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La période estivale est souvent marquée par une baisse relative des activités, un certain attentisme en matière de prise de décisions et surtout une période pour prendre du recul et essayer de faire le bilan sur les six premiers de l’année et réfléchir aux objectifs à atteindre pour la fin de l’année. Que pourrions-nous faire pour développer, de manière positive, l’approche RH au sein des équipes ? C’est la principale question que se posent bon nombre de managers et de professionnels RH.
Après le répit vient la rentrée avec son lot de surprises pour tous. Celle des managers et des responsables des ressources humaines n’est pas en reste. Moral en berne et tête ailleurs, des conditions pas toujours facile qui nécessitent de la part des managers certains efforts pour remotiver
les troupes ! Une étude réalisée en janvier 2019 par «Management & Carrière» a fait ressortir les principales résolutions RH de 2019 qui continueront à représenter les priorités pour les managers. Il s’agit notamment de veiller au bien-être et à la motivation du personnel, l’amélioration de la qualité de la communication entre les différents services et bien évidemment la gestion de la transformation digitale avec une meilleure inclusion des collaborateurs.
Quid des résolutions de la rentrée ?
Agir sur la qualité de vie au travail représente l’un des objectifs auxquels les managers sont très attentifs. En effet, après une période de repos et de voyage où l’on est constamment face à des espaces ouverts, nature, verdure… Reprendre le rythme de travail semble un peu difficile, et c’est encore plus compliqué si les conditions de travail laissent à désirer ! Qu’il s’agisse d’améliorer l’environnement de travail, de renforcer la cohésion d’équipe ou même d’apaiser les tensions sociales, le bien-être au travail est désormais une priorité qui exige de la part des managers une vision claire pour aller vers une approche plus humaine dans leur relation avec leurs collaborateurs. «Les professionnels RH doivent penser à des solutions innovantes en vue de rendre le climat du travail sain et agréable. Ceci permettrait aussi de renforcer l’engagement et la motivation des collaborateurs et de gagner en conséquence leur implication et leur adhésion aux différents projets stratégiques de l’entreprise», note Hanane Anguer, responsable Pôle recrutement au Groupe Solano-Chrono
Interim-Maroc.
La rentrée est également une période propice pour les recrutements de nouveaux profils fraichement diplômés. Deux grandes priorités se dégagent alors : Renouveler la démarche pour attirer les candidats et repenser le processus de recrutement des profils juniors. En effet, face à une concurrence accrue, la question de la marque employeur devient un souci permanent pour les entreprises. Ainsi, il est important de véhiculer une bonne image auprès des collaborateurs car ce sont eux les ambassadeurs de l’entreprise sur le marché externe. Par ailleurs, la nouvelle génération qui arrive sur le marché de l’emploi a contraint les entreprises à revoir leurs classiques en matière de stratégie de recrutement de ces nouvelles compétences. Les intégrer et les retenir étant également un défi de taille pour les entreprises. «Les entreprises intelligentes partent de l’idée que les différences sont normales et devraient être expliquées, réfléchies et cadrées. Les références d’hier ne survivront pas forcément demain. Les stagiaires d’aujourd’hui sont les décideurs de demain», explique Ali Serhani, directeur associé de Gesper Services et membre de l’Association marocaine du conseil en recrutement. «Pour retenir les jeunes talents, il faut s’intéresser véritablement à la personne, établir un dialogue intelligent pour découvrir ses sensibilités et leviers de motivation personnelle, lui témoigner du respect, reconnaitre ses efforts, la rémunérer d’une manière juste et équitable… En un mot : créer un vrai rapport gagnant-gagnant», conseille Malgorzata Saadani, coach international ICC.
L’autre résolution de la rentrée et de toute l’année est sans aucun doute de défi de la transformation digitale. En effet, à l’instar des technologies qui ne cessent de se développer, le processus de digitalisation doit en permanence être réajusté, retouché et mis à jour. Pour bon nombre de managers, cette période estivale aura été propice pour se documenter, s’informer sur ce qui se passent ailleurs.
De ce tour d’horizon, on revient forcément avec de meilleures idées, voire de nouvelles pistes pour une gestion plus efficace de cette transformation digitale. «La transformation digitale a su se transformer d’un effet de mode vers une vraie question de pérennité et de survie de l’entreprise. Naturellement, 2019 se projette dans la continuité de la transformation digitale, mais encore faut-il, pour plus d’efficacité et d’efficience, intégrer tous les collaborateurs dans une démarche d’innovation», explique Samira Aajlane, experte en transformation RH. Pour Hassan Charraf, vice-président du Centre international pour le développement et la coopération, «le changement organisationnel s’impose pour réussir ce tremplin vers le digital tout en assurant un management humain. Aujourd’hui, un management humain doit être un mode de fonctionnement où on va tirer profit de la technologie au service d’un mieux-être des collaborateurs et non pas l’inverse.»
Flexibilité et agilité, deux autres principes auxquels les managers s’exercent en continu, et notamment à l’occasion de la rentrée où l’on revient plus déterminé à opérer le changement et à s’adapter aux surprises du parcours pour atteindre les objectifs. «L’agilité organisationnelle est toujours dans l’air du temps, car elle permet à toute entreprise de pouvoir se transformer et d’être toujours compétitive», note Ismaïl Belabbes, consultant sénior en ressources humaines. L’absence d’agilité est d’autant plus pénalisante pour l’entreprise que celle-ci ne dispose plus d’autant de marge de manœuvre qu’auparavant pour pouvoir redresser la barre. «La notion de temps n’est pas la même que celle du début de siècle. L’entreprise qui ne possède pas une agilité organisationnelle peut être éjectée du marché et devenir obsolète en quelques mois si elle ne parvient pas à répondre aux exigences de ses clients alors qu’auparavant cela était moins évident», affirme Belabbes.
Former, rapprocher les équipes, innover, libérer les esprits créatifs… sont autant de bonnes résolutions prises à chaque rentrée. Reste alors aux managers et aux professionnels, avec la contribution des collaborateurs, de les mettre en œuvre pour que le changement soit effectif.
Déclarations
Dr Mohammed Benouarrek, dir. du Pôle stratégie, organisation et capital humain à Promamec, expert international en Conduite du changement & en GRH
«La reprise des vacances est souvent douloureuse pour les heureux salariés bronzés. Ainsi, les RH et les managers doivent s’efforcer à préparer un re-onboarding (réintégration) pour garder le punch chez les collaborateurs et véhiculer l’énergie estivale positivement vers le lieu de travail. Un atterrissage soft est important afin de ne pas griller les collaborateurs et les aider à retrouver graduellement leur rythme de travail habituel sans électrochoc. Il est impératif à ce propos de ne pas les exposer à des doses importantes de pression afin de ne pas annihiler l’impact positif des vacances et se retrouver avec des collaborateurs frustrés dès leur retour. Il y a lieu de noter que le côté psychologique doit primer sur les autres aspects. Que ce soit un manager direct ou un gestionnaire des ressources humaines, il est impératif d’être attentif au mood du salarié et à son état d’esprit. Il ne s’agit pas de déclasser les obligations professionnelles au deuxième rang ni les marginaliser, mais de bien surfer sur la vague de transition pour profiter de l’énergie positive sans la détruire via des attitudes appelant à un atterrissage forcé. N’oublions pas que le dérèglement de l’horloge biologique, surtout s’agissant du réveil, à lui seul peut être une source de frustration et de déphasage. Les bonnes/mauvaises habitudes acquises rapidement pendant la période de repos sont difficiles à éradiquer une fois de retour au monde de la rigueur. Les RH et les managers doivent ainsi être plus des coaches assimilant l’impact de cette transition et aidant les collaborateurs à y faire face délicatement sans les brusquer.»
Hanane Anguer, responsable Pôle recrutement au Groupe Solano-Chrono Interim filiale Maroc
«La reprise du travail est une période difficile à gérer. Les responsables des ressources humaines, mais aussi les managers des équipes doivent mettre en place les conditions nécessaires en vue de faciliter la réintégration des collaborateurs. Au-delà de ce constat, la reprise du travail constitue aussi une période cruciale pour mettre en place de nouvelles stratégies de management et décider des priorités pour l’année à venir. Je pense que les responsables des ressources humaines et les managers d’équipes doivent désormais se focaliser sur deux points essentiels : D’abord, la qualité de vie au travail. Un élément important vu le contexte actuel dans lequel opèrent les entreprises et qui se caractérise, entre autres, par de grands changements. Ces professionnels doivent ainsi penser à des solutions innovantes en vue de rendre le climat du travail sain et agréable. Ceci permettrait aussi de renforcer l’engagement et la motivation des collaborateurs et de gagner en conséquence leur implication et leur adhésion aux différents projets stratégiques de l’entreprise. Dans ce sens, on peut envisager de lancer une étude statistique auprès des collaborateurs afin d’identifier les causes de perte de la qualité de vie au travail et d’identifier les actions à mettre en place. Le deuxième point important sur lequel on devrait se focaliser serait à mon avis d’organiser des formations surtout pour les managers des équipes. Cela va les aider à découvrir les nouvelles techniques du management et les sensibiliser à leur impact sur le processus de la qualité de vie au travail. L’idée est que ces managers soient suffisamment outillés pour motiver et fidéliser les équipes.»
Mohamed Anis, DRH d’une multinationale
«Si les vacances ont la particularité d’être une phase de mise au point sur les activités, les perspectives de carrières, les ambitions et les motivations des managers et des RH, la reprise doit être l’occasion d’installer une dynamique positive en vue de faire évoluer l’environnement du travail, car il n’est pas facile de se remobiliser, ni encore moins de mobiliser ses équipes dont les réflexes et les réactions nécessitent un temps de réadaptation. Pour les managers, la reprise est une formidable occasion pour s’organiser et fixer des objectifs, pour résoudre les problèmes récurrents d’organisation qui alourdissent la vie quotidienne, pour s’imposer une discipline et, particulièrement, pour fédérer les équipes autour de la vision partagée de l’entreprise et la leur rappeler surtout. Pour la mise en place d’une nouvelle organisation valable aussi bien à l’échelle individuelle que collective, les managers doivent profiter de la reprise pour faire le point avec leurs équipes et leurs collègues. Cette formalisation permettra de mettre à plat tous les points potentiellement problématiques, puis d’instaurer des processus d’amélioration, car la rentrée ne doit pas nécessairement rimer avec continuité, voire immobilité. En effet, il s’agit d’une belle opportunité pour relancer, voire corriger certains aspects de travail et de mobiliser les collaborateurs vers les nouvelles orientations si c’est le cas. Et pour finir, il faut profiter de la reprise pour éveiller l’esprit créatif des équipes, car dans toute “organisation” il y a toujours des gisements qui n’ont pas encore été explorés. Brainstorming collectif, boîte à idées, récompense du meilleur projet du mois… sont autant de mesures à prendre pour enclencher de nouveaux projets, surfer sur la fraîcheur après la trêve et donner un nouvel élan à la motivation qu’il faut incessamment entretenir.»
