l’État chaque mois», estiment les économistes de Cardinal Stone. Ade Adefeko, représentant pour le géant international de l’alimentation Olam, est catégorique : personne n’investira dans l’agriculture locale tant que 2 millions de tonnes de riz passeront les frontières illégalement. Olam possède la plus grande rizière du Nigeria (13.500 hectares, dont 4.500 ha seulement cultivés), mais «elle n’est pas rentable» face au riz subventionné d’Asie du Sud-Est. «Depuis la fermeture des frontières, le riz produit localement se vend mieux, la production augmente», explique M. Adefeko à l’AFP. Les chiffres officiels ne sont pas vérifiables, mais le contrôleur général des douanes s’est également félicité d’avoir atteint des records «historiques» de revenus douaniers, environ 5 milliards de nairas chaque jour depuis deux mois, notamment via le port de Lagos (12 millions d’euros). Dans le secteur industriel, qui souffre déjà du manque d’infrastructures et d’électricité pour être compétitif, cette mesure est «incompréhensible». «Si l’intention de stopper la contrebande est louable, elle n’est pas censée nous impacter», s’indigne un investisseur étranger spécialisé dans l’import/export de biens manufacturés. De 10 à 20% des produits confectionnés au Nigeria ou les produits cosmétiques sont exportés vers Afrique de l’Ouest, le plus souvent de manière informelle, par des petits vendeurs qui sillonnent la région. 

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